Le pays des kangourous sautera-t-il le pas à son tour en reconnaissant Jérusalem comme capitale d’Israël. Entre intérêts locaux et enjeux internationaux, la réponse est en suspens.
Après le Guatemala (et temporairement le Paragay), l’Australie a déclaré être prête à emboîter le pas aux Etats-Unis de reconnaître Jérusalem comme capitale de l’Etat hébreu. Le 6 décembre 2017, Donald Trump l’avait fait et l’ambassade américaine en Israël avait été transférée de Tel Aviv à la ville sainte en mai dernier.
D’après un communiqué, daté du 15 octobre, en provenance du service de presse du chef du gouvernement israélien, Benjamin Netanyahu s’est entretenu par téléphone avec son homologue australien, Scott Morrison, qui a déclaré qu’il envisageait de reconnaître officiellement Jérusalem comme capitale d’Israël et de déplacer l’ambassade d’Australie à Jérusalem. Ce qui a été confirmé le lendemain lors d’une conférence de presse que chef du gouvernement australien a convoquée.
Le communiqué israélien précise en outre que « le Premier ministre Netanyahou l’a remercié pour ses remarques ».
L’Australie envisagerait donc d’être le troisième pays à déplacer son corps diplomatique à Jérusalem. Une déclaration qui tranche avec la position historique tenue par Canberra depuis 70 ans. La délégation de l’Autorité palestinienne en Australie a dénoncé cette annonce, rapporte The Guardian, qu’elle a jugée de « profondément dérangeante » Jérusalem est en effet revendiquée à la fois par les Israéliens et les Palestiniens. Depuis la guerre des Six jours de 1967, Israël occupe Jérusalem-Est, mais cette présence n’est pas reconnue par les Nations unies.
Comment comprendre la déclaration australienne ? D’une part, le tout nouveau Premier ministre australien (en fonction depuis le 24 août 2018) a décidé de réviser l’adhésion de son pays à l’accord sur le nucléaire iranien signé en 2015, rappelle le quotidien italien La Stampa, un geste qui rapprocherait l’Australie au système d’alliance promu par l’actuelle administration américaine et la droite israélienne. D’autre part, il pourrait s’agir d’un calcul politique local. De fait, cette déclaration intervient à quelques jours d’un scrutin législatif partiel dans une circonscription à forte population juive (12%). Comme l’explique The Australian, un ancien ambassadeur d’Australie en Israël est le candidat soutenu par le Premier ministre conservateur mais accuserait un retard dans les intentions de vote. Ce rendez-vous aux urnes est particulièrement dangereux pour le gouvernement du Premier ministre australien qui risque de perdre sa courte majorité. Ce qui fait dire au Sidney Morning Herald que « trahir l’intérêt national pour aller à la chasse à quelques votes est irresponsable. »
De l’eau dans le vin
Mais, le 16 octobre, après sa conférence de presse lors de laquelle il se disait « ouvert » à des propositions de reconnaissance formelle de Jérusalem comme capitale de l’Etat d’Israël et de transfert de l’ambassade d’Australie de Tel-Aviv dans cette ville, Scott Morrison semble avoir mis de l’eau dans son vin devant les parlementaires australiens. Il a en effet expliqué, rapporte l’AFP, qu’il « sonderait les vues » des dirigeants de la région sur cette perspective, « avant que le gouvernement ne se fasse une opinion particulière sur cette question ». Avant d’ajouter : « nous allons continuer à travailler étroitement en coopération avec nos alliés et partenaires à travers le monde sur cette question », a ajouté le premier ministre devant le Parlement.
L’Indonésie, son grand voisin musulman aurait par ailleurs menacé de ne pas faire aboutir un accord commercial bilatéral. Ce qui n’a pas été confirmé par les ministères indonésiens concernés.