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Les chrétiens de Gaza privés de visa pour Pâques

Christophe Lafontaine
29 mars 2018
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Les chrétiens palestiniens de la bande de Gaza n'ont pas reçu l’aval des autorités israéliennes pour fêter Pâques à Jérusalem. Dans l’enclave, de récents accrocs et des manifestations prévues rendent le contexte tendu.


A Noël, quelques dizaines de chrétiens de la bande de Gaza ont pu sortir avec des permis accordés par Israël. Vingt et un d’entre eux ne seraient pas revenus, explique le curé de la paroisse catholique latine de Gaza City, à l’agence italienne Sir. C’est la raison qu’avance l’administration israélienne pour ne pas accorder de nouveaux visas tant que les Gazouis échappés en décembre ne reviennent pas, rajoute le père Mario da Silva. Une hypothèse de retour à laquelle le prêtre de la paroisse de la Sainte-Famille ne croit cependant pas. Ainsi, les autorités ecclésiastiques de Gaza qui avaient déposé 600 demandes de visas pour leurs fidèles désirant célébrer dans la ville sainte les festivités pascales se sont vues opposer une fin de non recevoir. Un coup d’assommoir pour  le petit troupeau chrétien gazaoui qui rassemble environ 1000 grecs-orthodoxes et 130 catholiques latins. L’an dernier, 570 d’entre eux avaient été autorisés à sortir du petit territoire côtier pour Pâques, selon Reuters.

Le père Ibrahim Shomali, chancelier du patriarcat latin de Jérusalem, interrogé par Vatican News, déplore la décision israélienne. Selon lui, les fidèles devraient pouvoir se rendre dans la Ville Sainte sans permis. « Chacun devrait avoir le droit de vivre et de travailler où il veut. Les droits de l’Homme ne sont pas respectés ici »,  regrette-t-il. « Jérusalem est une mère qui aime tous ses enfants, sans distinction. C’est la mère de tous les chrétiens, de tous les musulmans et de tous les juifs », assène-t-il.

Pâques sous tension

Le père da Silva, membre de la communauté du Verbe incarné, confie à l’agence Sir, qu’il sera difficile cette année de « sanctifier le triduum pascal » (ndlr : célébration de  la Passion, de la Mort et de la Résurrection du Christ). Tant le contexte paraît volatile. Récemment, des tirs en provenance de la bande de Gaza, l’explosion d’engins piégés provoquant une riposte israélienne et des incursions de Palestiniens en territoire israélien, ont fait monter la tension le long de la barrière israélienne qui ferme la frontière avec l’enclave.

Le curé ne sait pas sur combien de fidèles il pourra compter pour les offices. Notamment le jour du Vendredi Saint qui coïncidera non seulement avec le jour de prière pour les musulmans mais aussi avec des manifestations massives qui sont attendues. Le père Mario da Silva pense que «  beaucoup de (ses) fidèles ne quitteront pas leur maison. »

De fait, sous blocus israélien et égyptien, les Gazaouis ont été appelés – à l’occasion de la « Journée de la terre » – à se rassembler dans des camps de tentes dressés en différents points à quelques centaines de mètres de la barrière israélienne qui ferme la frontière. Cette journée commémore l’expropriation par le gouvernement israélien des terres appartenant aux Arabes en Galilée le 30 mars 1976.

Les manifestations dans la bande de Gaza sont prévues pour une durée d’un mois et demi. Jusqu’au 15 mai, date qui coïncide avec la Nakba (Catastrophe en arabe), le jour de la commémoration de l’exode palestinien de 1948.

Le chef d’état-major israélien, le général Gadi Eisenkot a prévenu que les soldats ouvriraient le feu si les Palestiniens s’approchaient de manière menaçante de la frontière. Pour ce faire, l’armée israélienne a déployé moult renforts. Elle dit se préparer à tous les scénarios. Une centaine de snipers a été mobilisée, a prévenu le général Eisenkot, au quotidien centriste israélien Yediot Aharonot. Dans une interview au quotidien Haaretz, le général se dit préoccupé de la situation à Gaza et en Cisjordanie. Selon lui, au cours des prochains mois la situation sera particulièrement tendue au vu des évènements qui auront lieu pendant cette période, dont le 70ème  anniversaire de l’indépendance d’Israël célébrée le 14 mai et le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem qui aura lieu le même jour.

Mais l’espérance chrétienne demeure.  Le Père da Silva lance par l’intermédiaire de l’agence de presse italienne Sir un appel aux chrétiens du monde entier : « Moi et ma communauté voulons envoyer nos salutations de Pâques à tous nos frères dans le monde, avec une requête : priez pour nous qui souffrons avec Christ. Nous voulons ressusciter avec Lui pour avoir une vie nouvelle. Que Dieu vous bénisse tous et priez pour nous. Nous offrons nos souffrances pour le bien du monde et pour vous tous ! »

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