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Unique: Jérusalem gravée dans la pierre il y a 2000 ans

Christophe Lafontaine
10 octobre 2018
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Les archéologues israéliens ont dévoilé le 9 octobre le nom de Jérusalem gravé sur une colonne de pierre du temps d’Hérode. C’est la plus vieille inscription en pierre citant la ville entièrement, en lettres hébraïques.


Rare et émouvante découverte. Une inscription en langue araméenne et en lettres hébraïques nommant Jérusalem a été retrouvée sur une colonne datant de la période du Second Temple, sous le règne de Hérode le Grand.

Ce qui retient l’intérêt des archéologues, c’est avant tout que le nom de la ville il y a 2000 ans était écrit, et épelé par les juifs de l’époque comme il l’est aujourd’hui par les juifs actuels, c’est-à-dire, en toutes lettres : Yeroushalaïm.

L’Autorité des antiquités israéliennes (AAI) et le Musée d’Israël qui a aujourd’hui en charge l’exposition de la pièce archéologique, ont annoncé lors d’une conférence de presse, le 9 octobre 2018, que la découverte avait été réalisée l’hiver dernier, près de Binyenei Hauma, le centre de conventions internationales de Jérusalem, non loin de la gare des bus.

Encore une fois, c’est à la faveur de travaux de voirie que Danit Levy, archéologue de l’AAI a pu excaver les fondations d’un bâtiment datant de l’occupation romaine, reposant sur des colonnes de calcaire, qui se trouvait dans un village de potiers juifs près de l’entrée de Jérusalem. C’est sur le fût de l’une d’entre elles que l’inscription mentionnant la ville sainte a été retrouvée.

La séquence de trois lignes, burinée sur la colonne de 81 cm de hauteur et de de 47,5 cm de diamètre, se présente comme suit « Hanania, fils de Dodalos de Jérusalem ».

Première inscription dans la pierre du nom entier de « Jérusalem »

« C’est la seule inscription en pierre de la période du Second Temple connue où l’orthographe complète (ndlr : de Jérusalem) apparaît. Cette orthographe n’est connue que dans un autre cas, sur une pièce de monnaie de l’époque de la Grande Révolte contre les Romains (66-70 ap. J.-C.) », ont rapporté Yuval Baruch de l’Autorité des antiquités israéliennes, et le professeur Roni Reich, de l’Université de Haïfa. Les deux chercheurs cités dans le communiqué de presse de l’AAI ayant lu et étudié la gravure soutiennent que « les inscriptions mentionnant Jérusalem à l’époque du Premier et du Second Temples sont assez rares. Mais plus unique encore est l’orthographe complète du nom tel que nous le connaissons aujourd’hui, qui apparaît généralement dans la version abrégée. »

La rareté du nom dans l’orthographe complète est également évidente dans la Bible. Pour mémoire, si le nom de la ville apparaît 660 fois dans l’Ancien Testament, l’orthographe complète de Yeroushalaïm est attestée dans la Bible seulement à cinq reprises dans les Livres de Jérémie (26, 18), Esther (2, 6), et trois fois dans le deuxième livre des Chroniques.

« Nous avons à présent l’assurance que durant la période du Second Temple, certaines personnes dans le secteur de Jérusalem utilisaient le même nom que nous aujourd’hui, Yeroushalaïm, quand elles prononçaient, lisaient ou épelaient le nom de la ville. Nous nous rendons compte que le nom a une racine très profonde, ce n’est pas une création moderne, il n’a pas été forgé par la diaspora », a affirmé Yuval Baruch, cité par l’AFP.

Les détails de l’identité de Hanania et des raisons pour lesquelles il a gravé son nom et celui de Jérusalem sur la colonne n’ont pas encore été élucidés. Ce que les archéologues peuvent toutefois avancer, c’est qu’il était juif et était soit un artisan-potier, soit un artiste. Puisque la colonne de pierre a été retrouvée au milieu d’un village de potiers juifs remontant au IIe siècle avant J.-C.

D’après Danit Levy de l’AAI, les fouilles archéologiques se trouvent sur « le plus grand site de production de poteries anciennes dans la région de Jérusalem et dans la dernière partie de la période du Second Temple, en particulier pendant le règne d’Hérode, la production était axée sur la fabrication de récipients de cuisson. » Ont d’ailleurs été retrouvés sur le site des fours, des bassins pour la préparation de l’argile, des citernes d’eau en plâtre, des bains rituels et des espaces de travail pour le séchage et le stockage des poteries. Les pots étaient vendus en grande quantité à la population de Jérusalem et de ses environs, ainsi qu’à ceux qui arrivaient en pèlerinage. Le Temple ne se situant qu’à 2,5 kilomètres.

Selon Dudy Mevorach, conservateur en chef de l’archéologie au musée d’Israël, Hanania n’avait sans doute pas comme père « Dodalos ». Il faut y voir plutôt un hommage au sculpteur et architecte Dédale, figure emblématique de la mythologie grecque. Preuve encore que les Juifs de cette époque furent largement influencés par la culture grecque depuis les conquêtes d’Alexandre le Grand. Pour autant, rien n’indique l’utilité initiale de la colonne de pierre puisqu’elle a été réemployée le long d’un bassin. 

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