Israël a publié mardi 10 avril 2018 des chiffres sur la population juive dans le monde, qui a augmenté de 26 % depuis 1948. 6,45 millions Juifs vivent en Israël. Enjeux et perspectives.
Ils sont 2 millions de moins qu’en 1939. Selon une étude réalisée par le Bureau des statistiques israélien, en coopération avec le Centre d’études du judaïsme contemporain de l’Université hébraïque de Jérusalem, un peu plus de 14,5 millions de Juifs vivent dans le monde en 2018. Ils étaient 16,6 millions en 1939. Les chiffres de cette étude ont été révélés la veille de la journée du Souvenir de l’Holocauste (Yom HaShoah). Dès mercredi soir et tout jeudi, Israël marque le rappel de l’extermination de six millions de Juifs d’Europe par le régime nazi.
Dans le détail des chiffres publiés, l’Etat hébreu abrite aujourd’hui le plus de Juifs avec 6,45 millions de personnes, contre un peu moins de 450 000 avant la Seconde Guerre Mondiale. Le taux de croissance de la population juive en Israël depuis la création de l’Etat en 48 a été multiplié par 10. Dans le reste du monde, le taux de croissance s’élève à 26%. Les Etats-Unis arrivent en deuxième place avec 5,7 millions de Juifs sur leur territoire et la France se hisse à la troisième position avec un peu plus de 450 000 personnes d’origine juive. Selon le Bureau des statistiques, il y a plus de 100 000 Juifs dans six autres pays : le Canada (390 000), la Grande-Bretagne (290 000), l’Argentine (181 000), la Russie (176 000), l’Allemagne (117 000) et l’Australie (113 000). La presse israélienne a cependant avertit qu’ « il n’a pas été précisé sur quels critères de judéité étaient basés ces chiffres.» Ce qui peut faire varier les estimations.
Densité démographique en Israël
Selon un rapport du gouvernement israélien publié il y a un an, en mai 2017, la population de l’Etat hébreu pourrait pratiquement doubler en l’espace de 40 ans environ et approcherait les 18 millions. Aujourd’hui, en plus des Israéliens d’origine juive (6,45 millions de personnes), il faut compter les 1,8 Israéliens d’origine arabe, soit une population de 8,25 millions d’habitants.
D’après les conjectures, environ 29% – soit 5,25 millions de ces peu ou prou 18 millions de résidents – seront des Juifs ultra-orthodoxes. Ces derniers, qui ne représentent que 9 % de la population actuelle du pays, pourraient alors devenir la première minorité devant les Arabes israéliens.
Par ailleurs, Israël aura la densité démographique la plus élevée du monde occidental. Selon Sergio DellaPergola, auteur de l’étude de l’an dernier et démographe auprès de la Hebrew University à Jérusalem, ces projections contiennent une marge d’erreur de quelques centaines de milliers de personnes seulement.
Plus d’arabes que de Juifs vivent en Terre Sainte
Récemment Sergio DellaPergola a calculé qu’actuellement, sur l’ensemble du territoire qui s’étend du Jourdain à la méditerranée, englobant Israël, les Territoires Palestiniens de Cisjordanie et de la Bande de Gaza, vivent 6,9 millions de Juifs et 6,5 millions d’Arabes. Selon lui, ce fossé sera probablement comblé d’ici 15 à 20 ans. « Il faudra choisir entre un territoire plus vaste mais avec moins d’identité juive et une identité juive plus affirmée sur un territoire plus restreint », a-t-il déclaré au Figaro.
Fin mars, le vice-commandant de l’Administration civile, Haim Mendes, a affirmé devant le Comité des Affaires étrangères et de la Défense du Parlement israélien (Knesset) que la population arabe palestinienne en Cisjordanie et dans la bande de Gaza avoisinait les 5 millions, excluant les 1,8 millions d’Arabes vivant en Israël et les quelques milliers autres à Jérusalem-Est. Le haut gradé de l’armée israélienne citait des chiffres récoltés auprès du Bureau central des statistiques palestinien.
Au total, il y aurait donc selon lui 6,8 millions d’Arabes et près de 6,5 Juifs vivant en Terre Sainte (Israël et Palestine). Cette estimation jugée polémique a été démentie par les députés israéliens de droite. Ils ont critiquée la source palestinienne du rapport et réclamé à Haim Mendes de fournir un document officiel.
La question démographique revêt sans conteste une dimension politique essentielle. « Si cette statistique s’avère fondée, Israël serait donc confronté pour la première fois de son histoire à une infériorité numérique de sa population juive, une nouvelle donnée qui pourrait bouleverser les équilibres politiques et sociaux », fait remarquer la chaîne de télévision israélienne i24News.