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Rawabi poursuit le rêve d’une Palestine prospère

Federica Sasso
6 septembre 2017
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Le projet de l’homme d’affaires Bashar Al Masri est de créer une nouvelle ville de style occidental en Palestine. Un espace laïque, pour la classe moyenne, qui regarde l'avenir sans en exclure la religion.


Lorsque Bashar Al Masri a choisi la colline sur laquelle construire Rawabi, l’un de ses critères était que « aucun prophète dans le passé ne se fût arrêté par là ». « Je ne voulais pas courir le risque de voir s’ériger des sanctuaires ou avoir des problèmes avec les guides spirituels d’une foi quelconque », explique le constructeur milliardaire qui a rêvé la première ville moderne de Palestine.

Depuis 2010, il œuvre à sa construction : des bâtiments hauts et blancs construits en pierre locale avec des panneaux solaires et la fibre optique, des routes sinueuses flanquées de parterres de fleurs et d’aires de jeux. Un panorama irréaliste par rapport aux villes typiquement palestiniennes. Al Masri veut que Rawabi (médiatisée sur un site dédié – ndr) offre des services et de la beauté, un lieu où les citoyens soient organisés dans le premier comité de résidents, jamais vu en Palestine, susceptible de devenir l’un des centres les plus développés de la région.

Bashar Al Masri est né à Naplouse, mais a fait ses études aux Etats-Unis, obtenu un passeport doté d’étoiles et de rayures et a gagné de grandes sommes d’argent grâce à des projets immobiliers à l’étranger. « Sa ville » reflète cette synthèse de l’Ouest et du Moyen-Orient et est pensée pour la classe moyenne palestinienne, celle qui ne fait pas de bruit, mais qui peut s’offrir des appartements de 125 000 $, veut inscrire ses enfants dans une école où l’anglais est enseigné, aller à des concerts ou à l’aqua-park.

L’occupation israélienne a créé des problèmes (accès à l’eau, contrôle de la seule route menant à Rawabi) et Al Masri a été accusé par la société palestinienne d’avoir utilisé des matériaux ou des sous-traitants israéliens (« Je vous défie de trouver un seul Palestinien qui n’ait rien acheté à Israël », a-t-il répondu).

Il y a énormément d’obstacles, et la réalisation des 23 quartiers du projet est un pari ouvert. Pour l’instant, seulement 3 quartiers sont terminés, mais Rawabi s’anime déjà. L’année dernière, les 250 premiers « pionniers » ont emménagé dans les appartements tout juste achevés, et Al-Masri affirme qu’aujourd’hui, 3 000 personnes vivent dans la ville. En se promenant dans la rue, le silence règne, parfois, on voit des stores levés et des balcons fleuris. Tout est calme, peut-être encore trop. Mais les garçons qui jouent au ballon sur un terrain sont heureux d’être venus depuis Jérusalem-Est ou d’autres centres de Cisjordanie. L’école anglophone va entamer sa deuxième année scolaire et, en mai, le Q Center a ouvert : le plus grand centre commercial de Palestine, ainsi baptisé en l’honneur des financiers Qatari. Lacoste, Ferrari, Timberland, Nautica, et bien d’autres. Pour la première fois, les Palestiniens pourront acheter les marques occidentales les plus importantes sans avoir à aller à l’étranger ou à attendre des permis pour rejoindre Tel-Aviv. Et les boutiques sont conçues exactement comme les européennes ou américaines. Un matin d’août, les magasins sont pratiquement vides, mais les ventes se font à 50%.

Au-dessus du centre commercial, le tech-hub est né, fleuron qui aspire à devenir le centre névralgique de la haute technologie palestinienne, et le projet prévoit que, à côté du quartier résidentiel, il y ait aussi une zone industrielle. Al-Masri a pensé à tout pour que son projet ait un impact positif sur l’économie nationale. « Je crois fermement que l’Etat de Palestine est en voie de réalisation, et l’un des piliers fondamentaux d’un Etat est une économie forte », explique-t-il. « J’ai toujours recherché de quelle manière impulser l’économie palestinienne et ce projet a permis de créer des emplois en plus d’améliorer le niveau de vie des Palestiniens ». La construction de la ville a pour l’instant conduit à 3 000 nouveaux emplois, mais le facteur peut-être le plus important est qu’un grand nombre d’employés de Massar International d’Al-Masri sont jeunes, parmi lesquels nombreux sont diplômés en ingénierie et en architecture qui ont des postes à responsabilité.

Egalité entre les sexes, services de pointe. Bashar Al-Masri croit que Rawabi devrait refléter la Palestine qui viendra, et cela est également vrai de la tolérance envers tout le monde. A Rawabi se construit la plus grande mosquée en Palestine, la plus importante après celle d’Al-Aqsa. Mais l’homme d’affaires veut que 10% des habitants soient chrétiens, et l’église orthodoxe (dont le Patriarche orthodoxe grec de Jérusalem, Théophile III, a béni la première pierre) est encore en chantier. A la mi-août, la communauté samaritaine de Naplouse voulait honorer Al-Masri pour son travail, qui, en créant des opportunités pour les jeunes, aide à la stabilité et à la paix. Après la bénédiction d’un prêtre en hébreu samaritain ancien, l’homme d’affaires palestino-américain a réitéré que Rawabi n’appartenait à aucun groupe religieux en particulier, mais devait être la maison de tous et s’est engagé à construire une synagogue pour les Samaritains qui voudront s’installer ici. « Cette ville – dit-il – est une ville laïque, comme l’Etat palestinien, qui devrait être indépendant, laïc et démocratique. »

 

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