Du 26 septembre au 1er octobre, la communauté œcuménique de Taizé (France) a réuni 200 jeunes chrétiens en Egypte. Lors de ce « pèlerinage de confiance », le prieur de Taizé a rencontré le pape des coptes orthodoxes.
Un vrai melting-pot chrétien. Quelque 200 jeunes étaient réunis en Egypte à l’appel de Taizé, venant pour moitié de diverses villes du pays et pour moitié de 22 pays du Proche-Orient et d’Europe. Ainsi, à la centaine d’Egyptiens, s’est donc mêlée une autre centaine de jeunes adultes. Européens (Français, Allemands, Hollandais, Polonais…) pour la majorité mais également Irakiens, Libanais ou encore deux Ethiopiens étaient de la partie.
Ce rassemblement s’est tenu au monastère d’Anaphora, situé à 75 km au nord du Caire sur la route vers Alexandrie. Ce lieu de retraite copte-orthodoxe a été fondé en 1999 par l’évêque copte de El Qusseia, Meir et Anafora, Mgr Anba Thomas.
C’est la première fois que la communauté de Taizé organisait un tel événement dans le monde arabe sous le signe de la rencontre, de l’unité et de la paix dans un pays troublé par le terrorisme. Frère Aloïs, prieur de la Communauté de Taizé depuis 2005 était accompagné de quelques frères. « C’est plus qu’une rencontre, a-t-il expliqué au journal La Croix, c’est un pèlerinage de confiance ». « La situation aujourd’hui exige d’être plus ouvert aux chrétiens des pays à majorité musulmane », a-t-il ajouté.
« L’objet de cette rencontre était que notre communauté œcuménique parte en Egypte avec une petite délégation de jeunes de différentes Eglises et de différents pays, pour rencontrer l’Eglise copte orthodoxe », a détaillé quant à lui l’organisateur de ce rassemblement, frère Maxime de Taizé au micro de RCF. Pour ce frère, il faut retenir de ce déplacement « la joie de se rencontrer d’une manière réelle, sur plusieurs jours, entre plusieurs jeunes des deux rives de la Méditerranée, géographiquement assez proches. On sent une grande soif de se découvrir les uns les autres. C’était assez beau de voir comment l’esprit et la pratique de ce que nous vivons à Taizé se mariait bien avec la liturgie copte. »
La situation des chrétiens est plus facile dans les grandes villes en Egypte
Cette rencontre incluait des temps d’échanges, de prières et de visites culturelles. Le programme incluait notamment des temps de discussion avec Mgr Anba Thomas et frère Aloïs, des ateliers, célébrations en anglais, en arabe, et en copte. Mais aussi une rencontre à l’Institut d’études orientales du Caire avec les frères dominicains et Oussama Nabil, professeur à l’université Al-Azhar. Ainsi qu’une visite au monastère Saint Macaire de Wadi Natrun. La communauté de Taizé voulait découvrir et faire découvrir deux millénaires de présence chrétienne et de tradition de prière en terre d’Egypte, l’appel du désert qui a donné naissance à la vie monastique, la rencontre fructueuse entre les cultures égyptienne, grecque et arabe et sa fécondité aujourd’hui, l’engagement social des communautés chrétiennes auprès des plus démunis, celles et ceux qui vivent l’Evangile aujourd’hui en Egypte.
Au cours des échanges, chacun a pu raconter la façon de vivre sa foi, ses difficultés. Selon le journal La croix la plupart des participants s’accordaient à dire « qu’en Egypte la situation des chrétiens est plus facile dans les grandes villes, dans les milieux instruits et tolérants mais que dans les villages de Haute Egypte en particulier – la situation est difficile. »
Au dernier jour du pèlerinage au Caire frère Aloïs à été fraternellement accueilli par le Pape Tawadros, chef de l’Eglise copte orthodoxe, dans sa résidence du lac Mariout. L’entretien a porté sur la rencontre que venait de vivre les 200 jeunes, sur les origines monastiques de la communauté de Taizé, sur la pastorale des jeunes et sur l’urgence de la réconciliation entre chrétiens. D’après frère Maxime toujours au micro de RCF, il est ressorti de cette rencontre « un climat de bienveillance assez exceptionnel qui vient de la visite du pape François. Le pape Tawadros a montré un réel intérêt à ce que nous pouvions vivre à Taizé. »
Ce déplacement s’est fait sur fond de troubles graves en Egypte puisqu’à l’heure actuelle, les coptes sont encore la cible d’attentats meurtriers. Les chrétiens en Egypte représentent entre 8 à 10 % de la population globale. Le groupe Daech les a désignés comme l’une de ses cibles privilégiées.
« Chemin de la Sainte Famille »
A noter que le ministre égyptien du Tourisme, Yahya Rashid, était à nouveau en visite au Vatican, début octobre dans le but de trouver appui et collaboration dans le cadre de l’effort fait par le gouvernement égyptien de promouvoir les pèlerinages le long du « Chemin de la Sainte Famille ». L’Egypte vise à relancer cet itinéraire de pèlerinage qui unit les lieux traversés, selon la tradition, par Marie, Joseph et l’Enfant-Jésus lorsqu’ils trouvèrent refuge en Egypte pour fuir la violence du roi Hérode. Le pape François n’a donc pas manqué de saluer, lors l’audience générale du 4 octobre 2017 Place Saint-Pierre à Rome, les membres de la délégation interreligieuse emmenée par le ministre égyptien du Tourisme pour faire bénir une icône qui décrit la fuite en Egypte de la Sainte Famille, rapportent les sources vaticanes. A l’audience, le pape a alors rappelé l’histoire sainte de l’Egypte: « Je me souviens avec affection de ma visite apostolique dans votre terre bonne et à son peuple généreux, terre sur laquelle ont vécu saint Joseph, la Vierge Marie et l’Enfant Jésus et tant de prophètes, terre bénie au cours des siècles par le précieux sang des martyrs et des justes, terre de vivre ensemble et d’hospitalité, terre de rencontre, d’histoire et de civilisation. » Et de conclure : « Que le Seigneur vous bénisse tous et protège votre pays, le Moyen-Orient et le monde entier de tout mal, et de tout terrorisme et du malin ! » leur a-t-il lancé.