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Une première exposition très politique au Musée palestinien

Christophe Lafontaine
31 août 2017
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“Jérusalem vit”, l’exposition inaugurale du Musée palestinien à Bir Zeit, mêle art traditionnel et contemporain. La programmation, évoquant l'occupation israélienne de Jérusalem-Est, est éminemment politique.


L’art, pied de nez à l’occupation. C’est la ligne tenue par la programmation très engagée de la toute première exposition (gratuite)  du Musée palestinien de la ville universitaire de Bir Zeit en Cisjordanie occupée, au nord de Ramallah. Le temple culturel palestinien expose au grand public depuis le 27 août dernier jusqu’en décembre des œuvres très politiques évoquant l’occupation israélienne de Jérusalem-Est.

La conservatrice Rim Fadda, qui a travaillé entre autres sur la biennale de Marrakech, est à l’origine de cette exposition. Elle a déclaré à l’AFP que l’exposition devrait susciter une discussion sur la « résistance culturelle » à la politique d’Israël, qui a occupé Jérusalem-Est en 1967 et l’a ensuite annexée. Ce qui n’a jamais été reconnu par la communauté internationale. « Le but de cette exposition était de nous permettre de penser de façon créative la manière de résister à l’hégémonie de l’occupation israélienne (…), mais aussi de montrer Jérusalem aux Palestiniens qui ne peuvent pas s’y rendre », a-t-elle indiqué à l’AFP. Première concernée, la commissaire de l’exposition affirme avoir été empêchée de se rendre à Jérusalem au cours des dernières années faute de permis. Pour rappel, les habitants de la Cisjordanie et de la bande de Gaza ont besoin d’un permis spécial pour se rendre à Jérusalem. Mahmoud Hawari, directeur du musée, a expliqué quant à lui à l’AFP – faisant référence à la crise des portiques sur l’Esplanade des Mosquées – que « le mouvement populaire récent à Jérusalem [leur] a donné beaucoup plus d’impulsion ».

Concrètement, l’exposition a été pensée et organisée pour présenter le quotidien de Jérusalem. Elle montre les défis imposés par l’occupation israélienne à Jérusalem et ses habitants. L’exposition se divise en quatre sections chacune portant sur les histoires de la résistance collective et la vie à Jérusalem entre autres. A titre d’exemple, dans l’une des salles du musée, le visiteur se retrouve encerclé par des colonies israéliennes, dont les photographies panoramiques s’étalent sur les quatre murs. A l’extérieur, dans le jardin, un escalier vert semble atteindre le ciel mais prend racine dans une cage. Référence peut être faite au confinement imposé aux Palestiniens par l’occupant.

À l’aide d’un mélange d’œuvres d’art traditionnelles aux côtés de pièces audio, visuelles et sculpturales contemporaines, les artistes palestiniens sont mis à l’honneur. Mais les œuvres d’autres artistes arabes venant d’Egypte, d’Irak, des Emirats et d’Arabie Saoudite sont également exposées, tout comme celles d’artistes brésiliens, français, indiens et colombiens. En tout, 48 artistes, selon al-Jazeera.

Le Musée palestinien, alors vide d’œuvres, avait été inauguré en mai 2016 par le président palestinien Mahmoud Abbas. Près de 20 ans de préparation et de travaux ont été nécessaires. Le projet est en effet né en 1997 soit quatre ans après les accords de paix d’Oslo qui avaient établi l’Autorité palestinienne et devaient conduire à un Etat palestinien indépendant. Le bâtiment a coûté 28 millions de dollars et a été financé à 95% par les Palestiniens. 

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