Dans un communiqué du 17 octobre 2018, l’Assemblée des Ordinaires catholiques de Terre Sainte a condamné la profanation du monastère salésien de Beit Gemal, dans le centre d’Israël. Appelant l’Etat hébreu à agir.
Stèles renversées, croix brisées, les images parlent d’elles-mêmes. Le cimetière du monastère salésien de Beit Gemal, près de Beit Shemesh, à 30 km à l’ouest de Jérusalem a été une nouvelle fois vandalisé.
Le cimetière est situé à environ 500 mètres du monastère des Salésiens. Le crime concerne une trentaine de tombes d’après le quotidien Haaretz. « Apparemment », les faits auraient eu lieu dans la nuit du 16 au 17 octobre indique un communiqué de l’Assemblée des Ordinaires catholiques de Terre Sainte qui a réagi au lendemain des faits. Ce sont les moines responsables de l’entretien du cimetière et qui s’y rendent plusieurs fois par mois qui ont fait la triste découverte.
« C’est avec regret et colère qu’il nous incombede condamner de tels actes criminels, qui se sont répétés à maintes reprises ces dernières années », déplorent les membres de l’AOCTS, qui réunit tous les évêques et vicaires épiscopaux catholiques de rites latin et orientaux en Terre Sainte.
De fait, à la mi-décembre 2015, le même cimetière avait déjà été profané. Des douzaines de croix (en bois et bêton) avaient été retournées et détruites. L’an dernier, en septembre, c’est l’église Saint Etienne du monastère salésien qui avait touchée. Les vandales avaient alors fracassé une statue de la Vierge Marie, endommagé des meubles et brisé un certain nombre de vitraux. Des calices, ciboires et nappes d’autel avaient été retrouvées sur le sol.
Dans ces deux derniers cas, pour ne citer qu’eux, « les systèmes de sécurité n’ont réussi à traduire personne en justice pour ces actes », déplorent l’AOCTS. Etant donné que l’identité des vandales de la nuit dernière n’est pas connue et qu’il n’y a encore eu aucune revendication, les Ordinaires de Terre Sainte – dubitatifs – se demandent « si l’incident d’aujourd’hui rencontrera le même sort ! »
Et les représentants des Eglises catholiques de Terre Sainte d’avouer qu’ils ne voient « presque aucun traitement par les autorités de l’Etat en matière de sécurité et / ou d’éducation face à ce phénomène dangereux, en particulier lorsque les hauts fonctionnaires dans le pays, prétendent que les chrétiens s’en sortent très bien ! » Une pique à peine voilée aux dernières déclarations de Benjamin Netanyahou concernant la situation des chrétiens en Israël, le week-end dernier lors du deuxième sommet annuel des médias chrétiens, réunissant à Jérusalem environ 150 journalistes de l’étranger essentiellement évangéliques.
En Israël, « nous ne protégeons pas seulement les sites chrétiens – nous protégeons aussi les chrétiens », a déclaré le Premier ministre israélien le 14 octobre dernier. « Israël est le seul pays à protéger les droits de l’Homme pour tous. Nous protégeons les droits religieux de tous », a-t-il aussi avancé.
Sous ce prisme, les Ordinaires catholiques de Terre Sainte appellent donc ouvertement l’Etat hébreu et « tous ses organes compétents » à « s’employer à punir les assaillants et à éduquer la population à ne pas commettre de telles infractions ». Priant pour que les habitants de la Terre Sainte apprennent « à coexister les uns avec les autres dans l’amour et le respect mutuel, quelles que soient leurs différences. » La police israélienne dans un communiqué repris par Haaretz, a déclaréque l’affaire faisait l’objet d’une enquête pour « atteindre les personnes concernées ».
Des antécédents non isolés
A Beit Gemal, le monastère des salésiens ainsi que le couvent des sœurs de la Famille monastique de Bethléem sont régulièrement la cible d’exactions commises par des juifs extrémistes issus de cette ville israélienne.
Déjà, le 27 septembre 1981, plus de 30 croix du cimetière, à l’époque en bois, avaient été brûlées et détruites par des assaillants inconnus. Il y a huit ans une bombe avait été posée sous un tracteur.
En 2013, des cocktails Molotov avaient été lancées sur l’édifice religieux et des slogans avaient été peint au spray comme « prix à payer », « mort aux non-Juifs » et « vengeance » dans les couloirs du monastère.
Il y a deux ans, les murs de l’édifice habité par les sœurs avaient été défigurés par des graffitis blasphématoires en hébreu. En mars 2014, un acte de vandalisme avait aussi visé le monastère de Deir Rafat, où se trouve le sanctuaire de Notre-Dame de Palestine, situé là encore près de Beit Shemesh.