Ce sera mon lieu de repos pour toujours : je résiderai ici parce que je l’ai voulu”. Sur les parois rocheuses d’une grotte adjacente à celle où Jésus est né, on peut encore lire ces mots aujourd’hui. Ils ont été gravés en souvenir de saint Jérôme, qui décrivait ainsi le lieu, dans les entrailles de l’actuelle basilique de la Nativité à Bethléem, où sa dépouille a été déposée après sa mort le 30 septembre 420. C’est là que, pendant plus de 30 ans, le Père et Docteur de l’Église a vécu en ermite, consacrant sa vie à l’étude et à un intense travail.
Selon le père franciscain Bellarmino Bagatti, archéologue, les fouilles qu’il a menées attestent que ces grottes étaient déjà utilisées dès le VIe siècle av. J.-C. et qu’elles ont ensuite servi de tombes à des chrétiens dès le Ier siècle ap. J.-C. En effet c’était la coutume que les premiers chrétiens soient enterrés dans les Lieux saints : tout comme à Rome où ils étaient enterrés dans les catacombes à côté des martyrs, de même en Terre Sainte ils étaient enterrés à proximité de lieux liés à la vie de Jésus. La grotte dite “de saint Jérôme” a été restaurée entre 1962 et 1964 par le franciscain sicilien A. Farina, ainsi que les autres grottes adjacentes à la Nativité, dédiées à saint Joseph et aux saints Innocents.
Bethléem, c’est là que, pendant plus de 30 ans, le Père et Docteur de l’Église a vécu en ermite, consacrant sa vie à l’étude et à un intense travail.
La grotte de saint Jérôme compte 72 sépultures datant de différentes époques, aujourd’hui toutes conservées dans un seul sépulcre. La noble romaine Paule (morte en 404) et sa fille Eustochium (morte en 419) y sont également enterrées. Les deux femmes étaient des disciples de saint Jérôme et, après un pèlerinage en Terre Sainte, elles ont décidé de s’installer à Bethléem et y ont fondé un monastère féminin. “Voyez-vous ce petit tombeau creusé dans la roche ? Il abrite Paule, qui vit maintenant dans le Royaume des cieux – a écrit saint Jérôme sur le lieu de sa sépulture – elle a quitté son frère, ses parents, Rome et sa patrie, ainsi que ses richesses et ses fils : elle repose maintenant dans la grotte de Bethléem. Ici, dans ta mangeoire, Christ Seigneur, où les mages ont apporté des dons mystiques pour rendre hommage à l’Homme-Dieu”.
En plus de la noble romaine, dans un recoin de la même grotte se trouve aussi le tombeau d’Eusèbe de Crémone, également disciple de Jérôme et mort en 421 ou 422.
Peu avant lui, en 419 ou 420, c’est saint Jérôme qui est retourné auprès du Père. Ses restes ont ensuite été transférés à Rome dans la basilique Sainte-Marie-Majeure à la demande des Croisés. C’est là qu’a commencé le voyage du frère Ananiasz Jaskólsk, sacristain de la basilique de la Nativité à Bethléem.
“En 2018, j’ai décidé d’aller à la recherche du lieu où saint Jérôme a été inhumé à Rome, raconte frère Ananiasz, je suis donc allé à la basilique Sainte-Marie-Majeure, puis je suis parti en quête de quelques reliques de saint Jérôme, afin de demander leur retour dans la grotte de Bethléem, où le saint a vécu et est mort”. Grâce à l’aide de Mgr Luigi Falcone de la secrétairerie d’État du Vatican, deux fragments d’os de saint Jérôme ont été retrouvés dans le couvent romain qui conserve toutes les reliques et ont ensuite été transportés à Bethléem.
Grâce à son travail, la sainte Bible a été diffusée dans le monde entier, et c’est le plus grand de tous les miracles.
Lors d’une messe solennelle célébrée dans l’église Sainte-Catherine de Bethléem le jour de la fête de saint Jérôme en 2018, les reliques ont été présentées aux fidèles. “Bethléem est fière aujourd’hui – déclarait alors le frère Ibrahim Faltas, franciscain de la custodie de Terre Sainte qui présida la célébration. Dans cette ville bénie, la sainte Vierge a donné naissance à Jésus, en l’offrant à toute l’humanité. Dans une grotte, à côté de celle de la Nativité, saint Jérôme a donné la Bible au monde entier, après l’avoir traduite des langues anciennes au latin. Grâce à son travail, la sainte Bible a été diffusée dans le monde entier, et c’est le plus grand de tous les miracles”.
Pour le 1600e anniversaire de la mort de saint Jérôme, le 30 septembre 2020, la fraternité franciscaine de Bethléem a décidé d’organiser une célébration solennelle et un moment de prière officiel, présidé par le custode de Terre Sainte, frère Francesco Patton. La pandémie de Covid-19 cependant complique sévèrement son organisation. “Nous voulons recouvrir la tombe de saint Jérôme d’une plaque de marbre sur laquelle placer un reliquaire – explique le frère Ananiasz – j’ai demandé à un artiste polonais de réaliser le reliquaire qui sera prêt en septembre et nous espérons qu’il n’aura aucune difficulté à prendre l’avion et à apporter son œuvre à temps pour le jour de l’anniversaire. L’idée est de laisser une relique sur la tombe de saint Jérôme et de pouvoir donner l’autre relique à des groupes de pèlerins qui la demandent pour célébrer des messes. Ce sont souvent les pèlerins croates qui ont le plus de dévotion envers le Père de l’Église, car il était d’origine croate”.
Dernière mise à jour: 11/03/2024 14:51