L’importance de la Collecte du Vendredi saint pour la Custodie : interview de l’économe
Vendredi saint 14 avril, les paroisses sont appelées à réserver le montant de la quête à la “Collecte pour la Terre Sainte”.
Cette levée de fonds est née de la nécessité de trouver des aides matérielles pour la Terre Sainte et de la volonté des papes de garder un lien fort entre les chrétiens du monde entier et ceux de la terre de Jésus.
Pour comprendre ce dont il s’agit, TSM a rencontré fr. Ramzi Sidawi, économe de la Custodie.
Quel est le rapport de la Custodie avec la collecte pour la Terre Sainte ?
La collecte du Vendredi saint est essentielle pour la vie de la Custodie. Elle recouvre environ 75 % de notre budget annuel.
Comment cet argent arrive-t-il ?
Normalement l’argent arrive par le biais des Commissaires de Terre Sainte qui nous l’envoient directement. Il arrive que des évêques envoient l’argent aux nonciatures qui l’acheminent au Saint-Siège. Quoi qu’il en soit, c’est la Congrégation pour les Églises Orientales qui gère le montant total de la Collecte et qui le répartit. Le plus grand pourcentage va à la Custodie, car en plus de ses œuvres, elle anime la majorité des sanctuaires. Le reste est donné aux autres Églises catholiques de Terre Sainte qui elles aussi en ont besoin.
Comment les fonds de la Collecte du Vendredi saint sont-ils utilisés ?
La majeure partie est destinée aux œuvres pastorales et sociales de la Custodie : nous avons plusieurs paroisses et écoles ainsi que des œuvres sociales à Bethléem, Jérusalem, Nazareth. Une autre partie sert à la gestion, soit ordinaire soit extraordinaire, des sanctuaires qui nous sont confiés, comme à la vie des couvents et des quelque 300 frères de la province.
Comment l’argent est-il partagé entre ces différentes œuvres ?
Pour la gestion ordinaire, il y a un budget fixe alloué à chaque maison, chaque organisme, chaque administration. Si ceux-ci disposent d’autres rentrées, ils utilisent l’argent qui leur est donné de l’extérieur, autrement la Custodie de Terre Sainte envoie une somme mensuelle fixe. Mais il faut, quand même, présenter des comptes mensuels et annuels.
Vous êtes en poste à l’économat depuis cet automne, qu’avez-vous découvert ?
Je suis ici depuis quatre mois et il y a beaucoup à apprendre. Le travail à faire est énorme car la Custodie est un domaine immense et varié. En effet, elle est présente dans plusieurs pays avec différentes réalités et d’innombrables problématiques, comme des questions de propriété, d’argent, de gestion du personnel. Avec l’aide du Père Stéphane Milovitch (un Français), vice-économe, nous allons travailler sur les ressources humaines, pour agir de façon plus appropriée à l’administration de la PME que nous sommes.
Le soin des propriétés est aussi une tâche importante. Aujourd’hui, si l’on possède une propriété, on ne peut la négliger d’aucune façon, car la négliger signifie, sous différents angles de vue, finir par la perdre.
Il y a ensuite la question des maisons que la Custodie propose à la location aux chrétiens. Il s’agit d’une question difficile et douloureuse, surtout à Jérusalem. La Custodie, depuis longtemps, construit des maisons qu’elle loue aux familles chrétiennes à un prix inférieur à celui du marché. C’est un moyen de leur offrir une maison sûre et de les aider à rester dans ce pays. Mais nous n’arrivons pas à contenter tout le monde, ni à honorer toutes les demandes. Dès qu’une maison se libère, l’information se répand et des dizaines de requêtes nous parviennent, mais nous ne pouvons satisfaire qu’une seule famille à chaque fois.
Si vous deviez motiver à donner de l’argent pour la Collecte du Vendredi saint, que diriez-vous ?
Il y a 800 ans cette année que la province a été fondée. À l’époque dans un esprit de croisade pacifique, il s’agissait de garder et de prendre soin des sanctuaires de notre Rédemption. Ce fut l’intention de François d’Assise dès le premier jour : vivre et entretenir l’ensemble des Lieux Saints, où Jésus et sa mère, Marie, ont vécu. Ils sont devenus pour nous aujourd’hui le cinquième évangile. Et nous poursuivons cette mission. Mais les frères qui nous ont précédés ont découvert sur place des peuples à servir. Pour eux ils ont ouvert des écoles, des dispensaires, etc., et cela reste important pour nous de nous mettre au service des chrétiens de cette terre. Cette aide est fondée sur le principe de la solidarité : le chrétien est solidaire, il ne garde pas les biens pour lui-même, mais il les partage avec ses frères. Le chrétien est invité à donner et la Bible nous enseigne qu’il y a plus de joie à donner qu’à recevoir.
Les bilans ou la manière dont cet argent est effectivement dépensé sont-ils portés à la connaissance de tous ?
L’Église est souvent accusée de ne pas rendre publics ses comptes, mais cela n’est pas exact. Si un donateur veut savoir ce qu’il a été fait de son offrande, il l’obtient. C’est un principe qui n’est jamais remis en cause. Les donateurs peuvent être des particuliers ou des organismes ; et l’Église attribue l’argent qu’elle reçoit selon la modalité indiquée par le donateur. La Custodie, en outre, rend compte de la Collecte du Vendredi saint à la Congrégation des Églises Orientales.
Pour la France, comme pour le Canada et la Suisse, nos services sont en lien étroit avec les commissaires de Terre Sainte de ces pays pour rendre compte de la façon dont nous allouons les sommes qu’ils ont collectées pour nous. De leur côté, ils en réfèrent à leurs conférences épiscopales. Tout est clair.t
Dernière mise à jour: 11/01/2024 14:16