L’archéologie de Gaza s’expose à Paris
Du 3 au 18 avril 2025, le siège du Réseau Barnabé- Paris 7e - accueille une exposition inédite consacrée aux travaux de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem. Une trentaine de photographies couleur, jamais montrées au public, documentent près de deux décennies de fouilles menées sur le site antique d’Anthédon, sur la côte de Gaza, entre 1994 et 2012.
En marge de l’exposition Trésors sauvés de Gaza, ouverte hier à l’Institut du Monde Arabe (IMA), le Réseau Barnabé inaugure, ce soir dans ses locaux parisiens, une exposition retraçant 18 années de fouilles archéologiques à Anthédon.
Dans la cour intérieure de l’édifice de la rue des Saints-Pères, c’est l’effervescence. Les trois derniers archéologues dominicains français de l’Ecole biblique et archéologique accrochent eux-mêmes les clichés qu’ils ont sélectionnés. « Nous avons privilégié des photos qui montrent les hommes qui ont fouillé. Pas seulement nous, mais les Palestiniens de Gaza sans qui cette documentation archéologique n’aurait pu être possible. » C’est le frère Jean-Baptiste Humbert qui parle. Il apparaît sur quelques-uns des clichés car c’est lui qui a conduit ces fouilles sur le site d’Anthédon.
Lire aussi →
Située au nord de Gaza, Anthédon fut une ville grecque prospère, port de commerce florissant à l’époque hellénistique. La région de Gaza, carrefour stratégique depuis l’Antiquité, a longtemps été un point de convergence pour les échanges entre les peuples de la Méditerranée et ceux de la Péninsule arabique. Pendant 2500 ans, ses ports ont vu transiter les épices, parfums, pierres précieuses et autres trésors venus de l’océan Indien, échangés contre les produits de la Méditerranée.

Lorsque l’équipe de l’École biblique commence ses travaux en 1994, le site d’Anthédon est à peine visible, dissimulé sous une dune de sable, partiellement recouvert par un camp de réfugiés et endommagé par les carrières et les vagues. Pourtant, sous ce paysage aride, repose la mémoire d’une ville antique, jadis tournée vers la mer et entourée de jardins et vergers.
Frère Jean-Michel de Tarragon, photographe de nombreuses expéditions, fait remarquer la profondeur qu’il a fallu creuser couche par couche et ajoute : « Il faut comprendre que les objets exposés à l’IMA, ne sont pas tombés du ciel comme des colis Amazon ! Ils ont été découverts un à un lors d’un travail acharné. Nous voulions rendre hommage à ces collaborateurs. Plusieurs d’entre eux ont péri lors de la guerre en cours. Nous voulions leur rendre hommage. » Le ton est grave mais les trois religieux sont heureux de se retrouver, maintenant qu’ils sont dispersés dans différents couvents de France, alors que l’Ecole biblique de Jérusalem n’a plus d’archéologue dominicain français actif.
Les clichés présentés témoignent des différentes campagnes de fouilles. À travers ces images, le visiteur est invité à plonger dans l’histoire méconnue d’un territoire au patrimoine exceptionnel, « aujourd’hui menacé voire disparu, ces dernières années sous l’effet de l’urbanisation de Gaza et, de nos jours, celui de sa destruction par les obus et chars israéliens », explique frère Dominique-Marie Cabaret.
Lire aussi →
Alice de Rambuteau, commissaire de l’exposition et directrice du Réseau Barnabé accueille ses amis de longue date et se réjouit de leur présence. « Ils rendent vivants les clichés qu’ils exposent. Les photos sont très explicites mais les détails que les frères donnent leur donne encore plus de corps. Et nous sommes très heureux de les exposer. »
Une exposition chère aussi à frère Jean-Baptiste pour qui l’archéologie est une anthropologie.