En Israël, le Premier ministre a annoncé un accord international visant à expulser plus de 38000 demandeurs d’asile africains. Le gouvernement, lui, a approuvé le 19 novembre 2017 la fermeture d’un centre de migrants.
Israël a enclenché la phase d’«expulsion accélérée» des migrants clandestins africains. Objectif : renvoyer hors du pays plus de 38 000 Africains entrés illégalement dans le pays. Notamment 27 494 Erythréens et 7 869 Soudanais selon des chiffres officiels à fin juin, rapportés par l’AFP. Dimanche 19 novembre 2017, lors de la réunion hebdomadaire du gouvernement, le Premier ministre a annoncé «un accord international» lui permettant d’expulser ces milliers d’Africains. L’Etat hébreu qui admet que les Soudanais et les Erythréens ne sont pas en mesure de revenir dans leurs pays d’origine qui ne sont pas sécurisés, a signé des accords avec des pays tiers, qui acceptent les migrants moyennant finances. « Ce plan fait suite à un jugement émis au mois d’août par la Haute Cour de justice d’Israël qui avalise la politique de réinstallation forcée appliquée par le gouvernement israélien depuis mars 2015, à condition que certaines mesures de protection soient mises en place dans les pays tiers », a déclaré dans un communiqué le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés.
Alors que Benjamin Netanyahu n’a pas explicitement nommé les pays tiers en Afrique où les demandeurs d’asile seraient expulsés, les médias locaux ont indiqué que le Rwanda et l’Ouganda seraient les destinations des expulsés. Ces deux pays, indique-t-on de source gouvernementale israélienne d’après RFI, acceptent d’accueillir les migrants si leur départ d’Israël se fait avec leur consentement. A ce titre, Israël prévoit par exemple de payer 5 000 dollars au Rwanda pour chaque demandeur d’asile qu’il accepte de recevoir, a rapporté le journal Haaretz. Israël paiera également à chaque demandeur d’asile 3 500 dollars et le billet d’avion pour le déplacement, selon le même journal.
Pour Benyamin Netanyahu, c’est la troisième étape de sa politique d’émigration, liée à la question des réfugiés en provenance d’Afrique. Après avoir construit une barrière à la frontière égyptienne puis expulsé 20 000 immigrés illégaux africains (au cours des ces deux dernières années dans le cadre de divers accords), Israël passe à la vitesse supérieure. Le Premier ministre israélien l’a souligné : l’Etat hébreu est désormais à l’étape de «l’expulsion accélérée».
La fermeture de Holot était pré-conditionnée
Dans une déclaration sur Twitter, Gilad Erdan, le ministre de la Sécurité publique a relevé que la fermeture de Holot du centre de rétention pour migrants était pré-conditionnée par la possibilité d’expulser les migrants vers un pays tiers. Ce que confirment les propos de Benjamin Netanyahu repris dans le Times of Israel : « cela nous permettra de fermer Holot », en référence au centre de rétention pour migrants situé dans le désert du Néguev au sud d’Israël à 15 kilomètres de la frontière égyptienne, qui peut accueillir jusqu’à 1200 migrants. De fait, dimanche 19 novembre 2017, le gouvernement israélien a approuvé à l’unanimité la fermeture de Holot (ouvert début 2014). Il sera fermé pour 3 mois. Ouvrant la voie à l’expulsion de milliers de migrants africains.
Avant le vote, le ministre Gilad Erdan, cité par l’Agence France Presse a déclaré que Holot était devenu « un hôtel » pour migrants en situation irrégulière « à la solde des contribuables qui n’encourage pas leur sortie » pour un coût de 240 millions de shekels (environ 58 millions d’euros) par an.
Les ministres israéliens de l’Intérieur et de la Sécurité publique ont donné aux migrants un délai de trois mois pour quitter le pays ou alors être expulsés de force. Sous peine d’emprisonnement.
« Vous avez perdu la tête ? »
L’agence pour les réfugiés des Nations unies, dans son communiqué, s’est dite « sérieusement préoccupée » par les propositions d’Israël annoncées, face au plan d’expulsion ou d’incarcération de milliers de migrants africains au cours des prochains mois. Le HCR a aussi expliqué que « depuis qu’Israël a repris la charge de la détermination du statut de réfugiés au HCR en 2009, les autorités n’ont reconnu le statut de réfugiés qu’à huit Érythréens et à deux Soudanais. Deux cents autres Soudanais, tous originaires du Darfour, se sont récemment vu reconnaître le statut de réfugiés humanitaires en Israël. »
Le Times of Israel a rapporté lundi 20 novembre que les députés y compris ceux du parti de l’opposition (Union sioniste) avaient approuvé, lundi le projet du gouvernement qui vise à fermer le camp de migrants de Holot. La proposition du gouvernement a été adoptée en lecture préliminaire avec 53 voix pour et 10 voix contre. Selon le quotidien israélien en ligne, « elle permettra de rouvrir le centre de Holot si les expulsions de masse stagnent. » Mais la députée Tamar Zandberg élue du Meretz (parti politique israélien de la gauche, laïc et socialiste), a fustigé les élus ayant voté en faveur de la fermeture du centre. « Qu’est ce qui ne va pas chez vous » a-t-elle fulminé, ajoutant « Vous avez perdu la tête ? Ce n’est plus de l’électoralisme, mais une [question] de valeurs fondamentales. C’est la capacité à discerner entre le bien et le mal. »