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Nazareth basse et haute entre les deux les coeurs balancent

Rédaction
21 août 2017
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Un nombre grandissant d'habitants arabes de Nazareth émigrent pour... Nazareth Illit, la nouvelle ville de Nazareth, sur la colline voisine construite pour "judaïser" la Galilée.


(Jérusalem/N.H) – Les habitants arabes de Nazareth aiment la ville magique dans laquelle ils vivent depuis toujours. Mais ces dernières années, de nombreux habitants la quittent pour…. Nazareth Illit, la « Nazareth la haute », la nouvelle ville sur la colline d’en face,  à majorité juive. Pourquoi font-ils ce choix? Comment sont-ils accueillis ?

« D’ici, la vieille Nazareth est belle et romantique, simplement magique, décrit Rana de Nazareth. Mais en réalité la ville est paralysée par la densité de la population, le manque de services et d’infrastructures. On manque d’air et de propreté. Je veux me sentir en sécurité. Je veux pouvoir marcher le soir sans devoir slalomer entre les voitures sur le trottoir. » Rana et son époux Moussa, sont nés à Nazareth mais ont choisi de la quitter. « Nous voulons que les choses s’améliorent. Nous aspirons à  un peu de silence et de propreté. Nous recherchons une qualité de vie. »

Malgré sa beauté et sa magie, Nazareth n’est plus le lieu où ils veulent voir grandir leur enfants. Nazareth Illit semble leur offrir le meilleur des deux mondes, même si la « nouvelle Nazareth »  est officieusement une ville ‘réservée’ aux juifs.

« L’État se qualifie à la fois démocratique et juive. Alors pourquoi n’habiterions nous pas ici ? » déclarent Salah et Amira qui ont déjà franchi le pas. À Nazareth, ils n’avaient pas où ni construire. Et il  était hors de question d’acheter une maison à cause des prix trop élevés. « Nazareth Illit offrait des prix bien plus raisonnables », explique Salah. « J’aurais tout fait pour rester à Nazareth, c’est le lieu où je suis né mais c’est simple, il n‎’y a pas de place, c’est extrêmement dense. »

« Beaucoup trop dense, confient Itaf et Fathi, les parent de Salah depuis leur petit balcon de Nazareth. Regardez les voisins juste en bas, nous les entendons dans leur salon et vice-versa. »

« Il y a un nouveau quartier à Nazareth, le prix des appartements commence à un million de shekel soit 235000 euros. À Nazareth Illit, ce 90 mètres carré m’a couté quatre cent mille shekels soit 94000 euros. C’est un prix qu’on ne trouve ni à Nazareth ni dans les villages avoisinants. »

Nazareth Illit, ville conçue dans les années cinquante pour judaïsé la Galilée, est contrarié par les statistiques. Aujourd’hui certains chiffres estiment à 23% le nombre de ses habitants Arabes, d’autres parlent même d’un tiers.

La superficie de Nazareth Illit est le double de celle de Nazareth. Pour chaque kilomètre carré à Nazareth habitent 5,367 personnes soit quatre fois plus qu’à Nazareth Illit.

« Ici il y a des terrains de sport, des activités, des loisirs pour les enfants… à Nazareth il y a de la violence, trop de bruits, des embouteillages, la vie quotidienne est sans cesse perturbée », poursuivent Rana et Moussa. Chaque paramètre devient critère de frustration et une raison supplémentaire pour quitter la ville natale pour sa voisine perchée sur la colline.

« C’est supposée être une ville juive, c’est ce qu’ils ont dit à sa fondation, confie Baral, habitant juif de Nazareth Illit, aujourd’hui elle est complètement mixte. »

« Nazareth Illit a été fondée pour judaïsée le nord d’Israël, déclare Or qui lui quitte Nazareth Illit pour un Kibboutz à proximité. Nous ne voulons pas de majorité Arabe, c’est un tiers en constante croissance. » Les plus polis résumeront l’arrivée des habitants de la ville voisine :  « Ils vivent ici et nous vivons également ici ».

Le précédent maire de Nazareth Illit, Shimon Gafsou, identifiant le mécontentement des habitants avait mis en place des compagnes politiques agressives contre l’arrivée des arabes: « Nazareth Illit est pour les juifs uniquement ».

« J’ai le droit d’acheter où je veux, rappelle Rida, c’est le fondement de tout État démocratique et sain, comme c’est également le droit de mon voisin juif, russe, etc. » Rida et sa famille habite un quartier bourgeois de Nazareth Illit, « quand nous avons emménagé le quartier été à majorité juive, aujourd’hui la majorité des juifs le quittent, parce qu’ils ne veulent pas habiter dans un quartier arabe. C’est me semble-t-il, une peur existentielle que les juifs ont, je ne sais pas comment y faire face. Pour vous dire la vérité, je mets tout sur le table: mon père avait 200 dunams soit 20 hectares dans le village de Reneh. Ils ont été confisqués par l’État pour être attribués au territoire de Nazareth Illit. Pourquoi devrais-je me sentir mal ? »

Au cœur de ce conflit se trouve la question d’une école Arabe que revendiquent les arabes locaux depuis des années. Prochainement la cour traitera la demande des parents. La décision signifiera non seulement si leurs enfants recevront un apprentissage en arabe mais bien plus encore. Mais les habitants arabes de Nazareth Illit expliquent que même si leur requête était rejetée, ils  resteront à Nazareth Illit.

En ce moment, la maison même du précédent maire est en vente. Lors d’un entretien téléphonique avec la chaine  israélienne Channel 10, il n’a pas rejeté la possibilité de la vendre à un acheteur arabe.

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* Les propos reportés dans l’article sont extraits d’un reportage que la chaine israélienne Channel 10 a consacré à cette question à la mi août.

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