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L’Église catholique, les juifs et l’État d’Israël

Propos recueillis par Paul Turban
4 décembre 2018
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Alors que plusieurs courants des Églises évangéliques prétendent pouvoir théologiquement fonder leur soutien au sionisme, Terre Sainte Magazine a rencontré le père jésuite David Neuhaus pour éclairer la position de l’Église catholique vis-à-vis du sionisme.


Quelle est la position de l’Église catholique sur le sionisme ?

L’Église a eu historiquement plusieurs problèmes avec le sionisme. Le premier était théologique : l’Église pensait le peuple juif comme un peuple rejeté par Dieu à cause de son refus d’accepter le Christ. De ce fait, elle ne pouvait pas accepter que les juifs fondent un mouvement national pour “rentrer” dans “leur” terre ancestrale. Bien sûr, aujourd’hui une telle pensée est rejetée mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’autres problèmes théologiques avec la pensée sioniste basés plutôt sur une critique d’un nationalisme ethnocentrique et qui ignore trop souvent les droits de ceux qui partagent avec les juifs cette terre.

Avec la déclaration Balfour de 1917 (favorable à “l’établissement en Palestine d’un Foyer national pour les juifs” NDLR) dans le cadre du mandat britannique sur la Palestine, l’Église a été soucieuse de s’exprimer en faveur d’un droit civil pour les juifs de Palestine, mais pas de droits spécifiques pour une nation juive. L’Église a fait une distinction entre les juifs vivant en Palestine, qui devaient avoir les mêmes droits que les autres habitants, et un droit national.

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Il faut attendre 1965 pour voir un changement de discours sur les juifs. Ce n’est plus un discours basé sur le refus de Dieu, le refus du Christ, etc. mais plutôt un discours dialogique. Même si le dialogue ne commence pas tout de suite, les juifs ne sont plus vus comme un peuple maudit pour avoir refusé le Christ. On insiste plutôt sur la fidélité de Dieu dans tous les cas. Le peuple juif reste un peuple très proche de Dieu car Dieu n’annule pas son élection et ses dons (voir Rm 11, 29). C’est une grande révolution. Mais le document Nostra aetate (qui parle au § 4 du rapport avec le judaïsme lors du Concile Vatican II, NDLR) ne dit absolument rien du sionisme. (1)

Le pape Paul VI, ici accompagné du président israélien Zalman Shazar lors de la rencontre officielle entre les deux chefs d’État qui eut lieu en 1964 à Megiddo, fut le premier pape à se rendre en Israël, encore qu’il évita de prononcer le nom de l’État hébreu.

Quand le dialogue commença, les juifs exigèrent non seulement une reconnaissance politique d’Israël, obtenue avec les accords diplomatiques de 1994, mais aussi une reconnaissance théologique. Les juifs veulent que l’Église reconnaisse que cette terre a été donnée par Dieu au peuple juif dans la Révélation commune aux juifs et aux chrétiens. Cela devient beaucoup plus compliqué et touche non seulement à l’interprétation de la Bible mais également à la vocation de l’Église de promouvoir la justice et la paix pour tous.

Quelles sont les divergences qui expliquent cette non-reconnaissance théologique ?

Il y a deux grands sujets dans le dialogue avec le peuple juif qui sont compliqués. Le premier sujet est le Salut. Nous croyons en tant que chrétiens que le Salut ne s’obtient que par la médiation unique de Jésus-Christ. Parfois, j’ai l’impression que les sionistes insistent sur le fait que cet État n’est pas pour eux seulement un État mais essentiellement l’unique salut. Le dernier document de l’Église sur les relations judéo-chrétiennes publié en 2015 pour marquer les 50 ans de Nostra aetate est très intéressant. L’Église est très claire : l’unique médiateur du Salut est Jésus-Christ. C’est compliqué de le dire aux juifs et de le vivre avec eux à cause de notre histoire avec eux où trop souvent les chrétiens voulaient imposer par la force leurs manières de vivre aux juifs, mais il n’y a aucun compromis là-dessus.

