Le 2 août 2017 au Liban, les évêques maronites ont appelé l'Etat libanais à adopter « un plan global » pour le retour des réfugiés syriens alors que plus d'un million sont enregistrés dans le pays auprès de l'Onu.
Au Liban, l’Agence Nationale de l’information, annonce que les évêques maronites ont voulu attirer l’attention du gouvernement sur « la nécessité de traiter de manière sérieuse et responsable le dossier des réfugiés syriens. » Ils se sont déclarés favorables à ce que les institutions civiles libanaises adoptent « rapidement ‘un plan global’ » de rapatriement des syriens réfugiés au Liban, rapporte quant à elle, l’agence Fides dans son édition du 3 août faisant état d’un communiqué des évêques. L’absence d’un plan global pour gérer la crise migratoire est déjà en train de provoquer d’énormes dommages pour la nation libanaise, ont prévenu les évêques maronites, réunis pour leur réunion mensuelle à Dimane, résidence d’été du Patriarche Bechara Raï, le 2 août dernier. Comme l’explique le quotidien libanais L’Orient-Le Jour, les évêques ont indiqué – mettant en évidence leur attachement au volet humanitaire de ce dossier – qu’il est « inacceptable que celui-ci prévale sur l’aspect existentiel et patriotique du problème. » Ils ont appelé dans ce contexte les responsables à s’éloigner des « considérations régionales » et « se conformer à un agenda purement libanais. »
D’après l’agence Fides, les réfugiés syriens présents au Liban et enregistrés auprès des bureaux et structures de l’Onu sont plus d’un million ; plus d’1,5 selon Beyrouth. Le chiffre des Nations Unies est cependant partiel, étant donné que nombre de réfugiés ne se sont soumis à aucune forme de recensement auprès des organismes internationaux ou des institutions libanaises. Comme le rappelle l’agence de presse Zenit, ainsi « on mesure la générosité du Liban quand l’on sait que la population compte un peu plus de 4 millions d’habitants ». A titre de comparaison, c’est un peu comme si la France accueillait plus de quinze millions de réfugiés. Autre échelle de grandeur : le Liban a accueilli plus de réfugiés que l’intégralité de l’Union européenne. Pour rappel, il y a désormais plus de 5 millions de réfugiés syriens installés dans les pays voisins de la Syrie. La Turquie compte le plus grand nombre de réfugiés syriens. Suivie par le Liban. En Jordanie, le Haut Commissariat des Nations unies aux réfugiés dénombre plus de 650 000 Syriens. Mais si l’on en croit le gouvernement, à Amman, ce sont 1,4 millions de réfugiés qui ont rejoint le royaume hachémite.
Selon le Haut-Commissariat aux réfugiés, plus de 7 000 réfugiés sont repartis de façon spontanée du Liban vers la Syrie, entre janvier et mai 2017, pour la plupart en direction de Damas ou de zones « sous contrôle du gouvernement.»
Il faut savoir que la plupart des réfugiés syriens vivent dans des bidonvilles situés en périphérie des villages libanais. Mais l’aide aux réfugiés a largement creusé les déficits du pays. Une forme d’exaspération commence à apparaître dans le pays concernant cette situation. Des messages sur les murs, des rassemblements et des initiatives anti-syriens commencent à voir le jour. Malgré une générosité libanaise louée par la communauté internationale, plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer le poids socio-économique que représente leur présence dans le pays aux ressources limitées. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que l’Eglise enjoint les autorités libanaises à œuvrer au retour des réfugiés syriens dans leur pays. Le Patriarche maronite Bechara Raï, avait déjà adressé un appel similaire au Président libanais, Michel Aoun, le dimanche 16 juillet, lors de la fête de saint Charbel. « Malgré toute notre solidarité envers les réfugiés – avait déclaré en cette occasion le Cardinal – les libanais souhaitent que soit revu le processus visant à leur garantir un rapatriement sûr dans leur propre pays, en mettant de côté les différentes positions politiques qui font obstacle aux solutions désirées », avait alors déclaré le cardinal Raï.
Des chrétiens aussi
D’après l’ONG de la Custodie de Terre Sainte, ATS Pro Terra Sancta, un mouvement de retour s’amorce y compris chez les chrétiens.
« Depuis le début de l’année, 18 familles sont revenues » vivre à Alep, se félicite le frère Ibrahim Alsabagh, le curé de l’église Saint-François à Alep. Et le franciscain de se réjouir d’entendre « parler d’autres personnes qui pensent rentrer bientôt. » Les chrétiens locaux savent pouvoir compter sur l’aide et le soutien de l’Eglise pour reconstruire les logements détruits ou trouver un emploi par exemple. Cependant, Alep souffre encore : l’eau et l’électricité manquent par intermittence, le coût de la vie augmente de nouveau et la Syrie est de plus en plus dépendante des marchés extérieurs. A tout cela, s’ajoutent encore de nombreux attentats à la bombe qui nourrissent encore la peur dans la ville. Ainsi, le retour des familles, confie encore frère Ibrahim, « nous encourage à aller de l’avant et à augmenter encore le niveau d’accueil ». Parce qu’il le faut vraiment.