Dans le 10e mois de guerre, la Knesset a approuvé en première lecture un projet de loi visant à rallonger la durée du service militaire des hommes. Elle passerait à 36 mois – trois ans – contre les 32 actuels obtenus en 2015.
Cette décision intervient alors que l’armée israélienne est confrontée à une pénurie de troupes tandis qu’elle fait face à deux fronts, à Gaza et à sa frontière avec le Liban. L’extension, qui serait valable pour une durée de cinq ans, met fin au projet gouvernemental annoncé en juin 2023 proposant de ramener le temps de service à 28 mois d’ici 2030.
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L’armée israélienne est née officiellement le 26 mai 1948, au lendemain de la déclaration d’indépendance de l’Etat hébreu, sous le nom hébreu de Tsva Ha-Hagana Le-Yisrael dont l’acronyme est Tsahal et qui signifie « Forces de défense d’Israël » abrégé IDF en anglais.
Il fut alors fixé que le service militaire était obligatoire pour la plupart des citoyens juifs. Etaient exemptés : les personnes ayant des problèmes de santé physique ou mentale. Quant aux étudiants des yeshivot (écoles talmudiques), les bochurim, ils bénéficièrent alors d’une loi de report qui se transforma en exonération totale. Alors qu’ils étaient 400 exemptés en 1948, les bochurim sont aujourd’hui 63000 et représentent 18% des israéliens juifs en âge de faire l’armée.
Dès la création de Tsahal, les femmes étaient également enrôlées, faisant d’Israël est l’un des rares pays au monde où le service militaire est obligatoire pour la gent féminine. En 1948, leur temps de service fut fixé à 18 mois. Il fut prolongé à 24 mois en 1968 et réduit à 21 mois en 2020.
En 1956, les rangs de Tsahal s’étoffaient avec la conscription des Druzes[1] et en 1958 celle des Circassiens[2]. Toutefois si leur service militaire devint obligatoire, il y a, s’agissant de ces deux communautés, une différence de traitement selon le genre. En effet, les femmes druzes et circassiennes ne sont pas soumises à l’obligation mais peuvent choisir de se porter volontaires.
Le service militaire n’a jamais été obligatoire pour les Bédouins. Ils sont néanmoins nombreux à choisir de servir faisant de l’expérience une voie d’intégration à la société israélienne.
Les citoyens arabes d’Israël, hommes et femmes, musulmans et chrétiens, sont jusqu’à ce jour exemptés mais peuvent se porter volontaires. Ils seraient 1000 dans ce cas en 2023. Un chiffre en augmentation sensible.
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Actuellement, les Forces de défense israéliennes comptent quelque 170 000 soldats en service actif. 40 % des conscrits de Tsahal sont des femmes, lesquelles sont de plus en plus nombreuses à servir dans des unités de combat.
Mais Tsahal, c’est aussi une armée de réserve. Tous les soldats ayant terminé leur service militaire actif sont automatiquement transférés à la réserve. Pour les hommes jusqu’à l’âge de 40 ans pour les soldats non-combattants et jusqu’à 45 ans pour les combattants. Les officiers et les soldats occupant des rôles spécifiques peuvent être tenus de servir jusqu’à 51 ans.
Les femmes peuvent être appelées à servir dans la réserve jusqu’à l’âge de 38 ans et dans de rares cas jusqu’à 45 ans.
Les réservistes sont généralement appelés pour des périodes de service annuel qui peuvent durer plusieurs semaines, en fonction des besoins de l’armée et du rôle du réserviste.
Les conditions d’exemption sont plus nombreuses que pour le service militaire : raisons de santé, statut familial (comme la parentalité), raisons professionnelles dans des cas spécifiques et résidence à l’étranger sous réserve d’obtenir un permis spécial du ministère de la Défense.
En cas de mobilisation importante, comme cela a été le cas après l’attaque par le Hamas du 7 octobre 2023, les réservistes israéliens vivant à l’étranger sont souvent appelés à revenir en Israël pour servir. Le non-respect de cette obligation peut entraîner des conséquences légales.
Après le 7 octobre 2023, Israël a lancé un appel massif à ses réservistes. Environ 360 000 ont été mobilisés, faisant de cette mobilisation la plus grande depuis la guerre de Yom Kippour en 1973.
S’il faut être israélien pour servir dans l’IDF, il existe des programmes à destination des juifs du monde pour intégrer les rangs de l’armée. Le programme Mahal permet aux juifs de la diaspora, âgés de 18 à 23 ans, de rejoindre Tsahal pour un service de 18 mois. Le programme Garin Tzabar permet aux jeunes juifs de l’étranger d’immigrer en Israël et de s’intégrer dans des communautés tout en préparant leur service militaire.\
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Deux programmes s’adressent aux non-juifs et non-citoyens. Le programme Chetz (Flèche) est destiné spécifiquement aux jeunes « chrétiens-sionistes » du monde entier. Il permet aux volontaires non-juifs de servir dans l’IDF pendant un an, souvent dans des rôles de soutien logistique et administratif. Le programme Sar-El permet aux non-citoyens, y compris les non-Juifs, de faire du bénévolat sur les bases militaires israéliennes pour des périodes de 1 à 3 semaines. Les volontaires effectuent des tâches logistiques et de soutien, et n’ont pas de fonctions de combat.
En 2024, le budget de la défense israélienne est estimé à 30 milliards de shekels supplémentaires (environ 7,5 milliards d’euro), portant le budget total à 562 milliards de shekels (environ 140 milliards d’euro). Cela représente une augmentation significative en réponse au conflit en cours à Gaza. Le budget de la défense représente environ 5,2 % du PIB israélien.
Les États-Unis contribuent chaque année de manière significative au budget de la défense israélienne à hauteur de 4 milliards. En octobre 2023, le Congrès américain a approuvé un montant supplémentaire de 8,5 milliards de dollars.
[1] En 2023, la population druze en Israël était d’environ 152 000 personnes.
[2] En 2023, la population circassienne en Israël est estimée entre 4 000 et 5 000 personnes. Les Circassiens ou Tcherkesses sont une minorité ethnique musulmane sunnite établie dans la région par l’Empire ottoman à la fin du XIXe siècle.