De quoi ont parlé le Premier ministre israélien et le roi de Jordanie à Amman le 18 juin 2018 ? Du conflit israélo-palestinien, de Jérusalem, de la protection des lieux saints, chrétiens et musulmans. Détails.
Première rencontre officielle depuis 2014, Benjamin Netanyahu et Abdallah II ont acté lundi dernier la fin d’une série d’anicroches entre leurs deux pays. Les tensions furent à leur comble après qu’en juillet, deux Jordaniens ont été tués par un agent de sécurité israélien dans l’enceinte de l’ambassade israélienne à Amman. Ce n’est qu’en février qu’Israël a finalement décidé de rouvrir sa représentation diplomatique dans la capitale jordanienne, vide pendant six mois suite à l’incident de cet été.
Pour mémoire, la Jordanie a conclu la paix avec Israël en 1994. Comme l’Egypte en 1979. Mais les rencontres ont été rares ces dernières années. La dernière, officieuse, date de 2016, à Aqaba au sud de la Jordanie, entre les trois pays.
Lors de leur courte rencontre lundi à Amman, le Premier ministre israélien et le roi de Jordanie ont évoqué le conflit israélo-palestinien, indique un communiqué du Palais royal. Le monarque a réaffirmé la nécessité « de poursuivre les efforts en vue de trouver un règlement » et de parvenir ainsi « à une solution à deux Etats et à établir un Etat palestinien sur les lignes du 4 juin 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale, qui vivrait aux côtés d’Israël en paix et en sécurité. » Et ce, conformément au droit international, aux résolutions pertinentes des Nations unies et à l’Initiative de paix arabe (qui depuis 2002 ambitionne de résoudre le conflit israélo-arabe en facilitant les relations entre Israël et le monde arabe).
Si la question de Jérusalem n’a pas été en reste, elle doit, selon Abdallah II, « être réglée dans le cadre du statut final sur la base de la solution à deux Etats ». Les Palestiniens revendiquent Jérusalem-Est comme la capitale de l’Etat auquel ils aspirent. Mais pour les Israéliens elle est leur capitale « éternelle et indivisible. » Le roi en a profité pour rappeler l’importance de Jérusalem pour les musulmans et les chrétiens, comme pour les juifs. Pour le roi « la ville sainte est la clé pour réaliser la paix dans la région. » Le souverain hachémite a voulu exprimer de nouveau que son royaume continuera à protéger les lieux saints musulmans et chrétiens à Jérusalem. Au nom de « son rôle historique ».
De son côté, « Benjamin Netanyahu a réitéré l’engagement d’Israël à respecter le statu quo dans les lieux saints à Jérusalem », lit-on dans un communiqué du bureau de Premier ministre israélien. Pour mémoire, les Juifs ont le droit de se rendre sur l’esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l’islam à Jérusalem. Le lieu saint est aussi vénéré par les Juifs comme le mont du Temple, premier lieu saint du judaïsme mais ils ont l’interdiction d’y prier.
Le plaidoyer de Mgr Auza à l’Onu
Les positions du monarque jordanien ne sont pas sans rappeler celles du Saint-Siège, une nouvelle fois réitérées le 13 juin dernier à New York lors de la 38ème séance plénière de la dixième session extraordinaire d’urgence de l’Assemblée générale des Nations unies. Le nonce apostolique et observateur permanent du Saint-Siège auprès de l’organisation internationale, a redit « l’obligation pour toutes les nations de respecter le statu quo historique de la ville sainte, conformément aux résolutions pertinentes des Nations Unies », d’après une traduction de son discours par l’agence Zenit. Mgr Auza réaffirmant par ailleurs que « seul un statut internationalement garanti peut préserver son caractère unique et être une assurance de dialogue et de réconciliation pour la paix dans la région. »
A noter que lors de leur rencontre, le roi de Jordanie et le Premier ministre israélien se sont aussi penchés sur le projet de canal mer Rouge-mer Morte, dont l’impact devrait être positif sur la Jordanie, la Cisjordanie et Israël. Dans la mesure où il permettra d’acheminer de l’eau depuis la mer Rouge vers la mer Morte, mais aussi de générer de l’électricité et de procéder au dessalement des eaux.
Un accord a aussi été conclu entre les deux pays, indique le Palais royal, pour étudier la levée des restrictions sur les exportations vers la Cisjordanie, une mesure qui renforcerait les échanges commerciaux et d’investissement entre les marchés jordanien et palestinien.
Une rencontre peut en cacher une autre
La rencontre entre Benjamin Netanyahou et Abdallah II a précédé d’un jour la virée au Proche-Orient de Jason Greenblatt, l’envoyé américain pour la paix au et de Jared Kushner, gendre de Donald Trump et conseiller de la Maison blanche. Cette tournée intervient avant que le plan de paix au Moyen-Orient préparé par le président américain ne soit annoncé.
Les deux émissaires américains ont commencé mardi par rencontrer le roi Abdallah II avec lequel ils ont discuté « du renforcement de la coopération (…), des questions régionales, de la situation humanitaire à Gaza, et des efforts de l’administration Trump en faveur d’une paix entre Israéliens et Palestiniens », affirme un communiqué de l’ambassade des Etats-Unis à Amman.
Le roi, quant à lui, a tenu les mêmes propos qu’il avait adressés la veille au Premier ministre israélien concernant en soulignant toutefois, indique une communication du Palais royal « le rôle important des Etats-Unis. » Pour rappel, la dernière session de négociations de paix israélo-palestiniennes, sous la houlette des Etats-Unis, avait rapidement fait chou blanc en 2014.
Les deux délégués américains doivent aussi se rendre en Israël, en Arabie saoudite, au Qatar et en Egypte. Cependant, la porte des Palestiniens restera fermée aux Américains. Les relations diplomatiques sont coupées depuis Donald Trump a reconnu – unilatéralement Jérusalem en tant que capitale d’Israël au mois de décembre, transférant l’ambassade du pays dans la ville sainte en mai dernier.