Le document anniversaire ne mentionne ensuite l’État d’Israël que deux fois. La première mention de l’État d’Israël se trouve dans une citation qui renvoie aux Notes pour une correcte présentation des juifs et du judaïsme dans la prédication et la catéchèse de l’Église catholique : “Pour ce qui regarde l’existence de l’État d’Israël et ses options politiques, celles-ci doivent être envisagées dans une optique qui n’est pas en elle-même religieuse, mais se réfère aux principes communs de droit international (VI, 4)” (2).

Pas la Bible, pas la spiritualité, pas la théologie, mais le droit international. La seconde mention est la demande d’une égalité entre tous les citoyens de l’État d’Israël.

Comment expliquer alors le sionisme catholique ?

Une raison est certainement la lecture de la Bible : il y a dans l’Église des fondamentalistes bibliques. Cela touche à deux autres problèmes non bibliques. Le premier est le sentiment de grande culpabilité des Européens envers le peuple juif et je pense que les Européens ont de bonnes raisons de se sentir coupables. Mais est-ce qu’ils réalisent qu’en prenant parti de cette façon pour le peuple juif, ils créent de nouvelles victimes ? A la fin de la Seconde Guerre mondiale, les juifs sont écrasés, ils sortent à peine des camps de la mort.

Ce n’est plus vrai aujourd’hui : en soutenant un judaïsme politique, on soutient un pouvoir immense avec une armée puissante dotée de l’arme nucléaire. Le second problème, très grave, est l’attitude de certains chrétiens vis-à-vis de l’islam. Ils soutiennent Israël qui se présente comme le dernier bastion pour défendre l’Occident du nouveau barbarisme. Ces trois éléments, Bible, Holocauste et islam forment un socle très puissant de défense du sionisme. Beaucoup de chrétiens sont sionistes sans être chrétiens-sionistes, ils ne croient pas aux interprétations apocalyptiques qui sont très peu catholiques, mais ils soutiennent l’État d’Israël sans condition.

Quelles sont les principales questions soulevées dans le dialogue entre l’Église et l’État d’Israël ?

Il y a quatre problèmes majeurs qui expliquent l’attitude de l’Église envers l’État d’Israël. Le premier point est celui du rapport de l’État d’Israël avec les chrétiens locaux – on ne peut jamais abandonner nos frères et sœurs dans la foi. Le deuxième point porte sur l’interprétation de la Bible et notamment la notion de la terre : la revendication des juifs sur la terre de Palestine peut-elle être justifiée en 1948 par la promesse de Dieu faite à Abraham ? Cela est-il acceptable ? Non.

L’Église catholique présentera sa lecture dans un mode très dialogique. Ce qui change tout est l’unité entre l’Ancien et le Nouveau Testaments. Cela change totalement le rapport à la terre quand les frontières disparaissent : dans sa chair il a détruit le mur de la séparation : la haine (…) il a voulu ainsi créer en lui un seul homme nouveau en établissant la paix (Ep 2, 14-15). Le troisième point est le dialogue interreligieux avec le peuple juif et aussi avec les musulmans. Enfin le quatrième est la recherche de la justice et de la paix, et là l’Église se déclare très souvent solidaire du peuple palestinien dans sa souffrance.

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Le premier à le souligner d’une manière très claire fut Paul VI. Son discours de 1975 est magnifique parce qu’il appelle le peuple juif qui a tant souffert à s’ouvrir à un autre peuple qui vit dans la souffrance (3). Une autre étape importante fut franchie en 2012, quand Benoît XVI donna son accord à la reconnaissance de la Palestine comme État observateur de l’ONU, qui mènera aux accords entre le Saint-Siège et l’État de Palestine signés en 2015.
Les chrétiens-sionistes assimilent le peuple élu de l’Ancien Testament au peuple israélien contemporain.

Cela est-il acceptable dans une perspective catholique ?

