Actualité et archéologie du Moyen-Orient et du monde de la Bible

Sliman Mansour ou la peinture fermement enracinée

Marie-A. Beaulieu
12 mai 2024
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“L’histoire de Pâques nous rappelle la résilience et l’espoir qui émergent de la souffrance, offrant un phare de lumière au milieu des ténèbres. Tout comme les chrétiens célèbrent le triomphe de la vie sur la mort, il existe un désir ardent de voir la paix et la justice prévaloir sur la terre où Jésus lui-même a marché autrefois. Pâques nous appelle à être solidaires avec les opprimés, en plaidant pour un monde où tous peuvent vivre à l’abri de la persécution et de l’injustice.”

Ces lignes sont de Sliman Mansour, auteur du tableau que nous reproduisons en couverture et Sliman Mansour est un des plus grands peintres palestiniens. Il nous a fait l’honneur, et le cadeau, de pouvoir reproduire certaines de ses œuvres pour illustrer le premier article de notre dossier.

Sliman, c’est la contraction familière de Suleiman ou Soliman en français. C’est l’équivalent de l’hébreu Salomon et signifie “homme de paix”. C’est un prénom qui lui va bien.

Mansour est né en 1947 dans une famille chrétienne de Birzeit, aux abords de Ramallah dans la Palestine mandataire. Très tôt il se dirige vers l’art et étudie à la prestigieuse École des beaux-arts Bezalel. Dès les années soixante-dix, sa peinture s’attache à représenter la vie pastorale. Pas celle des “amusements de la campagne” comme la définit Louis de Jaucourt dans l’article “Peinture” de l’Encyclopédie en 1765. La vie pastorale de Mansour est l’expression massive de l’être palestinien. Car pour être un homme de paix, Sliman Mansour n’en est pas moins un homme de convictions. Et sa conviction première c’est qu’il appartient à un peuple, qui a ses racines ici dans cette terre.

Toutes ses œuvres ne dépeignent pas pour autant une vie innocente traversée des gestes de la tradition : la cueillette, les moissons, les labours, la pêche, la taille des pierres… Certaines, en fonction des crises politiques, se font plus sombres, mais toutes sont l’illustration d’un concept aussi enraciné dans la conscience collective des Palestiniens que des oliviers millénaires : le soumoud. “Pour moi, expliquait dans une interview à Al Jazeera en février dernier Sliman Mansour, le sumud, c’est ne pas oublier qui nous sommes et lutter tout le temps pour notre libération. Ne pas céder aux exigences d’Israël selon lesquelles si nous voulons vivre sur cette terre, nous devons vivre comme un peuple de seconde zone.”

Cette résistance, il ne la conçoit que dans la non-violence. “En fin de compte, je pense que notre combat est de nous réhumaniser. Il existe une sorte de déshumanisation du peuple palestinien – le fait que ce peuple, les Palestiniens, ne soit pas pleinement des êtres humains. Ils sont inférieurs aux êtres humains, ils ne méritent donc pas tous leurs droits et nous pouvons donc prendre la terre et les tuer.” “Mes amis et le peuple palestinien sont très pacifiques. Ils détestent se battre. Ils détestent la guerre. Nous détestons cela et aimerions vivre comme des êtres humains normaux – en paix. C’est notre objectif ultime.” Merci à George Al Lama d’avoir intercédé pour nous auprès de Sliman Mansour.

Dernière mise à jour: 12/07/2024 13:25