Une chance de rebond
Quand vous lirez ces lignes, le temps pascal touchera à sa fin. Je reviens pourtant sur un événement : “Nous avons célébré la Semaine sainte à Jérusalem.”
“Nous avons célébré”. Avec trois confinements et des jauges extrêmement sévères, j’ai compté sur les doigts de mes deux mains le nombre de fois où j’ai pu aller à la messe en un an. Ce jeûne eucharistique a renouvelé mon désir de communion au Corps du Christ et à la communauté. Et j’ai été gâtée à Pâques.
Dans “nous avons célébré”, il y a “nous”. Ah qu’il fut bon ce dimanche des Rameaux ! Le patriarcat latin avait obtenu l’autorisation d’une procession de 300 personnes – de Bethphagé aux portes de la Vieille ville. Mais il envisageait qu’il puisse y en avoir 600.
Ce sont 2000 – 4000 selon la police ! – qui passèrent devant le panorama de la Ville sainte.
Je les y attendais, pour estimer leur nombre et parce que c’est de là que voir passer la foule est le plus beau. À mesure que je voyais la marée humaine, je pensais à la prophétie des ossements desséchés chez Ézéchiel 37, 12 : “Je vais ouvrir vos tombeaux et je vous en ferai remonter, ô mon peuple, et je vous ramènerai sur la terre d’Israël”.
Des mois que nous étions privés les uns des autres, privés de la communauté et, enfin, le peuple des croyants reprenait vie et chantait “Hosannah au fils de David !”
Bien sûr ce n’était pas tout le peuple. En premier lieu manquaient les Palestiniens des Territoires occupés qui n’avaient pas reçu le permis de venir. Ensuite manquaient les pèlerins. Les présents étaient venus des villes de Galilée ou de Jaffa/Tel Aviv. Une foule bigarrée entre les chrétiens palestiniens d’Israël, les Israéliens chrétiens, les travailleurs migrants, les religieux du monde entier.
Puis il y eut les jours de la Passion. L’année dernière, nous les avions vécus enfermés à double tour dans notre confinement. Cette année, grâce à la campagne de vaccination dont nous avons bénéficié en Israël, nous avons pu les vivre dans les Lieux saints. Mais alors que l’étau se desserrait ici, nous n’en portions que plus intensément le reste du monde.
Puis il y a eu la Vigile et dans les rues du quartier chrétien la communauté chrétienne exprimait sa joie. Que de jeunes gens et jeunes filles ! Impressionnant. Enfin le jour de Pâques nous plongeait dans la plénitude de vie qu’offre la contemplation du tombeau vide.
Les jours ont passé et la joie demeure de ces retrouvailles avec la communauté. Et l’envie brûle de faire de cette expérience de la pandémie une chance de rebond. À nous de jouer !