En ce moment plus que jamais à Jérusalem, nous voyons se réaliser la prophétie “Je les conduirai à ma montagne sainte je les comblerai de joie… car ma maison s’appellera Maison de prière pour tous les peuples” (Is 56, 7). En effet, les pèlerins envahissant les rues de la ville sainte et de toute la Terre Sainte sont de plus en plus nombreux. La joie de leur présence égale la difficulté objective de pouvoir gérer un nombre aussi important de visiteurs dans un espace restreint comme celui de la vieille ville de Jérusalem où convergent tous les fidèles des trois religions monothéistes pour prier Dieu.
Même les demandes des groupes juifs et israéliens pour rencontrer le monde chrétien ont considérablement augmenté, et il est souvent difficile de satisfaire tout le monde. De nombreuses institutions ont commencé à intégrer dans leurs programmes de formation la possibilité d’approfondir la connaissance des chrétiens locaux, rencontres à l’appui.
Depuis plusieurs années, la ville de Jérusalem associe la custodie de Terre Sainte à un projet intéressant intitulé Batim mibifnim, “Portes ouvertes” ; l’événement culturel qui permet au grand public, chaque année plus nombreux, de pouvoir s’introduire dans différents bâtiments et connaître de près les réalités sociales, les communautés religieuses ou non qui ouvrent les portes de leurs maisons habituellement fermées aux étrangers. Les franciscains de Terre Sainte ont ainsi accepté le défi et, deux jours par an, ouvrent leurs portes d’ordinaire closes ; notamment le portail du couvent de saint François ad Cœnaculum et celui du couvent Saint-Sauveur. Le premier jour du projet, des centaines d’Israéliens aussi curieux qu’attentifs se sont succédés au cours des trois heures d’ouverture du vendredi après-midi réservé aux visites. De nombreux juifs sont entrés pour la première fois dans une église, ont pu rencontrer un frère franciscain et ont eu l’occasion de lui poser des questions et d’obtenir, à la grande surprise générale, des réponses en hébreu. Dans le cadre du projet, le samedi matin, le couvent Saint-Sauveur ne pouvait être visité que sur réservation. Le nombre ainsi limité a permis à une centaine de personnes de visiter les endroits les plus intéressants du vieux couvent. Deux groupes guidés par deux frères hébréophones ont rempli les cours et les lieux inaccessibles en temps normal : le réfectoire, l’église, les immenses caves et la terrasse avec sa vue imprenable sur la ville sainte. Les rencontres ont toujours un double objectif : améliorer la connaissance mutuelle des différentes cultures et religions, chrétienne et juive, et abattre les murs, petits et grands, qui persistent encore entre les deux, murs faits de préjugés, d’ignorance et tapissés de trop de désinformation. Ces journées sont des occasions uniques de dialogue et d’amitié.
Ce que nous réalisons d’important dans ce genre de rencontres et de dialogue, c’est aussi l’accueil des groupes de jeunes de plus en plus nombreux qui préparent leur service militaire. Il s’agit de jeunes de 17 ans qui – en attendant d’être appelés par l’armée – ne peuvent pas quitter le pays, ni s’inscrire à l’université, ni même être embauchés en tant qu’employés ; l’État et plusieurs institutions privées leur offrent pendant ces mois d’attente un programme culturel de préparation, mekhina. Depuis quelques années, une visite à Jérusalem et la confrontation avec la réalité chrétienne et musulmane font partie du programme. Ainsi, chaque semaine dans l’année, un ou deux groupes de 40 jeunes Israéliens viennent nous rendre visite et demandent à rencontrer un frère.
L’espoir étant qu’à l’avenir, les nouvelles générations qui nous auront rencontrés et connus soient plus ouvertes au dialogue et au bien vivre-ensemble, et surtout capables de créer des ponts et d’abattre les murs.♦
Dernière mise à jour: 13/03/2024 13:16