Pour désamorcer l'escalade des tensions, Israël a décidé mardi 25 juillet de renoncer aux détecteurs de métaux sur l’Esplanade des Mosquées. Un timing avisé, avant vendredi, jour de prière pour les musulmans. Espoir ?
La pression devrait retomber. Des photos de l’AFP ont montré un travailleur démantelant l’un des portiques de sécurité, avant 2h du matin, mardi. Le gouvernement israélien joue l’apaisement. Il a de fait annoncé, dans un communiqué publié tôt mardi matin, retirer tous les détecteurs de métaux installés aux entrées de l’Esplanade des Mosquées à Jérusalem, troisième lieu saint de l’Islam. Le site est aussi le lieu le plus sacré du judaïsme sous le nom de Mont du Temple. Lorsque la nouvelle de cette décision a commencé à se répandre, quelques centaines de Palestiniens se sont rassemblés pour la célébrer près d’une des entrées de l’esplanade des Mosquées. Un des Palestiniens présents a même tiré un feu d’artifice, suscitant une intervention de la police israélienne qui a dispersé le rassemblement avec des grenades assourdissantes. Ceci dit, pour l’heure, les autorités musulmanes à Jérusalem ont demandé aux fidèles de continuer à boycotter l’Esplanade des Mosquées. « Pas d’entrée dans la mosquée al-Aqsa sur l’esplanade jusqu’à ce qu’un comité technique du Waqf (ndlr : organisme gérant les biens musulmans à Jérusalem-Est) fasse une évaluation de la situation et que la situation revienne à ce qu’elle était avant le 14 juillet », date d’une attaque contre des policiers israéliens qui avait conduit l’État hébreu à installer de nouveaux dispositifs de sécurité dont les détecteurs de métaux.
Le montage des portiques avec détecteurs de métaux avait suscité le courroux des Palestiniens alléguant qu’Israël tentait d’élargir son emprise sur ce lieu saint. Cela avait soulevé des violences meurtrières entre Israéliens et Palestiniens pendant plus d’une semaine. Période durant laquelle huit personnes ont trouvé la mort. 5 du côté palestinien, 3 du côté israélien.
Le cabinet de sécurité israélien s’est réuni pour la deuxième journée consécutive, lundi, afin de tenter de désamorcer une crise croissante avec des pays musulmans et les Palestiniens. Et a accepté « la recommandation de tous les organismes de sécurité de remplacer l’inspection au moyen de détecteurs de métaux par une inspection de sécurité basée sur des technologies avancées et sur d’autres moyens », a ainsi déclaré le bureau du premier ministre dans un communiqué. Cent millions de shekels (24 millions d’euros) ont été alloués à l’achat du matériel high-tech et au renforcement du dispositif policier sur le site. Le gouvernement israélien a affirmé que ces nouvelles mesures « assureront la sécurité des visiteurs et des fidèles » au site sacré et dans la vieille ville de Jérusalem. Il a ajouté que le déploiement policier serait augmenté dans le secteur jusqu’à ce que la nouvelle technologie soit installée. Des employés municipaux ont déjà commencé à installer des bras métalliques dans plusieurs rues de la vieille ville pour y fixer des caméras de surveillance, ont constaté des journalistes de Reuters.
La décision d’enlever les détecteurs de métaux a été prise après des discussions entre Benjamin Netanyahu et le roi Abdallah II de Jordanie, rapporte Petra, l’agence de nouvelles officielles de la Jordanie. « Il faut espérer dans le rôle que peut jouer le Roi Abdallah II de Jordanie, qui est une personne capable de modération et qui peut, sur cette question, exercer un rôle influent, attendu que la Monarchie hachémite assure traditionnellement la protection des Lieux Saints musulmans de Jérusalem » indique à Fides le Père Neuhaus, Vicaire patriarcal chargé des communautés catholiques de langue hébraïque du Patriarcat latin de Jérusalem. « Pour le reste – ajoute le jésuite – nous sommes appelés à être témoins de la Résurrection dans cette situation, en priant et en faisant confiance au Seigneur. » Le souverain hachémite a en effet demandé par téléphone au chef du gouvernement israélien le retrait des détecteurs de métaux. « Je remercie le roi Abdallah aussi pour notre coopération étroite, » a déclaré Benjamin Netanyahu, en évoquant l’incident qui s’est produit dans une annexe de la mission israélienne en Jordanie faisant état de deux morts Jordaniens et d’un blessé israélien. Un autre communiqué indiquait que le personnel de l’ambassade allait bien et était rentré en Israël.
Le choix du retrait des détecteurs de métaux intervient aussi alors que le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni à huis clos lundi en urgence pour tenter de désamorcer la crise. De plus, Benjamin Netanyahu s’est entretenu avec l’émissaire pour le Proche-Orient du président américain Donald Trump, Jason Greenblatt, dès son arrivée hier en Israël. Dans la journée de lundi, l’émissaire de l’ONU pour le Proche-Orient, Nickolay Mladenov, avait déclaré qu’il était « extrêmement important » que la crise soit résolue avant vendredi prochain, jour de la prière pour les musulmans, afin d’éviter une poursuite de l’escalade. Le Conseil doit de nouveau se réunir aujourd’hui pour sa rencontre mensuelle consacrée au conflit israélo-palestinien.