Dédiée à ceux qui se rendent à Jérusalem à pied, l’Hospitalité des Saints Claire et Jacques fait le bilan de sa première année d'expérimentation.
sacrée uniquement à l’accueil des pèlerins qui arrivent à pied dans la Ville Sainte ; elle est née de la collaboration entre les clarisses du Monastère Sainte Claire (qui ont mis leur hôtellerie à disposition) et la Fraternité (italienne) de Saint Jacques de Compostelle. Celle-ci, basée à Pérouse, se consacre depuis longtemps à l’accueil des pèlerins à pied sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle et sur la Via Francigena.
C’est à l’automne 2016 que la maison d’accueil a été ouverte ; ses portes ont également ouvert au printemps, entre avril et mai, et rouvriront d’ici peu jusqu’à fin octobre. Il s’agit d’une expérimentation qui veut répondre à une manière bien particulière de parcourir la Terre Sainte : le pèlerinage à pied. Nous avons à nouveau contacté Monica d’Atti et Maurizio Ciocchetti, membres de la Fraternité de Saint Jacques de Compostelle investis dans l’accueil des pèlerins, pour savoir comment évolue la vie de l’Hospitalité.
« Avant de parler de chiffres et de résultats, il nous semble nécessaire de faire quelques constats », nous ont-ils dit. « Le pèlerinage à pied en Terre Sainte -bien que quelques voies soient déjà parcourues depuis quelques années et donc opérationnelles à tout point de vue – reste pratiquement inconnu pour la plupart. Cela ne signifie pas que personne ne l’entreprenne, mais nous savons avec certitude que la plupart de ceux qui arrivent marchent dans les périodes où l’hospitalité n’est pas ouverte, c’est pourquoi nous cherchons à comprendre quand notre présence pourrait être plus efficace. L’année dernière, nous avons tout de même accueilli 9 pèlerins, essentiellement des personnes âgées, ayant une excellente expérience de marche. La surprise a été le dernier arrivé, un garçon de 24 ans qui marchait seul sur le chemin d’Acre et qui, à son arrivée, nous a tous étonnés par ce qu’il avait réussi à saisir de cette expérience. Cette année, nous avons ouvert l’Hospitalité pendant un mois après Pâques. C’est une autre période qui nous a été accordée par les Clarisses. Nous avons accueilli 4 pèlerins, mais malheureusement, d’autres marcheurs qui ignoraient notre présence, sont allés ailleurs. C’est l’aspect négatif que nous avons constaté durant les premiers mois de travail à Jérusalem : nous sommes habitués à proposer nos services dans des endroits où l’affluence est constante, ce qui manque ici. Nous croyons qu’il est important de plus informer sur ce pèlerinage. »
Les pèlerins qui s’arrêtent à l’Hospitalité sont des gens qui ont choisi de vivre leur pèlerinage à pied, un chemin intégralement parcouru sac au dos. Pas de bus ni de trains, sauf imprévus ; seulement 25 ou 30 km par jour pour parvenir, étape par étape, à atteindre les principaux lieux saints. Il existe deux chemins principaux : on peut partir d’Acre, passer par Nazareth, puis au Tabor et par le lac de Tibériade avec toutes ses points d’étape possibles, en arrivant à Jérusalem par Jéricho. Le deuxième chemin, au départ de Jaffa, a des étapes importantes à Ramla, Latroun, Abu Gosh, Saint-Jean-du-Désert, Ain Karem, Bethléem et s’achève également à Jérusalem.
«Le point positif du pèlerinage à pied et de l’Hospitalité, poursuivent Monica et Maurizio, c’est qu’on reste en contact direct avec les réalités et les lieux qui font de cette terre un endroit unique au monde. Tant pour ceux qui marchent que pour ceux qui accueillent, c’est une expérience inoubliable. Mais pour la Fraternité de Saint-Jacques de Compostelle, après les structures mises en place au long des chemins de Saint Jacques de Compostelle et de Rome, que représente la possibilité d’offrir cet accueil à Jérusalem ? « Nous pensons qu’il s’agit du point culminant de notre service. Nous sommes pèlerins et hôtes, indissociables. Un véritable pèlerin ne peut pas ne pas être hôte. Faire de l’accueil à Jérusalem est ce qu’il y a de plus beau et entier à vivre, de la même façon que le pèlerinage à pied en Terre Sainte est le chemin le plus fort et le plus riche à vivre. Une fois arrivés à pied à Jérusalem, votre cœur reste là. Vous comprenez que tous les autres chemins et pèlerinages que vous avez réalisés étaient juste la préparation pour arriver à la destination la plus importante. »
L’objectif de l’Hospitalité n’est pas de proposer un simple accueil. Les hospitaliers s’occupant des pèlerins ont aussi et déjà vécu le pèlerinage à pied. Entre ceux qui arrivent et qui accueillent, s’instaure une relation particulière. « Cela dépend certainement en partie de la capacité et de la richesse propres à chaque hospitalité. Mais il y a des moments et des manières de faire, fixés par la fraternité qui font partie de notre façon d’accueillir et qui permettent certainement au pèlerin de comprendre qu’il est arrivé dans un lieu de service et de prière. Message qui passe par des gestes, mais aussi par le partage de petits moments de réflexion. Notre idée est également d’aider le pèlerin à appréhender les lieux où il se trouve. Là où nous pouvons, nous cherchons à le guider. Par exemple, presque tout le monde a eu l’occasion, après notre suggestion, de vivre une nuit de prière au Saint-Sépulcre. Un autre geste concret est l’aide pour recevoir le Testimonium à la Custodie. Puis, quand nous le pouvons, nous les accompagnons dans les lieux saints. Ce sont de petits aspects pratiques qui sont toujours les bienvenus. »
Comment la Fraternité a-t-elle l’intention de développer l’expérience de l’Hospitalité à Jérusalem, dans les prochaines années ? « Si cela est possible, nous aimerions poursuivre ce petit service. Il nous semble que c’est quelque chose qui a besoin de temps : ce qui est testé n’atteint pas toujours rapidement un résultat. Et ce n’est pas parce que le résultat n’est pas immédiat, qu’il n’y en aura pas au final. Nous confions tout à la Providence. Nous sommes là et nous essayons. »
Nous interrogeons Monica et à Maurizio pour savoir si, au fil des ans, la Fraternité a l’intention d’alimenter un réseau d’accueil pour les pèlerins en Terre Sainte, semblable à celui déjà existant sur des chemins plus établis comme Saint Jacques de Compostelle. « Nous ne croyons pas que nous aurons la force pour un tel objectif, même si en rêver ne fait jamais de mal. Parfois, les rêves se réalisent. Cependant, il serait pour cela indispensable d’avoir un rapport plus étroit avec la Custodie de Terre Sainte. Si notre expertise, développée sur tous les autres chemins, peut s’avérer utile, d’autres choses seront alors possibles. Il est sûr que maintenant, les véritables enjeux sont les suivants : faire connaître le chemin en Terre Sainte, rassurer les pèlerins inquiets, convaincre les indécis, aider ceux qui recherchent de l’information. Nous nous y efforçons depuis des années, mais nous notons que la peur est également sous-jacente dans le monde de ceux déjà habitués au pèlerinage à pied. Seuls les pèlerins les plus convaincus, les plus radicaux, partent marcher. Si le mouvement augmentait considérablement, notre service serait utile et, nous le croyons, serait aussi bienvenu en d’autres endroits du chemin. »