Le temps de la pandémie semble interminable et Jérusalem est de plus en plus déserte et silencieuse, enveloppée dans une atmosphère où tout semble suspendu, en attendant le moment où la vie reprendra, où les pèlerins rempliront à nouveau ses rues et ses églises.
Même les projets de dialogue interreligieux avec nos amis juifs et musulmans ont été modifiés et reportés, mais cela a laissé place à de la créativité ainsi qu’au désir de persévérer vaillamment sur les chemins empruntés. Il existe en effet deux propositions pour de nouveaux projets impliquant la Custodie de Terre Sainte, toutes deux particulières et courageuses.
Le premier projet est une invitation à collaborer, que nous a adressée le musée de la Tour de David dans la Vieille ville. Face à l’impossibilité d’accueillir visiteurs ou habitants, les conservateurs du musée ont décidé de réaliser des documentaires afin de présenter à un public plus large, accessible aux médias, l’histoire et l’identité de certaines des communautés symboliques de la ville sainte.
Le projet s’intitulera Les différents visages de Jérusalem. Les franciscains de la Custodie seront les acteurs de l’un des documentaires ; un ami juif israélien, Aviv, guide touristique passionné de christianisme, et moi nous occuperons du projet au sein de la communauté franciscaine. Nous emmènerons les visiteurs dans un tour virtuel à la découverte de l’histoire de la Custodie, en passant par les archives et la bibliothèque centrale, les tunnels qui relient les différentes parties du couvent principal de la fraternité de la Custodie, Saint-Sauveur, en abordant l’identité des frères mineurs, de leur présence au Moyen-Orient, de leurs différentes tâches en tant que gardiens des pierres historiques et des pierres vivantes de la Terre Sainte. Cela nous semble être une occasion propice pour faire tomber les murs d’ignorance et les distances réelles que la complexité de cette ville impose souvent entre les cultures, les différentes communautés et les religions qui la peuplent.
L’autre projet est né du rêve de quelques psychothérapeutes qui ont constaté l’aggravation du malaise des adolescents et des jeunes. Ils ont eu l’idée de créer un centre d’écoute et de soutien pour les jeunes qui, pour diverses raisons culturelles et linguistiques, ont moins accès aux services fournis par la municipalité et l’État. La proposition émanera des écoles chrétiennes de la Vieille ville, fréquentées par des chrétiens et des musulmans arabophones, mais sera ouverte à tous. La Custodie de Terre Sainte a été sollicitée car le groupe de spécialistes impliqués dans le projet a trouvé nécessaire d’identifier un lieu neutre, mais aussi sûr et “familier”. On choisira donc un couvent présentant de telles caractéristiques, qui soit facilement accessible depuis le centre de Jérusalem, et à la fois en dehors de la Vieille ville et éloigné des écoles qu’ils fréquentent, afin de préserver l’intimité et la discrétion. Il s’agira d’un espace où les jeunes pourront avoir des rencontres personnelles ; plus tard, nous évaluerons également la possibilité d’organiser des thérapies de groupe, de la musicothérapie et des rencontres spécifiques pour les parents et les enseignants. Le personnel des thérapeutes est composé de femmes et d’hommes qui pourront accueillir les jeunes et interagir avec eux dans différentes langues : arabe, hébreu, anglais et espagnol. Même si le service sera gratuit, une contribution symbolique sera demandée afin de responsabiliser les familles et les jeunes.
Il s’agit d’un projet audacieux qui, nous l’espérons, pourra offrir du réconfort à tant d’histoires fragiles et la possibilité de reprendre avec enthousiasme le chemin de la vie.
Dernière mise à jour: 08/04/2024 12:50