Actualité et archéologie du Moyen-Orient et du monde de la Bible

Un cimetière romain, futur site touristique palestinien ?

Christophe Lafontaine
23 août 2018
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32 sépultures creusées dans la pierre datant du Ier  siècle après J.-C. ont été retrouvées à Idna près d’Hébron, en Cisjordanie. Des responsables palestiniens espèrent faire du site romain une attraction touristique.


C’est Taleb Jubran, directeur du département du Tourisme et des antiquités d’Hébron, qui en a fait l’annonce le 16 août 2018, a rapporté l’AFP. Il y a environ deux semaines à Idna, une ville du sud de la Cisjordanie occupée, à 13 kilomètres à l’ouest d’Hébron et juste à l’est de la Ligne verte (frontière de 1967), a été découvert un complexe funéraire datant du Ier siècle après J.-C. La région était alors sous domination romaine. 32 tombes creusées dans la pierre ont été mises à jour ainsi que des os et différentes poteries. Le tout s’étalant sur une cinquantaine de mètres.

Taleb Jubran a raconté que la découverte est due au hasard puisqu’elle aurait été faite lors de travaux routiers engagés dans le gouvernorat d’Hébron.

Cependant, selon Taleb Jubran, il est clair pour les archéologues que des objets vieux de 2 000 ans ont été volés sur le site avant sa découverte officielle.

Quoi qu’il en soit, pour le directeur du département du Tourisme et des antiquités d’Hébron « il est très important pour [lui et son équipe] d’étudier cette découverte et de la conserver. » Et Taleb Jubran d’ajouter auprès de l’AFP que des responsables palestiniens espèrent faire du site une attraction touristique. Ce qui ne devrait pas empêcher selon lui de poursuivre « les études » nécessaires pour « fournir des détails sur cette découverte et sur son importance. »

L’archéologie funéraire a cette caractéristique de s’attacher au monde des morts pour apporter avec précision des renseignements sur le monde des vivants à une époque donnée. Notamment en étudiant les espaces mortuaires (leur localisation, leur organisation), l’architecture des tombes, leur décoration, les objets qu’on y retrouve, les ossements (et leur positionnement) mais aussi les traditions funéraires qui les enveloppent. Tout cela permet aussi de comprendre la biologie des corps (l’identité des morts quelque fois, leur sexe, leur âge, leurs pathologies, parfois même leur régime alimentaire). Les études funéraires nous en apprennent beaucoup sur la vie d’un individu et souvent sur l’évolution de toute une société, avec ses us et coutumes.

Un passé romain à étudier et à mettre en valeur

Jusqu’à présent les historiens ont acté que le site d’Idna était habité depuis l’époque cananéenne (l’âge du Bronze), comme en témoignent les vestiges antiques trouvés dans la ville. La cité est identifiée avec la ville biblique de Danna (qui signifie en hébreu ‘jugement’), mentionnée dans le livre de Josué (15:49) comme une ville de la contrée montagneuse de Juda. Hébreux, Byzantins et Arabes ont réussi à prendre le contrôle de la ville et des pièces de monnaie, des statues, des tombeaux et des poteries datant de ces diverses emprises ont été retrouvés dans la ville. La récente découverte du cimetière du premier siècle permettra d’en savoir plus du passé romain peu connu du site d’Idna.

Ce que l’on sait de la zone géographique autour d’Idna à cette époque, c’est que pendant la Première guerre judéo-romaine (la Grande Révolte des juifs de la province de Judée contre l’Empire romain) qui s’est déroulée entre – 66 ap. J.-C. et 73 ap. J.-C, l’importante ville voisine d’Hébron fut conquise par le juif Simon bar Giora, chef des Sicaires. Avant d’être détruite par les Romains. Puis, dès l’an 150, les Romains expulsèrent et exilèrent les derniers Juifs qui y vivaient.

A noter que cette découverte est loin d’être isolée. On retrouve en Terre Sainte, un grand nombre de vestiges de l’époque romaine. En janvier dernier, des inondations au nord-ouest de la bande de Gaza à Beit Hanoun, ont conduit à la découverte d’un autre complexe – a priori familial ou partagé entre plusieurs familles – de neuf tombes de l’époque romaine, dont certaines étaient encore remplies d’os. Des morceaux de poteries en argile dont un sceau et des lampes votives avaient été également retrouvées. Il y a 2 000 ans, lorsque le territoire faisait partie du vaste Empire romain, Gaza était alors un port très prospère. Toutefois, des fouilles archéologiques approfondies seront nécessaires pour déterminer l’exacte vocation du site et l’origine des habitants enterrés dans ce cimetière.

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