Non, ce n’est pas acceptable même si c’est une question très compliquée. On ne peut pas défendre que peuple élu et peuple israélien contemporain sont tout à fait étrangers l’un à l’autre, mais en même temps, il est inacceptable de les assimiler. Le concept de nation juive est né tardivement, avec l’idée nationale, aux XVIIIe et XIXe siècles. Il y a beaucoup de débats mais selon moi, le premier choix de la majorité des juifs était d’être intégré aux peuples parmi lesquels ils vivaient dans le respect de leur différence religieuse (4). La séparation a été choisie quand certains juifs ont réalisé que les peuples d’Europe ne leur feraient pas de place. Cela a été accepté comme une grande prophétie après l’Holocauste : certains se sont dit que l’État d’Israël devenait une nécessité.

Il faut distinguer cette identité nationale d’avec la notion de peuple élu qui est un terme théologique. Il n’y a pas de peuple élu sans théologie. Il y a une citation affreuse à Yad Vashem, quand on entre dans la salle qui introduit les camps de la mort. Il y a une photo avec des juifs qui seront transportés par train, et la citation d’un officier nazi dit : “Je suis très heureux de savoir qu’un train part toutes les 12 h avec 5 000 du peuple élu”.

Entre les idées vraies et les fausses, il convient de faire une peu de ménage sur ce que l’Église catholique dit quand elle se positionne sur l’État d’Israël.

Quel sens donne-t-il à ce terme de peuple élu ? Pour ce nazi, ils sont élus pour mourir. Le peuple élu sans théologie devient quelque chose de totalement perverti. En cela, la distinction est très importante. Le grand retournement de Nostra aetate est de rappeler que Dieu demeure fidèle à son élection.

Avant, l’Église disait remplacer le peuple d’Israël mais cela revenait à dire que Dieu faisant défaut à sa fidélité aurait rejeté Israël. Mais Dieu est toujours fidèle. Israël, même dans son refus du Christ, ne reste pas seul. Le peuple élu, selon notre foi, a subi un changement profond de définition avec Jésus-Christ. Cette élection s’est ouverte. Il y a un lien mystique qui lie ceux qui croient en Christ et qui dans cette foi en Christ sont greffés sur le peuple d’Israël selon l’image de saint Paul. En cela le peuple élu devient autre que celui de l’Ancien Testament. (5)

La lecture catholique peut-elle voir dans le retour du peuple juif sur “sa” terre un signe de la fin des temps, comme les lecteurs fondamentalistes ?

Un des grands problèmes du Concile Vatican II est l’enthousiasme pour la Bible qu’il a entraîné. D’un côté, c’est magnifique. Je suis professeur en Écriture sainte et j’adore la Bible : je suis très content que l’Église pendant les années 1960 ait recherché les racines de sa pensée dans la Bible. Mais l’incitation à avoir une Bible à la maison afin que chacun puisse la lire librement est une petite catastrophe à cause des tendances fondamentalistes.

La Bible est tellement compliquée qu’il faut former des gens qui puissent aider le peuple chrétien à la comprendre. Il faut comprendre le monde dans lequel la Bible fut écrite avant de l’appliquer au monde actuel. En cela, la lecture fondamentaliste est illégitime.

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Les fondamentalistes protestants réécrivent une “pseudo Bible”. Ils prennent des versets un peu partout et les mettent ensemble pour les utiliser comme justification de leurs thèses. Par exemple, le dernier texte que l’on voit, à l’arrière de la porte massive qui traverse le parking de Yad Vashem, est Ez 37, 14 : “Je mettrai mon Esprit en vous, et vous vivrez ; et je vous donnerai du repos sur votre sol”.

Ce texte est l’une des lectures lues à la vigile pascale. Est-ce légitime de la lire dans le sens “J’étais malade et je suis rétabli” ? Cela ne fait de tort à personne. Mais si cette lecture prend parti pour une idéologie qui touche aux droits de certains, il faut revenir au contexte original. Les chrétiens sionistes usent de versets sans aucun contexte historique et cela l’Église le refuse. Nous avons vu les dégâts que cela a fait pendant des siècles. Il ne faut pas croire que l’Église est étrangère à toutes ces erreurs. Mais c’est malheureux de répéter les mêmes erreurs après tout ce que l’Histoire nous a appris.

