Le Centre Franciscain de la Famille accueille celles et ceux qui ont besoin d’être entendus. Entre difficultés affectives, relationnelles ou financières, la porte de ce petit oasis leur est toujours ouverte.
C’est un lieu à l’écart dans Bethléem, isolé du tumulte et de l’agitation, situé à seulement quelques mètres de la Grotte du Lait. La porte franchie, on peut être sûr que les problèmes et les fardeaux déposés n’en sortiront pas. Nous sommes dans la maison des Franciscaines Missionnaires de Marie. La communauté y est installée depuis 117 ans. Ici vivent cinq religieuses, dont sœur Rabha Kairouz qui entame sa huitième année. “C’était la première maison de notre congrégation au Proche-Orient. Nous sommes venues à l’appel du pape”, explique-t-elle. Les sœurs s’occupèrent au début de personnes âgées. “À chaque fois qu’il y a eu une urgence dans le pays, nous nous sommes adaptées pour répondre aux besoins”. Ainsi l’endroit devint-il un orphelinat, puis un jardin d’enfants. C’est avec la seconde intifada en 2000, qu’apparut la nécessité d’ouvrir un centre d’écoute.
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Des rencontres qui soulagent
“L’intifada a été une véritable catastrophe pour Bethléem. Des gens ont perdu leur travail, et dans la précarité économique, ils ont du retourner vivre chez leurs parents souvent dans une grande promiscuité”, affirme sœur Rabha Kairouz. Des situations difficiles qui ont contribué à créer des tensions au sein des familles. Les pères étaient dépressifs, les mères voulaient quitter leurs foyers devenus invivables, quant aux enfants ils étaient déscolarisés. Autant de raisons qui ont poussé les sœurs à se mettre à l’écoute de ces familles. ‘’Au départ ce sont les femmes qui sont spontanément venues nous voir pour nous parler de leurs problèmes. Nous avons alors pris la décision de mettre en place un centre d’écoute “. Depuis, se succèdent de multiples cas, tous aussi différents les uns des autres. Chrétiens comme musulmans, femmes comme hommes, couples comme célibataires, chacun sait qu’ici l’oreille attentive de sœur Rabha Kairouz sera bienveillante. “J’ai commencé ces rendez-vous en 2004. L’idée est de cheminer avec ces personnes, de les soulager de leurs problèmes par l’écoute et de tenter de trouver des solutions”, souligne-t-elle.
Concrètement, quelles difficultés doit tenter de résoudre cette sœur d’origine libanaise ? “Il y a de tout. Même des choses que l’on n’imagine pas dans cette petite ville”. La plupart du temps il s’agit pour elle de renouer le dialogue au sein de la famille. “Quand il y a une crise au sein du couple, la femme est généralement la première à venir. Mais son mari doit également suivre”. Ce n’est que dans le face à face que la sœur tente de rétablir une communication souvent défaillante.
“Dans certains cas, j’ai découvert que des familles vivaient dans des conditions extrêmement difficiles. Souvent deux à trois familles habitent sous le même toit, partageant les mêmes pièces communes, raconte-t-elle. Il suffit juste d’aménager une cuisine ou une salle de bains en plus pour apaiser les tensions et leur changer la vie”. Pour accompagner ces projets, elle peut compter sur la philanthropie de donneurs ponctuels qui, entendant parler de ces situations, aident financièrement ces ménages.
L’accompagnement des jeunes
Sr Rabha poursuit : “En écoutant certains jeunes couples, prêts à divorcer après seulement quelques mois de vie commune, je me suis rendu compte qu’ils n’étaient pas bien préparés au mariage”. Aussi a-t-elle eu l’idée d’initier une préparation d’un autre type. Initiative fructueuse que les évêques ont trouvée intéressante au point de la mandater dans cette mission. “Nous avons dix rencontres de deux heures chaque mercredi avec les futurs époux. En parallèle nous organisons dans le parcours une rencontre avec les couples et leurs parents pour partager ensemble leur vision du mariage et de la famille”. La formation suscite beaucoup d’enthousiasme, au point que “même certains orthodoxes ont demandé à venir”. Ainsi, cette année, pas moins de 45 couples ont été suivis par sœur Rabha. “À l’issue de leur préparation, nous leur remettons un certificat ainsi qu’une icône pour leur futur foyer” précise-t-elle.
Aujourd’hui elle peut compter sur un petit réseau d’hommes et de femmes qui lui indiquent les difficultés que rencontrent certaines familles. “J’essaye de me renseigner en amont pour comprendre de quoi il s’agit, du côté du mari et de celui de l’épouse”. Telle est la vocation de sœur Rabha Kairouz, dont la bienveillance continue de sauvegarder l’équilibre parfois précaire de bien des familles.♦
Dernière mise à jour: 13/03/2024 12:48