Frère Toufic Bou Merhi est un franciscain de la Custodie de Terre Sainte. Mardi 1er octobre, il a fermé derrière lui le portail du couvent franciscain de Tyr après qu'une bombe soit tombée à une centaine de mètres.
Les sentiments que la guerre produisent en lui, il ressent parfois le besoin de les écrire. La forme est poétique et en langue française.
Ceux qui combattent sont épuisés, fatigués, comme des bougies consumées, et maintenant ils disent qu’il faut une trêve.
Mais quelle trêve ? Et de quoi ?
Une trêve pour récupérer leurs forces et revenir achever ce qu’ils ont commencé ?
Ou une trêve pour recharger les armes et semer encore la destruction, le feu et la ruine ?
Une trêve pour étudier les conditions de la paix ou pour se procurer ce qui manque dans leurs arsenaux de haine, de mort, et de désespoir ?
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S’ils sont fatigués de piétiner les droits des faibles, de leur demander de se plier et de vivre dans l’humiliation,
déplacés dans leur propre terre, rejetés par leurs propres compagnons de patrie,
dépouillés d’abord de leur dignité d’hommes, puis de leur essence en tant qu’êtres humains…
Et s’ils sont fatigués de la haine, du sang, de la vengeance,
alors je leur dis : venez, reposons-nous ensemble. Nous aussi sommes fatigués.
Venez, cherchons ensemble un oasis d’espoir, un refuge de paix,
laissons de la place à la réconciliation et au pardon.
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Apprenons à aimer, à construire un pays où la dignité, l’honneur et le respect soient des valeurs partagées,
où la vie elle-même soit un hymne à la liberté et à la fraternité.
Venez, reposons-nous… Et si nous devons vraiment nous fatiguer,
que ce soit pour construire une patrie qui accueille ses enfants, les embrasse avec leurs erreurs,
et les unit malgré leurs différences.
Nous sommes les enfants du peuple du Phénix,
le Phénix qui renaît toujours de ses cendres, invincible même dans les flammes.
Nous sommes les enfants des cèdres, qui, avec leurs branches hautes, défient le froid et résistent au poids de la neige.
Ainsi étaient nos pères, ainsi seront nos enfants,
et ainsi sommes-nous.