Beaucoup de Palestiniens ont tout perdu lors de la création de l’État d’Israël. Comment peut-on leur expliquer la légitimité de cet État aujourd’hui ?

Il faut prendre en considération le caractère problématique de la décision de l’ONU de 1947 sur le partage de la Palestine. Une décision prise dans le contexte de la “découverte” de l’Holocauste, avec toute la culpabilité que cela a engendré parmi les Européens. Mais il faut aussi souligner que le peuple palestinien n’a jamais pu réaliser ses propres droits selon cette même formulation de la légitimité. De la déclaration Balfour jusqu’à la décision de la partition en 1947, les juifs sionistes ont pu mettre en place leur “patrie” mais les Palestiniens ont perdu tout. N’est-il pas important de poser la question : Est-ce que ce peuple a à payer le prix du refus des juifs en Occident ? N’est-il pas possible de comprendre leur soupçon envers cette légitimité ?

Aux Palestiniens j’essaierais de dire deux choses très importantes. Les juifs ne sont pas étrangers à cette terre, comme ils ne sont pas étrangers au monde arabe. Rien que cela, c’est déjà difficile pour eux de l’accepter. Nous avons totalement effacé le monde juif arabe qui a existé pendant des siècles, et qui a été partie intégrante de cette région, comme les chrétiens. Ils ont contribué à la création du monde musulman arabe. Je consacre beaucoup d’efforts à rappeler cela pour montrer que les juifs ont le droit de vivre partout au Proche-Orient. Un droit à vivre, cela ne veut pas dire un État juif.

Sur une banderole, des chrétiens sionistes en visite à Jérusalem en soutien à Israël citent la Bible (Rt 1, 16) “Ton peuple sera mon peuple, et ton Dieu sera mon Dieu”. Un exemple d’utilisation syncrétique entre le peuple de la Bible et la population juive de l’État hébreu.

L’autre chose est l’explication de ce qui est arrivé aux juifs en Europe. L’idée sioniste n’est pas venue naturellement dans la tradition juive. Cela vient de l’expérience d’un refus terrible et l’adoption d’un nationalisme à l’image des nationalismes européens. Et là, je parle de ma famille (6). Personne ne rêvait de venir ici dans ma famille. La déclaration Balfour devait avoir l’approbation des ministres dans le gouvernement britannique. Un seul ministre a refusé, le juif, Edwin Montagu. Il a dit que sa patrie était l’Angleterre. Mes ancêtres juifs allemands pensaient exactement la même chose. Ils n’ont pas rêvé d’une autre patrie.

Je crois que nous devons comprendre la difficulté des Palestiniens à accepter une décision qui donne une grande partie de leur terre à un autre peuple en 1947.

En 1917, quand la déclaration Balfour fut publiée, il y avait en Palestine 60 000 juifs et 600 000 Palestiniens arabes. En 1947, 30 ans après, il y avait 600 000 juifs et 1,3 millions de Palestiniens. On a toujours refusé de comprendre l’opposition palestinienne au partage, parce que cette opposition allait à l’encontre de la “légitimité” déclarée par la communauté internationale. Mais si nous voulons avancer sur le chemin de la recherche de la justice et de la paix, il faut écouter le cri douloureux des Palestiniens et être prêts à y répondre


1. “Les dons et l’appel de Dieu sont irrévocables” – Une réflexion théologique sur les rapports entre catholiques et juifs à l’occasion du
50e anniversaire de Nostra aetate (n. 4)

2. En ligne sur le site du Vatican.

3. “Bien que nous soyons conscients des tragédies encore toutes proches qui ont conduit le peuple juif à rechercher une protection sûre dans un État à lui, souverain et indépendant, et même précisément parce que nous en sommes conscients, nous voudrions inviter les fils de ce peuple à reconnaître les droits et les légitimes aspirations d’un autre peuple qui a, lui aussi, longtemps souffert, le peuple palestinien” Voir Documentation catholique, n° 1690 (1976), p. 55-56.

