Quand un archéologue rencontre un autre archéologue, qu’est-ce qu’ils se racontent ? Fasciné par ses découvertes, Benyamin Storchan aime les partager. Au fil des années, il a fait participer aux fouilles des centaines de jeunes Israéliens et les a ouverts au christianisme byzantin. “Ça ne dérange pas votre foi ?” “Non, ça l’enrichit en réalité mais ça ne l’interroge pas. Si je devais fouiller un site religieux juif, alors ce serait plus délicat.” Benyamin est revenu sur le site pour Terre Sainte Magazine. Qu’il en soit chaleureusement remercié. Et que soient remerciés tous les archéologues qui ont accepté de nous consacrer du temps dans leur agenda si chargé.
Un merci tout spécial au frère dominicain Dominique-Marie Cabaret. Non seulement il a éclairé notre visite du monastère du Glorieux martyr de ses questions averties, mais en plus d’une interview réalisée à l’École biblique et archéologique française (Ébaf) de Jérusalem, il nous a guidés dans Qumrân. Lui aussi est débordé. Il doit terminer un livre sur la basilique byzantine consacrée à saint Étienne et le temps lui est compté.
DoMaC – pour les intimes – va quitter l’Ébaf contre son gré et contre celui de ceux qui ont apprécié durant 10 ans son travail, ses compétences, sa disponibilité. Une décision incompréhensible qui va fragiliser dans ses fondements l’École biblique dont la spécificité reposait sur son archéologie et sa francophonie. Le fondateur, le père Marie-Joseph Lagrange, doit se retourner dans la tombe et avec lui tous les dominicains qui, depuis 132 ans, ont porté cette vocation. À se demander si elle y survivra. Déménagez la bibliothèque et les biblistes poursuivront leurs travaux ailleurs, mais la terre des pays bibliques a besoin d’archéologues sur place. Frère Dominique-Marie, avec une approche originale, puise dans la rigueur de sa formation d’ingénieur. Il apportait non seulement son aide mais aussi un nouveau dynamisme au département que le frère Jean-Baptiste Humbert a animé pendant 40 ans. DoMaC a mené ses propres travaux avec brio, dont sa thèse sur “L’urbanisme du nord de Jérusalem du IIe s. av. au IIe s. ap. J.-C.”, saluée par les collègues israéliens qui se sont vu damer le pion par une archéologie française vivante et novatrice. DoMaC aurait dû porter à lui seul la continuité du département, et l’écarter – comme c’est le cas – ressemble à de l’auto-sabordage pour l’Ébaf.
En plus de son travail, il a été le pont entre l’École et tous les francophones qui gravitent autour d’elle grâce aux Visites du samedi. Arrivé en 2012 à Jérusalem, il se les vit confiées par le père Marcel Sigrist, qui avait repris le flambeau du père Benoît.
Nous sommes obligés de parler de frère Dominique-Marie Cabaret au passé pour ce qui est de Jérusalem, son départ devrait être effectif avant l’été.
Mais nous souhaitons au frère dominicain, précieux conseiller et ami, de puiser dans le cœur de la Trinité (sujet de son doctorat en théologie dogmatique – excusez du peu), la consolation et la force de se donner encore, là où l’obéissance le conduit.
Dernière mise à jour: 01/05/2024 10:08