La Chancelière allemande est restée 24h en Terre Sainte où elle a évoqué « la responsabilité perpétuelle » de son pays face à l’antisémitisme. La question palestinienne et l’Iran ont aussi été abordées lors de sa visite.
Ce n’est pas la première fois qu’Angela Merkel se rendait à Yad Vashem, le mémorial bâti en souvenir des victimes de la Shoah à Jérusalem. Jeudi 4 octobre, elle y a solennellement déposé une gerbe dans le Hall du souvenir dans lequel sont inscrits les noms des camps d’extermination nazis.
Dans le livre d’honneur du mémorial, la Chancelière allemande a signé un mot rappelant que de la période de la Shoah, « découle la responsabilité perpétuelle de l’Allemagne d’entretenir la mémoire de ce crime et de s’opposer à l’antisémitisme, à la xénophobie, à la haine et à la violence. »
Le chef du gouvernement allemand en est d’autant plus consciente que l’Allemagne connaît une recrudescence de violences liées à l’extrême droite, notamment depuis la décision prise en 2015 par la Chancelière allemande d’ouvrir les frontières du pays à plus d’un million de demandeurs d’asile.
Ce moment de recueillement à Yad Vashem anticipait de quelques semaines le funeste 80ème anniversaire de la Reichskristallnacht (Nuit de cristal) annonciatrice « des crimes sans égal et de la rupture de civilisation de la Shoah ». Ce pogrom de grande ampleur contre les juifs se déroula sur tout le territoire allemand dans la nuit du 9 novembre 1938 au 10 novembre 1938 et dans la journée qui suivit. Plus de 250 synagogues furent incendiés. Et environ 7500 commerces juifs saccagés. Une centaine de Juifs ont été assassinés durant la nuit, et 25 000 d’entre eux ont été envoyés en camp de concentration.
Une visite sur fond de divergences
Au cours de sa visite éclair en Israël, Angela Merkel s’est vu décerner le titre de ‘Doctor Honoris Causa’ de la part de l’Université de Haïfa. Le diplôme, qui lui a été remis « récompense sa contribution sans faille à renforcer l’amitié entre les deux pays », a indiqué l’Université de Haïfa.
Cette occasion prouve la volonté de maintenir la « relation spéciale » qui, selon la formule allemande consacrée, lie Israël et l’Allemagne. La Bundesrepublik passant pour le principal allié d’Israël parmi les grandes puissances européennes.
Au cours d’une conférence de presse conjointe entre la Chancelière fédérale d’Allemagne et le Premier ministre israélien à Jérusalem-Ouest, le 4 octobre, le leader conservateur israélien a voulu énumérer les nombreux domaines dans lesquels les deux pays collaborent, notamment le secteur de la technologie automobile, l’agriculture, le high-tech, l’éducation, etc. Il a aussi souligné l’esprit d’innovation qui caractérise les deux pays.
Mais nonobstant ces convergences, la conférence n’a pas occulté les divergences. En ce qui concerne la cause palestinienne, Angela Merkel a défendu la solution dite « à deux Etats » (c’est-à-dire la création d’un Etat palestinien qui coexisterait avec Israël) qu’elle trouve « la plus sensée ». Sans exclure la possibilité « de nombreuses autres solutions ». La Chancelière allemande s’est parallèlement dite préoccupée de la politique israélienne de colonisation dans les territoires palestiniens occupés, en faisant référence à l’actualité et le projet de démolition par les autorités israéliennes du village bédouin de Khan al-Ahmar, en Cisjordanie occupée. Preuve de la sensibilité de ce dernier sujet, mercredi matin avant l’arrivée de la Chancelière allemande, la radio militaire israélienne – a fait savoir la chaîne de télévision israélienne i24News – avait annoncé qu’Angela Merkel avait menacé d’annuler sa visite officielle en Israël si le village était évacué avant qu’elle ne prenne l’avion. Réponse de l’intéressée : « C’est totalement faux ».
Israël avait demandé dimanche aux habitants du village de démolir eux-mêmes « toutes les structures du site » d’ici le 1er octobre. Plusieurs pays, dont l’Allemagne, ont appelé à épargner cette localité, devenue le symbole de l’opposition de communautés confrontées à l’occupation et à la colonisation israélienne en Cisjordanie. Le sort du village semble – pour la circonstance – avoir été mis en suspens.
La question de l’Iran s’est aussi invitée au cœur de la rencontre entre les deux pays. Il convient de rappeler qu’elle est intervenue une semaine après que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a accusé les Européens de complaisance envers l’Iran pour leurs efforts à sauver l’accord nucléaire avec la République islamique conclu en 2015. Accord qui offre une levée de sanctions en échange d’un arrêt du programme nucléaire de l’Iran. Benjamin Netanyahu l’a dénoncé depuis le début – Israël considère l’Iran comme la principale menace pour sa sécurité – et s’est réjoui de la décision de l’administration Trump de s’en retirer.
Si la Chancelière allemande et le Premier ministre israélien ont affirmé leur objectif commun d’empêcher l’Iran d’acquérir la bombe atomique, Angela Merkel a cependant défendu l’accord même si elle estime qu’il n’est pas parfait.
Israël craint de retrouver la république islamique à ses frontières notamment via son engagement militaire en Syrie. Ce qu’Angela Merkel a confirmé reconnaissant que la présence militaire iranienne en Syrie et au Liban représentait une menace pour Israël. Affirmant la nécessité de ramener cette influence « le plus près possible de zéro ». « Il n’est absolument pas question que la présence des forces iraniennes à proximité du plateau du Golan soit une menace pour Israël », a-t-elle déclaré indique le Times of Israel.