Hommage aux sacristains de la Custodie
Quand je rencontre des groupes de pèlerins, il arrive que l’on me fasse des remarques aigres douces sur l’accueil reçu dans les sanctuaires par les franciscains. En d’autres termes, on me signifie cordialement qu’on aurait pu se sentir mieux accueilli dans les lieux saints. Voire qu’on s’est senti rudement reçu par un sacristain acariâtre, indisposé, mal poli, mal luné, mal embouché… j’en passe et des meilleures.
J’ai bien l’honneur d’annoncer qu’après 12 ans passés à fréquenter régulièrement voire assidûment les sanctuaires, je suis prête à m’agenouiller devant la quasi totalité de nos sacristains. Puisqu’on me fait la grâce de me prêter la réputation de parler vrai, vous imaginez bien que je viens de mesurer précisément la signification de la phrase que je viens d’écrire.
Parce que chers amis pèlerins et touristes qui passez quelques heures, quand ce n’est que quelques minutes dans un sanctuaire, vous n’imaginez pas ce dont les sacristains sont témoins, ce qu’ils doivent endurer au quotidien et durant de looooongues journées de service. Si les Canadiens, les Belges, les Français et les Suisses se révèlent le plus souvent sobres dans la démonstration de leur foi, il n’en est pas de même pour tous les croyants. Certains pèlerins ont la piété ravageuse qui arrachent des rameaux des oliviers de Gethsemani, ou qui passent au-dessus des barrières pour rapporter un gravillon de la maison de Pierre à Capharnaüm. Je vous laisse à penser ce qu’il adviendrait de ladite maison si les deux millions de pèlerins annuels faisaient de même.
D’aucuns ont la piété décomplexée. Je vous invite à regarder la photo de ce saint prêtre en col romain, béatement allongé sur la pierre de l’onction. Probablement en avait-il besoin. Enfin c’est quand même un exemple tout à fait moyen de comportement dans un lieu saint. Des témoins m’ont rapporté une fois que passant la nuit au Sépulcre, un pèlerin avait monopolisé le tombeau du Christ en s’allongeant à l’emplacement du lit funéraire. Vous auriez aimé ?
À ceux qui trouvent les sacristains, franciscains ou pas d’ailleurs, assez mal aimables, je propose d’imaginer leur réaction si dans leur église paroissiale, ils trouvaient quelqu’un allongé sur le maître-auTell Dans le désir de mieux s’unir au sacrifice du Christ, ou si l’on volait les fleurs de l’église au motif qu’elles ont été sanctifiées par la Présence réelle.
Vous apprécieriez-vous ces prêtres qui partent avec les ornements mis à disposition “en souvenir de cette messe mémorable” ?… Être sacristain dans un lieu saint, en Terre Sainte comme ailleurs, est loin d’être une sinécure. Plutôt que de leur jeter la pierre, si l’on priait pour qu’ils trouvent la force de rester là où le Seigneur leur a fait la drôle de blague de les mettre ? “Seigneur Jésus, apprenez-nous, à donner sans compter, à combattre sans souci des blessures, à travailler sans chercher le repos…” ♦