Le Premier ministre israélien a promis en fin de semaine dernière d’expulser la majorité des migrants illégaux dans le pays. Israël pourrait modifier la loi qui exige que le migrant soit volontaire pour être renvoyé.
Deux fois en moins d’une semaine, jeudi et dimanche derniers le Premier ministre israélien s’est rendu au sud de Tel Aviv. Ce quartier populaire, à proximité de la gare centrale de bus, est connu pour abriter de nombreux migrants subsahariens sans papiers. Provoquant des tensions avec certains habitants qui dénoncent un taux de criminalité croissant. Devant les habitants du secteur, Benjamin Netanyahu a promis de « leur restituer » le quartier. « Les résidents du sud de Tel Aviv sont ceux qui sont devenus des réfugiés dans leur propre pays », a déclaré de son côté la ministre de la Culture, Miri Regev, venue avec le Premier ministre jeudi.
Au cours des dernières années, l’Etat a exercé de nombreuses pressions sur les demandeurs d’asile principalement originaires d’Erythrée et du Soudan pour qu’ils rentrent dans leur pays ou qu’ils trouvent refuge dans d’autres pays africains. Cependant, Israël n’a pas pu les expulser en raison d’une protection collective accordée par l’Onu à ces deux populations, compte tenu de la situation politique dans leurs pays d’origine. Nombre d’entre eux ne souhaitant pas regagner leur pays d’origine ou ayant peur de le faire, Israël a passé des accords secrets avec d’autres Etats africains, dont les noms n’ont pas été divulgués, qui veulent bien les accueillir. A à la condition que les migrants acceptent de s’y rendre.
Les protestations des habitants se sont intensifiées ces derniers jours, après un jugement de la Cour suprême, qui a indiqué que l’Etat hébreu ne pouvait détenir en prison les migrants que pour 60 jours au maximum, et ne pouvait pas les expulser vers un pays tiers sans leur accord. C’est pourquoi Benjamin Netanyahu, vent debout contre cette décision, a fait deux fois le déplacement pour prendre la température sur le terrain. D’abord, jeudi avec caméras et dimanche sans prévenir de son arrivée, afin de voir par lui-même ce que vivent les habitants du quartier, selon le porte-parole du ministre de l’Intérieur. Au cours de sa première visite, le Premier ministre a lâché devant les caméras de télévision : « Nous rendrons le sud de Tel Aviv aux citoyens d’Israël. » Et de poursuivre dans une attaque à peine voilée en direction du pouvoir judiciaire : « Nous avons à faire face à des gens qui se sont infiltrés illégalement, pas à des réfugiés. Et Israël a le droit de protéger ses frontières et d’en tenir éloignés ceux qui s’infiltrent illégalement. » Rappelant que seule «une minuscule fraction d’entre eux sont des réfugiés.»
Conséquence : les responsables politiques israéliens ont déclaré qu’ils amenderaient la loi de manière à ce que les migrants soient expulsés sans que leur consentement soit nécessaire. Netanyahu a expliqué que le gouvernement présentera une nouvelle législation, pour mettre en œuvre l’expulsion des migrants africains vers des pays africains tiers. Le Times of Israel rapporte par ailleurs que la ministre de la Culture, Miri Regev a demandé au gouvernement de contourner la décision de la Cour suprême avec une loi votée à la Knesset. « Nous avons besoin d’une loi [pénale] contre les employeurs qui versent ses salaires aux infiltrés qu’ils emploient », a-t-elle souligné. « Nous avons besoin de déployer des efforts pour plaider auprès des propriétaires qui louent leurs appartements aux infiltrés pour ne pas leur permettre de faire comme ils le souhaitent, sans surveillance, comme diviser les appartements. » a-t-elle enchérit.
Des dizaines de milliers d’Africains, pour la plupart des Erythréens et des Soudanais, sont arrivés en Israël ces dernières années. Israël n’accorde le statut de réfugiés qu’à une poignée d’entre eux. Le Jerusalem Post évoque pour le pays le nombre de 38000 migrants venus d’Afrique. Selon le « Centre pour le Développement des Réfugiés Africains », il y a approximativement 46437 africains en Israël qui se considèrent comme des « demandeurs d’asile. »
Un nouveau pasteur pour les migrants
C’est dans ce contexte social, politique et humanitaire tendu que le père Rafic Nahra succèdera au père David Neuhaus en tant que coordinateur de la pastorale des migrants en Terre Sainte. Nommé le 2 septembre dernier, le père Rafic Nahra, d’origine libanaise, fut ordonné prêtre à Paris par Monseigneur Jean-Marie Lustiger le 27 juin 1992. C’est en septembre 2004 qu’il rejoint Jérusalem pour rejoindre le Vicariat Saint-Jacques pour les catholiques hébréophones de Terre Sainte. Ces dernières années, il était responsable de la Kehillah (la paroisse hébréophone) de Jérusalem et s’est aussi beaucoup investi auprès des enfants des communautés de migrants au Centre Sainte Rachel à Jérusalem. A noter par ailleurs que le père Rafic assure également l’intérim après le départ du père David Neuhaus en tant que responsable des communautés hébréophones de Terre Sainte.