Le terme diaspora est emblématique dans la vie des juifs depuis le VIe siècle av. J.-C., au moment où Nabuchodonosor conquit le Royaume de Juda et détruisit le temple de Jérusalem. Trois noyaux distincts se formèrent alors dans la population juive : à Babylone, en Égypte et en Judée même.
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A travers les profondes transformations qu’a connues la population juive au cours des siècles – pour ne citer que la Shoah au XXe siècle, la naissance de l’État d’Israël et la fin de l’empire soviétique – sa répartition dans le monde a profondément changé. Aujourd’hui la plupart des juifs vit en Israël et aux États-Unis. “Il y a une forte polarisation, dont Israël et les États-Unis sont les catalyseurs – a expliqué en mai dernier à Milan, Sergio Della Pergola, statisticien d’origine italienne et professeur à l’Université hébraïque de Jérusalem, le plus grand expert en démographie juive. La présence juive dans les pays à majorité musulmane et les pays appartenant autrefois au monde soviétique a quasiment disparu”.
Comme le confirme le Rapport sur la population juive dans le monde en 2018, peuple juif et Israël ne coïncident pas, ni à l’intérieur ni à l’extérieur des frontières de l’État : il y a 6,7 millions de juifs en Israël sur 9,1 millions d’habitants (cf. Terre Sainte Magazine 3/2019, p. 46) et 8 millions de juifs vivent hors de l’État d’Israël. Selon les statistiques les plus fiables, il y a dans le monde entier 14,7 millions de juifs (0,19 % des 7,5 milliards d’êtres humains). La population juive dans le monde augmente à un rythme plus lent que celui de la population mondiale, mais elle grandit. L’augmentation a été de 0,68 % en 2018 par rapport à 2017 (+98 400 personnes). Les années précédentes aussi, la croissance était d’environ 0,7 %.
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Il n’est pas aisé, à des fins statistiques, de définir qui est juif et qui ne l’est pas (cf. graphique à droite). Dans ses études, le professeur Della Pergola utilise les termes “juif de base”, pour les quelque 14,6 millions de juifs de début 2018. L’expression inclut : ceux qui se disent juifs par religion et ceux qui se disent juifs même s’ils ne le sont pas sur une base religieuse, sans pour autant s’identifier à une autre religion. La définition donnée par la Loi du retour, cette loi israélienne permettant aux juifs de la diaspora de se déplacer et d’obtenir la citoyenneté israélienne, est plus souple. Par conséquent, selon cette loi, 23,6 millions de personnes (dont 16,5 millions hors d’Israël) peuvent bénéficier de la citoyenneté israélienne.
Le nombre de juifs augmente en Israël et, plus modérément aux États-Unis. Selon une étude de l’Institut Steinhardt de Waltham (Massachusetts, USA), rapportée par le Times of Israel en octobre, le nombre de juifs aux États-Unis s’élève à 7,5 millions, soit 2 % de la population, en augmentation de 10 % sur les 7 dernières années. Ils sont plus âgés et politiquement plus progressistes que la population moyenne. Un juif américain sur quatre a plus de 65 ans (contre un sur cinq pour l’ensemble des citoyens américains). Ceux qui se disent libéraux sont deux fois plus nombreux que ceux qui se disent conservateurs. Ils se concentrent principalement dans les grandes villes : Los Angeles, Miami et Boston, mais surtout New York (Brooklyn et Manhattan). Un dixième des juifs aux États-Unis ne sont pas blancs, mais noirs, hispaniques ou autres.
Les tendances démographiques sont différentes en Europe, où le nombre de juifs a diminué au cours des 30 dernières années dans tous les pays sauf en Allemagne (cependant leur nombre a diminué ces dernières années en République fédérale).
Les mariages mixtes concernent 27 % des juifs en Europe, 44 % aux États-Unis et seulement 2 % en Israël. Un chiffre positif concerne le degré de religiosité, qui augmente parmi les jeunes dans presque tous les pays étudiés, en particulier dans la tranche d’âge des 18-21 ans.
Un point étonnant pour conclure : le village de Quba, dans le Caucase au nord de l’Azerbaïdjan (pays turcophone à majorité musulmane chiite) est entièrement habité par des juifs de la montagne (juhuro), près de 4 000 personnes parlant un dialecte persan. Un véritable shtetl (village juif en yiddish -ndlr), le dernier vestige d’un univers juif répandu dans
l’Empire russe et aujourd’hui disparu.
Dernière mise à jour: 01/03/2024 15:32