L’archevêque de Canterbury, Justin Welby, lance un appel de retour de Terre Sainte
Prévue de longue date, la visite de l'archevêque de Canterbury a eu lieu malgré l'annonce de sa démission, effective au 6 janvier 2025.
Cette visite devait réduire les tensions survenues entre Canterbury et Jérusalem suite à celle d'octobre 2023.
Cette fois, Welby a pris le temps d'entendre la douleur des chrétiens locaux.
L’annonce retentissante de sa démission n’était pas encore publiée, que l’on savait déjà sur place que sa visite en Terre Sainte se ferait loin des caméras et des journalistes. Justin Welby, archevêque de Canterbury et gouverneur suprême de l’Église d’Angleterre, a réalisé dans la plus grande discrétion un séjour en Israël, Palestine et à Jérusalem du 15 au 19 novembre 2024.
Cinq jours d’une rare densité. Si le prélat de l’Eglise anglicane a pris le soin de s’arrêter dans les principaux lieux saints – la Nativité à Bethléem, le Saint-Sépulcre à Jérusalem et la basilique de l’Annonciation à Nazareth – l’essentiel de sa visite a consisté à prendre la mesure de la situation des chrétiens.
Malgré l’embargo sur la nouvelle de sa présence, les réseaux sociaux permettaient de le suivre, guidé, d’une réalité à une autre, par l’archevêque anglican de Jérusalem, Mgr Hosam E. Naoum.
C’est finalement de retour en Angleterre que sur son site officiel paraît un appel conjoint des deux prélats à l’occasion de l’Avent 2024.
Un appel à prier « pour les chrétiens palestiniens et soutenir le travail du diocèse (anglican) de Jérusalem ».
Sous le titre de « Lettre pastorale », les deux évêques exhortent « les Anglicans du monde entier à soutenir les Pierres Vivantes de Terre Sainte en cette période de crise ».
Une réalité choquante
À mesure que la lettre égrène les différentes étapes et réalités rencontrées, le message décrit une situation inquiétante pour la communauté chrétienne : « Nous avons été profondément choqués et bouleversés d’entendre des chrétiens palestiniens – laïcs et ordonnés, jeunes et vieux, hommes et femmes – parler de leurs luttes quotidiennes pour survivre à l’occupation continue. Le désespoir que nous avons rencontré est tel que beaucoup, surtout les jeunes adultes, remettent en question leur propre avenir ici.
Nous craignons pour la survie à long terme de la présence chrétienne indigène en Terre Sainte, qui remonte à l’époque où notre Seigneur a marché sur cette terre. Ce défi existentiel exige notre attention concentrée et notre réponse collective. »
Réduire les Palestiniens à une position de reddition désespérée, où ils doivent soit vivre sous le joug de l’occupation, soit émigrer, est profondément injuste. Cela n’apportera ni paix ni sécurité.
Plus loin, la lettre ne mâche pas complètement ses mots : « Ce ne sont pas des cas isolés, mais ils font partie d’une stratégie délibérée de harcèlement et d’intimidation visant à forcer les familles palestiniennes à quitter leurs terres. Réduire les Palestiniens à une position de reddition désespérée, où ils doivent soit vivre sous le joug de l’occupation, soit émigrer, est profondément injuste. Cela n’apportera ni paix ni sécurité. »
Lever un malentendu ?
Le voyage de Mgr Welby pouvait être d’autant plus attentif à cette question qu’il avait été critiqué par les Anglicans de Palestine à la suite de ses déclarations au retour de sa visite en octobre 2023, quelques jours après les massacres du 7 octobre.
Elles lui avaient valu de recevoir une lettre ouverte de la part des paroissiens anglicans de Cisjordanie qui écrivaient : « Nous sommes totalement perplexes face aux déclarations publiques de votre bureau sur la situation actuelle en Palestine. Il est devenu clair pour nous que nos voix en tant qu’Anglicans palestiniens ne sont pas entendues à Canterbury et que nos intérêts sont relégués au second plan… », ils estimaient ne pas se souvenir « d’une seule déclaration de notre Église faisant référence aux crimes bien documentés de l’occupation israélienne comme étant des « crimes mauvais et odieux », même lorsque les anglicans ont été touchés ».
Alors que l’évêque avait déclaré : « Je demande que les otages soient libérés et mis en sécurité, afin qu’eux et leurs proches puissent être libérés de l’horreur de leur captivité. La colère ressentie par le peuple d’Israël face à la cruauté dont il a été victime est tout à fait justifiée. De nombreuses personnes dans le monde partagent cette colère. »
« Nous vous appelons, poursuit la lettre publiée ce jour 21 novembre, à plaider auprès de vos représentants politiques pour une paix juste et durable qui reconnaisse la dignité humaine de toutes les personnes et respecte le droit international humanitaire. »
Ce temps pris auprès des chrétiens de son Église aura probablement été de nature à apaiser les tensions entre Canterbury et Jérusalem, quand bien même l’annonce de sa décision trois jours avant son arrivée a pu et libérer la parole et réduire son impact.