Chère bombe, je t’en prie, laisse-nous en paix.
Cher missile, n’explose pas.
N’obéissez pas à la main de la haine.
Je vous implore car les autres oreilles se sont bouchées, les cœurs des responsables se sont durcis et la brutalité dans les relations entre les gens s’est répandue. Donc, écoutez-moi, je vous supplie.
Ils vous appellent des bombes intelligentes,
soyez plus intelligentes que ceux qui vous utilisent.
Il n’y a plus personne à tuer.
Des familles exterminées.
Sila, petite fille de six ans, il ne lui reste personne : ni son père, ni sa mère, ni sa petite sœur d’un an et demi, ni son grand-père, ni sa grand-mère, ni son oncle avec sa famille. Ils l’ont laissée dans ce monde si cruel.
Hier, nous avons terminé la journée ainsi.
Un missile a détruit neuf maisons dans le quartier pauvre de Tyr, à 50 mètres du couvent.
Les pierres sont tombées dans la cour où se trouvent les déplacés. Terreur, cris, pleurs, peur se sont mêlés au sang des blessés. Ainsi, nous avons accueilli ceux qui restaient de la famille massacrée. »
Ça suffit, ça suffit !
Mais à qui crier ? Au Seigneur ? Il n’a rien à voir avec la haine, Il a créé l’amour, mais l’homme l’a rejeté pour son prochain.
Quel est notre péché, pour mériter une punition aussi grave ? Peut-être que notre seul péché est cette terre bénie par le Seigneur et profanée par l’homme.
Notre faute est d’être nés dans ce pays qui souffre depuis plus de 50 ans, en payant le prix pour les autres.
Que répondre aux déplacés qui me demandent le bon petit-déjeuner promis par Abbas ? Ma bouche est restée paralysée et mes mots vides. Une larme est venue à mon secours pour leur dire qu’Abbas, au grand cœur et généreux, est parti…
Tyr, le 29 septembre 2024