Un convoi transportant des chrétiens a été la cible, aujourd’hui en Egypte, d’une fusillade menée par des hommes armés. C’est la troisième fois en six mois que des chrétiens égyptiens sont tués.
Vendredi barbare en Egypte. Au moins 28 morts, dont nombre d’enfants, et plus de vingt blessés. C’est le (déjà lourd) bilan provisoire du ministère égyptien de la Santé suite à l’attaque ce vendredi 26 mai 2017 perpétrée contre des coptes. Alors que des pèlerins chrétiens se rendaient en bus au monastère de Saint Samuel dans la province de Minya, à plus de 200 kilomètres au sud du Caire, ils ont été assaillis par des hommes armés et cagoulés. Ces derniers ont ouvert le feu à l’arme automatique depuis trois pick-up. L’attentat, n’a pas pour l’instant encore été revendiqué. On sait, cependant, que la branche égyptienne du groupe djihadiste Etat islamique (EI) mène depuis plusieurs mois une campagne contre la minorité copte.
En effet, c’est la troisième fois en six mois que des chrétiens égyptiens sont visés. Pour mémoire, cette fusillade intervient un mois et demi après des attaques-suicides contre deux églises coptes, qui avaient fait 45 morts à Alexandrie et Tanta. Les chrétiens avaient été également pris pour cible en décembre où un attentat en plein centre du Caire avait causé 29 morts. Ces attentats avaient été revendiqués par le groupe EI. Le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi avait ainsi, en avril dernier, déclaré l’état d’urgence pour trois mois et accusé les djihadistes de vouloir semer la division dans le pays en s’en prenant aux minorités. Car près de 10% des 92 millions d’Egyptiens sont chrétiens. Ils forment la plus importante communauté chrétienne du Moyen-Orient et l’une des plus anciennes dans un pays où les musulmans sunnites sont largement majoritaires. L’existence des coptes remonte à l’aube du christianisme, à l’époque où l’Egypte est intégrée aux empires romain puis byzantin après la l’extinction de la dynastie des Ptolémée, d’origine grecque.
Soutiens
L’attentat a été largement condamné dans la région. Al-Azhar, la célèbre institution de l’islam sunnite basée au Caire, a condamné l’attaque qui a eu lieu à la veille du début du mois du Ramadan. Le grand imam Ahmed Al-Tayeb l’a qualifiée d’« inacceptable » et a affirmé qu’elle visait à déstabiliser l’Egypte.
Côté israélien, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a présenté « les condoléances du peuple israélien au président Al-Sissi et au peuple égyptien ». « Le terrorisme sera plus rapidement mis en échec si tous les pays s’unissent contre lui », a-t-il déclaré dans un communiqué.
Pour l’Eglise de Terre Sainte, « Le Patriarcat latin de Jérusalem (a condamné) fermement cette autre attaque perpétrée à l’encontre de la communauté copte en Egypte et exprime, avec les Eglises de Terre Sainte, ses plus sincères condoléances aux familles des victimes. »
La communauté chrétienne égyptienne sait aussi pouvoir compter sur le soutien du Vatican. Lors d’une visite de deux jours sous haute sécurité les 28 et 29 avril, le pape François avait plaidé au Caire pour le dialogue entre musulmans et chrétiens. Il avait en outre rencontré le pape copte orthodoxe Tawadros II et le grand imam d’Al-Azhar et s’était rendu dans l’église attaquée en décembre. Le pape François avait rappelé avec émotion l’importance et la force de l’œcuménisme du sang : « le sang innocent de fidèles sans défense versé cruellement nous unit », avait-il notamment soutenu.