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Jordanie: un nouvel archevêque melkite installé à Amman

Christophe Lafontaine
23 avril 2018
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Mgr Joseph Gebara, élevé à la dignité d’archevêque, a officiellement pris les rênes de  l'archiéparchie grecque-melkite catholique de Petra et de Philadelphie, le 21 avril 2018, dans la capitale jordanienne.


D’après le site d’actualités en langue arabe, abouna.org, ce fut une cérémonie religieuse qui aura rassemblé de nombreux chrétiens et musulmans à Amman. Plus exactement dans le quartier d’Um Summaq, à l’ouest de la capitale jordanienne. C’est là que  se trouve la cathédrale des grecs-melkites catholiques, St Georges, où samedi 21 avril, le nouveau chef de l’archiéparchie de Petra et de Philadelphie, Mgr Joseph Gebara (52 ans) a officiellement entamé sa nouvelle mission pastorale. Les termes « éparchie » et « archiéparchie » désignent les diocèses chez les catholiques orientaux, à l’instar des évêchés et des archevêchés chez les latins. A noter aussi qu’à l’époque romaine, la capitale de l’actuel royaume hachémite était appelée Philadelphia. L’archiéparchie dont il est question couvre le territoire de la Jordanie actuelle.

Dans sa première intervention devant ses fidèles, Mgr Gebara a souligné l’importance de « faire adhérer les prêtres des paroisses à la piété et de les instruire aux études théologiques. »  Il a d’autre part fait remarquer que « la vertu de l’amour surpasse toutes les vertus, selon les enseignements du Seigneur Jésus-Christ, et qu’elle devrait être imitée par les prêtres. »

Le prélat se retrouve à la tête d’un archevêché qui représente la deuxième communauté catholique du royaume hachémite (avec environ 30 paroisses et 30 000 fidèles selon les chiffres de 2014 tirés de Catholic Hierarchy.) Les catholiques latins étant les plus nombreux. Mais la majorité des chrétiens dans le pays (qui représentent entre 3% et 4% de la population, soit peu ou prou 200 000 fidèles) est grecque-orthodoxe.

En Jordanie, les chrétiens bénéficient de la relative stabilité du pays dans une région profondément troublée. La liberté religieuse y est sereine en bonne entente avec les musulmans. Les Eglises chrétiennes savent aussi pouvoir compter sur la protection du roi Abdallah II.

Nouveau départ pour l’Eglise melkite

C’est le 20 février dernier que le pape François a autorisé le transfert de Mgr Gebara de l’éparchie de Notre-Dame du Paradis à São Paulo au Brésil (où une diaspora importante de melkites est installée), à l’archiéparchie de Petra et Philadelphie, l’élevant à la dignité d’archevêque.

Mgr Joseph Gebara succède ainsi à Mgr Yasser el-Ayyash mais après un laps de temps de trois années. Ce dernier avait en démissionné de ses fonctions à la tête de l’archidiocèse en avril 2015. Et c’est Mgr Elie Haddad, archevêque grec-melkite de Sidon qui s’était alors vu alors confié la mission intérimaire d’administrateur patriarcal du diocèse.

Depuis, Mgr Yasser el-Ayyash a été élu en février 2018 pour assumer la charge de vicaire patriarcal melkite pour Jérusalem remplaçant Mgr Joseph-Jules Zerey, atteint par la limite d’âge.  Sa messe d’installation a eu lieu le 22 mars dernier dans la ville sainte.

Ces deux nominations interviennent moins d’un an après l’élection de Mgr Joseph Absi en juin 2017 à la tête de l’Eglise grecque-catholique melkite, qui a connu ces dernières années une profonde crise interne. La gestion menée par le patriarche Grégoire III Laham a été vivement contestée et le nouveau patriarche Joseph Absi est notamment appelé à assainir la situation financière de l’Eglise et d’y rétablir l’unité.

Unie à Rome depuis le XVIIIe siècle, cette Eglise de rite byzantin rassemble un peu plus de 1, 5 millions de fidèles dans le monde (selon l’annuario pontifico 2016), principalement originaires de Syrie ou encore de Terre Sainte.

Un parcours riche

Né le 10 juin 1965 à Amatour au Liban dans la région du Chouf, Mgr Joseph Gebara a été ordonné prêtre le 10 juillet 1993. Détenteur d’une licence en philosophie à l’Institut de théologie Saint-Paul de Harissa, il est aussi titulaire d’une maîtrise en théologie à l’Institut catholique de Paris, d’un DEA en patristique et d’un doctorat en histoire des religions et anthropologie religieuse à l’Université de Paris-Sorbonne.

Durant ses séjours en France, il a servi comme aumônier de la communauté carmélite de Saint-Elie de Montbard (Dijon), puis a été au service des paroisses de Saint-Julien-le-Pauvre (1996-1998)  et Notre-Dame des Champs (1998-2003) à Paris. Il rentre au Liban en 2003, où il est nommé curé de la paroisse Notre-Dame de la Délivrance à Hadath. En même temps, il enseigne  les Pères de l’Eglise à l’Institut de théologie Saint-Paul de Harissa, à l’université Saint-Joseph de Beyrouth, à l’université du Saint-Esprit de Kaslik et à l’université Antonina de Baabda. Mgr Gebara est par ailleurs l’auteur et le traducteur de  plusieurs ouvrages dans le domaine de la patristique.

Il a été nommé en septembre 2013 directeur de l’Institut d’études islamo-chrétiennes à l’université Saint-Joseph. En 2006, il avait pris le titre d’archiprêtre (doyen) de la 3e circonscription dans l’archidiocèse de Beyrouth.

Et c’est en octobre 2013 que le Synode de l’Eglise grecque-melkite catholique l’a élu évêque coadjuteur de São Paolo (Brésil). Son ordination épiscopale ayant eu lieu en décembre de la même année. Il est resté cinq ans sur le continent sud-américain avant de prendre ses nouvelles fonctions en Jordanie ce printemps-ci.

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