C’est le 15 février 2018 que sera inaugurée en Moyenne-Egypte une église en l’honneur des 21 chrétiens exécutés en Libye en 2015 par Daesh, a annoncé Fides. Les victimes, la plupart copte, ont été tuées pour leur foi.
Le président Abdel Fattah al-Sissi en avait fait la promesse. L’église dédiée aux 21 martyrs coptes « de la foi et de la Patrie » a été entièrement bâtie grâce aux deniers de l’Etat égyptien. Une annonce qui avait été amplement relayée après que quotidien indépendant de la langue anglaise, le Daily News égyptien s’en était fait l’écho en septembre 2015. Dès le mois suivant, les plans et les autorisations administratives avaient été obtenus ainsi que la moitié des coûts de construction, qui devaient s’élever à 1,3 million de dollars avait alors rapporté l’agence de presse autrichienne Kathpress.
Le lieu de culte, à moins de 250 kilomètres au sud du Caire, sera donc inauguré le 8 Amshir du calendrier copte (15 février du calendrier grégorien). Jour fixé dans le calendrier copte pour la mémoire liturgique des martyrs tués par l’auto-proclamé Etat Islamique. De fait, une semaine après la nouvelle de l’exécution, le Patriarche copte orthodoxe, Tawadros II, avait décidé d’inscrire, les 21 victimes assassinées au Synaxarium, le livre des martyrs de l’Eglise copte orthodoxe. La procédure équivaut à la canonisation dans l’Eglise romaine. La date du 15 février n’est pas un hasard. Elle correspond au jour où des miliciens de l’Etat islamique avaient diffusé la vidéo de la décapitation en Libye de ces jeunes ouvriers chrétiens. Depuis, leur mémoire est célébrée chaque année ce jour-là dans chacun des diocèses coptes d’Egypte, de Jordanie et de Libye.
C’est le village d’el-Awar, dans le district de Samalut, en province d’al-Minya, d’où étaient originaires 13 des 21 martyrs qui aura vu ces derniers mois la construction de cette « église des martyrs ». La petite cité s’apprête à accueillir en plus des personnalités officielles, politiques et religieuses, les familles des victimes. Parmi elles, 20 égyptiens appartenaient à l’Eglise copte orthodoxe, et, un Ghanéen ou Tchadien (lui aussi chrétien) qui travaillait avec ce groupe. Les victimes avaient entre vingt et trente ans et la moitié d’entre eux étaient mariés.
L’inauguration sera doublement symbolique, car beaucoup d’églises de la ville d’al-Minya avaient été détruites par les islamistes et les Frères Musulmans en août 2013. Al-Minya est aussi connue depuis la fin des années 70 quand fut découvert le codex Thacos. Un manuscrit copte en dialecte saïdique dont plus d’une vingtaine de pages constituent « l’évangile de Judas ». Un apocryphe.
Le transfert des dépouilles n’a pas été confirmé
La construction de « l’église des martyrs » montre l’attention dont le chef de l’Etat égyptien a pu plusieurs fois témoigner auprès des chrétiens d’Egypte régulièrement endeuillés. On se souvient qu’il s’était rendu, au lendemain de la diffusion de la vidéo barbare montrant la décapitation des 21 jeunes hommes agenouillés devant leurs bourreaux – cagoulés et en combinaison orange -, à la cathédrale Saint-Marc du Caire. Il avait alors présenté ses condoléances au pape des coptes, Tawadros II. Il avait ensuite décrété sept jours de deuil national. Un décret présidentiel avait aussi été annoncé pour que les familles des victimes reçoivent un dédommagement financier et bénéficient d’une pension mensuelle (1500 livres égyptiennes, sachant que le revenu minimum en Egypte est de 1200 livres égyptiennes par mois). Une aide précieuse pour ces familles dont la majeure partie était entretenue par ces fils, frères ou maris égorgés, partis travailler en Libye pour gagner leur pain.
En septembre 2017, les corps des 21 martyrs ont été retrouvés – les têtes séparées des corps – dans un charnier près de Syrte sur la côte libyenne. Ce qui avait permis leur identification. Toutefois, l’agence Fides, qui a rapporté l’annonce de l’inauguration solennelle de « l’église des martyrs » à el-Awar, précise que le transfert des dépouilles dans la nouvelle église n’a pas été confirmé. Une église sanctuaire, construite en leur mémoire, et qui a vocation à assurer un jour assurer la sépulture des 21 saints coptes.
« Le sceau de leur martyre »
Dans la perspective de la toute prochaine cérémonie d’inauguration l’agence d’information catholique a rappelé les propos – qu’elle avait recueillis en février 2015 – de Mgr Antonios Aziz Mina, évêque émérite de Gizeh, confirmant que les 21 victimes ont été tuées au nom de leur foi et sont mortes en odeur de sainteté. Comme leurs frères des premiers siècles, en prononçant le nom du Christ. « La vidéo qui montre leur exécution a été construite comme une mise en scène cinématographique terrifiante, dans le but de répandre la terreur. Et pourtant, dans ce produit diabolique de la fiction et de l’horreur sanguinaire, on voit que certains des martyrs, au moment de leur mise à mort barbare, répètent « Seigneur Jésus Christ. » Le nom de Jésus a été le dernier mot qui est venu sur leurs lèvres. Comme dans la passion des premiers martyrs, ils s’en sont remis à Celui qui, peu après, les aurait accueillis. Ils ont ainsi célébré leur victoire, une victoire qu’aucun bourreau ne pourra leur enlever. Ce nom murmuré au dernier instant a été comme le sceau de leur martyre. » Le Pape François s’était, à la même époque, exclamait ainsi : « Ils ont été assassinés pour le seul fait d’être chrétiens, avait réagi le pape François aussitôt après l’assassinat des 21 coptes. Le sang de nos frères chrétiens est un témoignage qui hurle. Qu’ils soient catholiques, orthodoxes, coptes, luthériens, peu importe : ils sont chrétiens ! Et le sang est le même. Donner son sang, c’est témoigner du Christ ».