C’est le 7e éditorial écrit en tant de guerre. Plus d’un an, 400 jours. On ne s’habitue pas.
Au point de s’interroger : Vous avez dit Terre Sainte ?
À dire vrai, l’origine, la destinée et l’usage de l’expression figurait de longue date dans la liste des sujets de dossier potentiel. Mais où est aujourd’hui la sainteté de la terre ?
Plus de 3000 ans que Dieu se manifeste sur ce lopin de terre à l’échelle de la planète. Aux juifs d’abord, aux chrétiens ensuite, aux musulmans également et pour quel résultat ?
D’hier à aujourd’hui, où est la sainteté de la terre ? Le dossier est loin d’épuiser le sujet.
Tant mieux on pourra y revenir. Mais oser poser la question de la sainteté, c’est déjà vouloir la restaurer.
Les récents développements politiques ne nous permettent pas d’envisager une accalmie. Et quand bien même les armes se tairaient, les dégâts dans les cœurs et les esprits vont avoir des conséquences durables. Ils sont plus graves que les destructions matérielles.
À partir de ce numéro, nous allons essayer d’installer une nouvelle normalité. Elle est nécessaire pour apaiser nos cœurs et les vôtres.
À Gaza, le journaliste Rami Abou Jamous a cherché à protéger son fils de deux ans, Walid, du traumatisme de la guerre. Quand ils étaient encore chez eux, dans Gaza City, il lui disait que les explosions des bombardements et les lumières sur la ville qui les accompagnaient étaient des feux d’artifice. Quand ils ont dû prendre la route de l’exil vers le sud, la fuite sur une carriole tirée par un âne était une épopée sauvage. Aujourd’hui que leur tente est plantée au bord de la mer, c’est un séjour dans la villa d’une cité balnéaire. Walid a maintenant trois ans, il sourit encore à la vie même s’il n’a pas apprécié outre mesure que la première grosse pluie ait inondé la tente.
Nous n’avons pas l’intention de vous cacher quoique ce soit dans Terre Sainte Magazine. Il ne s’agit pas d’oublier ni ce que nous expérimentons au quotidien, ni les douleurs, ni les peurs, ni les difficultés de tous ordres. Nous continuerons à vous donner des nouvelles de la communauté chrétienne durement éprouvée et à collecter les étincelles de lumière dans notre nuit.
Pourtant, à partir de ce numéro, nous allons essayer d’installer une nouvelle normalité. Elle est nécessaire pour apaiser nos cœurs et les vôtres.
De même que l’explosion de violence n’est pas venue de rien, de même la paix se construira dans le silence. C’est un enfant sans défense, emmailloté dans la crèche de Bethléem qui nous le redit.
Joyeux Noël à tous.