4. Voir Terre Sainte Magazine n° 631, mai juin 2014, dossier ‘Qu’est-ce que les sionismes ?’
5. Chapitre 11 de l’épître aux Romains, dans lequel Paul compare Israël à un “olivier franc” dont les branches, les juifs incrédules, ont été retranchées, et sur lesquels les Gentils ont été greffés. “Mais eux aussi [les juifs], s’ils ne se maintiennent pas dans l’incrédulité, ils seront entés (= greffés, NDLR), car Dieu est capable de les enter de nouveau, car si toi, tu as été coupé d’un olivier de nature sauvage et contrairement à ta nature enté sur l’olivier franc à plus forte raison celles-ci seront-elles entées sur leur propre olivier.” (Rm 11, 24-25). Aussi, comme branche de l’olivier franc, les juifs convertis seront plus facilement greffés que les non-juifs, et cela doit cultiver chez les chrétiens un rapport de déférence vis-à-vis du peuple élu.

6. Voir encadré biographique.


Deux livres spécifiquement sur la Terre Sainte

Auteur de nombreux articles, conférencier, le père David Neuhaus s.j. a aussi écrit plusieurs livres dont deux ont été publiés en français et méritent d’être lus.
– Je vous écris de la Terre Sainte – Bayard, 2017
– La Terre, la Bible et l’histoire, co-écrit avec Alain Marchadour – Bayard, 2010


 

Le pape Benoît XVI avec les deux grands rabbins d’Israël lors de son pèlerinage en 2009. Le pape émérite à publié cet été un nouveau texte sur la question des relations avec le judaïsme dans lequel il parle du rapport à l’État rappelant la doctrine de l’Église catholique sur le sujet.

Le pape Benoît XVI sur l’État d’Israël

Dans un texte publié l’été dernier dans la revue jésuite Communio et intitulé Les dons et l’appel sans repentir, À propos de l’article 4 de la déclaration Nostra aetate, le pape émérite Benoît XVI, parle du sionisme : “La question de savoir comment se positionner face au projet sioniste a aussi été controversée dans l’Église catholique. Mais la position dominante a été, dès le début, qu’une acquisition de la terre, théologiquement comprise dans le sens d’un nouveau messianisme politique, serait inacceptable.

Après l’instauration de l’État d’Israël en 1948, s’est formée une doctrine théologique qui a finalement permis la reconnaissance politique de l’État d’Israël par le Vatican. Au centre de cette doctrine, il y a la conviction qu’un État qui serait compris dans un sens strictement théologique, un État fondé sur la foi juive, un État qui se prendrait lui-même pour l’accomplissement théologique et politique des promesses, qu’un tel État, selon la foi chrétienne, n’est pas envisageable dans notre Histoire, et serait en contradiction avec la compréhension chrétienne des promesses.

En même temps, on a affirmé que le peuple des juifs, comme chaque peuple, possède le droit naturel de revendiquer une terre propre. Comme je l’ai déjà dit, il fallait pour cela trouver un lieu dans l’espace de vie historique du peuple juif, qui a pu être trouvé conformément aux normes du droit international, dans la situation politique de l’empire ottoman déclinant et du protectorat britannique. En ce sens, le Vatican a reconnu l’État d’Israël comme un État de droit moderne, et il y voit la patrie légitime du peuple juif, dont la justification ne peut pas cependant être directement déduite de l’Écriture sainte, mais dont on peut néanmoins penser, dans un sens plus large, qu’elle exprime la fidélité de Dieu au peuple d’Israël.

Le caractère non théologique de l’État juif signifie cependant qu’il ne peut pas être considéré comme remplissant les promesses de l’Écriture sainte en tant que telles. La marche de l’Histoire montre plutôt une croissance et un déploiement des promesses, comme on l’a aussi vu dans les points précédents.”

Dernière mise à jour: 04/03/2024 14:09