Le pape a évoqué les drames vécus par de nombreux chrétiens en Orient à l’occasion de la 90e session plénière de la Réunion des Œuvres d’Aide aux Eglises Orientales (Roaco) qui s’est tenue du 19 au 22 juin 2017 à Rome.
Hier, jeudi, le pape a rencontré au Vatican les membres de la Roaco. Les participants ont tenu leur 90e assemblée plénière à Rome trois jours durant. Venant en soutien aux Eglises (de rites latins et orientaux) présentes sur les territoires d’Europe de l’Est et du Moyen-Orient, la Roaco réunit depuis 1968 une vingtaine d’œuvres catholiques nationales ou internationales. Avec pour but de soutenir financièrement différents postes (lieux de culte, institutions éducatives, bourses d’études, assistance sanitaire ou sociale…). Se réunissant deux fois par an, la Roaco est placée sous la responsabilité de la Congrégation pour les Eglises orientales. Dicastère qui célèbre cette année son centenaire. Dans son message aux participants, le Pape François les a remerciés pour leur travail constant de charité et de solidarité.
Le souverain pontife a ensuite porté son attention sur les « vagues terribles de persécution et de souffrance » qu’ont subi et subissent encore les Eglises de l’Europe de l’Est et surtout aujourd’hui celles du Moyen-Orient. Faisant le triste constant que « de fortes émigrations » en avaient « affaibli » la présence dans leurs pays d’origine, le pape François a particulièrement insisté sur la situation actuelle des Eglises en Syrie, Irak et Egypte. Et au pape de dénoncer les principales causes à ses yeux que sont « la guerre qui perdure et des violences insensées perpétrées par le terrorisme fondamentaliste ». Eu égard à ce contexte tragique, le Pape François a réexpliqué que suivre le Christ supposait de traverser « l’expérience de la Croix de Jésus » qui est certes « cause de troubles et de souffrance, mais en même temps source de salut ». N’éludant pas la question de l’accueil des fidèles orientaux (qu’ils soient catholiques, orthodoxes ou protestants) dans leurs éventuels pays d’arrivée, le pape a insisté sur l’importance d’assurer le suivi pastoral des fidèles orientaux contraints à l’émigration. Et ce, afin qu’ils puissent continuer à vivre leur foi dans les pays d’accueil « selon leur propre tradition ecclésiale ».
Le successeur de Pierre, conscient du « choix de radicalité » et de « l’héroïcité du témoignage » des nombreux prêtres et séminaristes des Eglises orientales, a pleinement salué leur dévouement « aux côtés de leurs communautés souvent très éprouvées ». Il a cependant ajouté que « la recherche d’un statut social », ou l’exercice du gouvernement des communautés « selon des critères d’affirmation humaine ou selon les schémas de la culture locale » pouvaient être des « tentations » malheureuses pour le clergé. C’est pourquoi le pape a pointé l’accent sur l’importance de « toujours nourrir le style de la proximité évangélique » chez les évêques comme chez les prêtres pour que ceux-ci « fassent sentir la caresse du Seigneur aux fidèles qui leur sont confiés » et pour que les premiers « apprennent à se faire les derniers avec les derniers ». Cette mise en garde faisait écho aux travaux de la Roaco sur l’importance de la formation initiale des séminaristes et celle, permanente, des prêtres.
Lieux saints et ‘Temple vivant’
De fait, les membres de la Roaco avaient déjà planché sur cette question durant leurs précédentes assemblées générales. De plus, outre la Syrie, l’Egypte et l’Irak qui étaient à l’ordre du jour, le Pape François n’a pas manqué de tourner son regard vers Jérusalem saluant le Custode de Terre sainte, le frère Francesco Patton, qui représentait la Terre Sainte avec le Délégué apostolique à Jérusalem, Mgr Giuseppe Lazzarotto. Bénissant ainsi « les Frères franciscains de la Custodie qui ont commencé à célébrer le huitième centenaire de leur présence en Terre Sainte ».
Au sujet des Lieux Saints et pas seulement en Israël et Palestine, le pape a redit que « les Eglises orientales gardent beaucoup de souvenirs vénérés, églises, monastères, lieux de saints et de saintes ». A ceci, le successeur de Pierre a toutefois voulu préciser que bien entendu il fallait « garder et conserver » les Lieux Saints mais avant tout, a-t-il alerté : « quand il n’est pas possible de réparer ou de maintenir les structures, nous devons continuer d’être le temple vivant du Seigneur ».
L’intervention du pape, dans la Salle Clémentine du palais apostolique du Vatican, a donc marqué la fin des travaux de la 90e Assemblée générale de la Roaco qui a donc permis de passer à la loupe les situations des Eglises au Proche et Moyen-Orient, de faire le point sur les actions engagées sur le terrain et sur les futurs challenges et besoins. Etaient donc réunis les nonces apostoliques des pays concernés ainsi que Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire pour les Rapports avec les Etats, et Mgr Giovanni Pietro Dal Toso, secrétaire délégué du dicastère pour le Développement humain intégral. Le cardinal Leonardo Sandri, préfet de la Congrégation pour les Eglises orientales et président de la Roaco, avait ouvert l’Assemblée générale par une messe le 20 juin 2017.