Des symboles nazis ont été retrouvés le 24 septembre 2017 sur les murs d’un immeuble abandonné du quartier d’Armon Hanatziv à Jérusalem. Le service médico-légal de la police de Jérusalem a diligenté une enquête.
Sombre dimanche pour la communauté juive. En Allemagne, la montée de la droite nationaliste est source d’inquiétude. Avec 13% des voix aux élections législatives, l’extrême droite s’impose comme « troisième force politique » du pays. Plusieurs organisations juives ont exprimé leur crainte face à la montée de l’AfD (Alternative für Deutschland) parti qui « rappelle les heures les plus sombres de l’Allemagne », selon le président du Congrès juif mondial, Ronald S. Lauder. « Les fantômes du passé reviennent », s’est inquiété de son côté l’hebdomadaire Der Spiegel. Benjamin Netanyahu a félicité Angela Merkel « une amie sincère d’Israël, pour sa réélection au poste de chancelier d’Allemagne » mais n’a rien dit sur l’entrée en force de l’AfD à la chambre des députés, une première depuis 1945 pour un parti qui tient des discours nationalistes.
En Israël, sans qu’il n’y ait de liens avec l’actualité allemande mais avec autant d’agressivité, des graffitis nazis ont été découverts hier dans un immeuble abandonné du sud-est de Jérusalem, proche de la rue Adam du quartier Armon Hanatziv. C’est le Times of Israel qui révèle dans son édition dominicale que des croix gammées (svastikas), un symbole SS, et une image représentant le symbole du parti nazi, l’aigle impérial suspendu sur une croix gammée, ont été peints sur les murs du bâtiment. Une enquête a été immédiatement ouverte. La police scientifique a recueilli sur le terrain des échantillons pour déterminer l’identité des auteurs.
Des précédents
Même s’ils restent rares, des précédents ont déjà eu lieu à Jérusalem comme dans le reste du pays. En août dernier, une croix gammée a été taguée à l’université hébraïque de Jérusalem. Il s’agissait du deuxième acte antisémite signalé en deux semaines dans le réputé établissement. Une croix gammée avait également été trouvée griffonnée dans des toilettes de l’université avec un signe égal accolé à une étoile de David.
En juin, un Israélien avait été arrêté après avoir peint des croix gammées sur une synagogue et sur les murs intérieurs d’un immeuble voisin dans le quartier de Nahlaot, à Jérusalem. En juin également, la police avait arrêté deux adolescents juifs, suspectés d’avoir tracé des croix gammées sur deux synagogues de Petah Tikva, dans le centre du pays. Peuplée de 230 000 habitants, Petah Tikva a déjà été le théâtre d’incidents similaires. Lors de la première matinée de Pessah, la Pâques juive, le 11 avril 2017, plusieurs résidents de la ville située à dix kilomètres de Tel-Aviv, ont eu la désagréable surprise de découvrir des signes nazis dans leur voisinage. Dans les années 2000, sa grande synagogue a plusieurs fois été vandalisée. En 2006 par exemple, plusieurs murs de l’édifice religieux ainsi que des livres sacrés incluant le rouleau de la Torah avaient été recouverts de croix gammées.
En 2012, c’est à Yad Vashem que des graffitis pro-nazis et anti-sionistes avaient été repérés. Le mémorial de la Shoah en Israël est consacré au souvenir des six millions de juifs victimes du génocide nazi, durant la Seconde Guerre mondiale. Parmi les graffitis, figuraient des inscriptions à la gloire d’Hitler : « Si Hitler n’avait pas existé, les sionistes l’auraient inventé » et « Merci Hitler pour cette merveilleuse Shoah, c’est uniquement grâce à toi que nous avons obtenu un Etat de la part de l’Onu », en référence à la création de l’Etat d’Israël en 1948, à l’issue de la Seconde Guerre mondiale. On pouvait également lire : « Les sionistes ont amené la Shoah » et « Les guerres des sionistes ne sont pas celles du peuple juif. » Sept de ces graffitis peints en blanc et rouge ont été retrouvés sur des murs autour du mémorial dédié aux combattants du ghetto de Varsovie. D’autres ont été inscrits près d’un wagon de chemin de fer symbolisant la déportation des juifs par les nazis. La direction de Yad Vashem avait alors évoqué la possibilité que ces actes soient le fait d’extrémistes juifs ultra-orthodoxes anti-sionistes, très minoritaires mais actifs dans certains quartiers religieux. Assez virulents, ils dénoncent ce qu’ils considèrent comme une exploitation de la Shoah pour justifier la création de l’Etat d’Israël, qu’ils rejettent absolument. Selon eux, l’établissement d’un Etat juif en Palestine ne pourra se faire qu’après la venue du Messie. Ce courant est très critiqué au sein même de la mouvance juive ultra-orthodoxe.