Ambiance festive ce matin à Jérusalem, dans la basilique du Saint-Sépulcre, pour la fin des travaux dans l’édicule du tombeau vide de Jésus. Un projet qui semblait impossible.
(G.S.) – Ce matin dans la basilique du Saint-Sépulcre, à Jérusalem, s’est tenue la célébration œcuménique qui scelle la fin des travaux de l’édicule entourant ce qui reste de la tombe de Jésus Ressuscité.
Exactement un an après la signature de l’accord entre les entités responsables de la basilique – le Patriarcat grec-orthodoxe de Jérusalem, la Custodie de Terre Sainte pour l’Eglise catholique et le Patriarcat arménien de Jérusalem – qui donnait le feu vert à l’intervention, le chantier (coordonné par le professeur Antonia Moropoulou de l’Université technique d’Athènes) a officiellement fermé en respectant l’échéance prévue.
La rotonde de l’Anastasis était bondée d’ecclésiastiques, d’autorités civiles, de diplomates et de nombreux invités religieux et laïcs. Parmi les invités d’honneur se trouvaient le Patriarche œcuménique de Constantinople Bartholomée Ier, le Délégué Apostolique à Jérusalem Mgr Giuseppe Lazzarotto, et le Premier Ministre grec Alexis Tsipras (le gouvernement grec est l’un des principaux financeurs des travaux).
Assis au milieu de cette considérable assemblée, le Patriarche grec-orthodoxe Théophile III, avait à sa droite le Custode Francesco Patton et à sa gauche le Patriarche arménien Nourhan Manoughian. Derrière Frère Francesco Patton était assis son prédécesseur, Mgr Pierbattista Pizzaballa, désormais Administrateur Apostolique du Patriarcat latin de Jérusalem, qui a joué un rôle décisif dans la réalisation des travaux tout juste achevés. L’ambiance dans la basilique était très festive et oecuménique. La satisfaction était palpable, d’avoir accompli une opération que beaucoup, jusqu’à il y a deux ans, jugeaient improbable ou pour un futur lointain. Pourtant, ces communautés, par le passé, se sont souvent trouvées dans la ligne de mire des médias internationaux à cause de leurs disputes à l’intérieur de l’unique église au monde (avec la basilique de la Nativité) à être sous le régime de « copropriété œcuménique ». Pour cette entreprise, elles se sont révélées capables d’un effort significatif : l’Histoire marche sur les pas des hommes et cette fois, elle a trouvé les bons hommes au bon endroit.
La célébration a commencé avec les chants de trois chœurs d’hommes : le chœur grec-orthodoxe, le franciscain et l’arménien.
Ensuite, l’assemblée a écouté les discours tous prononcés en anglais, à l’exception de celui du Patriarche œcuménique, qui a parlé en grec. Sont intervenus dans l’ordre suivant : le Patriarche Théophile III ; Frère Francesco Patton ; le Patriarche Nourhan ; Mgr Pizzaballa ; le Patriarche Bartholomée ; le Nonce Mgr Lazzarotto, qui a lu un message envoyé par le Cardinal Leonardo Sandri, préfet de la Congrégation pour les Eglises orientales ; un délégué du Patriarche de tous les Arméniens, Karekin II.
Dans son discours, le Custode de Terre Sainte a souligné que l’édicule restauré est « le lieu physique qui préserve la mémoire de la sépulture de Notre Seigneur Jésus-Christ, et qui nous témoigne que l’incarnation du Fils de Dieu est si réelle et entière, qu’elle va jusqu’à l’expérience de la mort, qui est l’expérience ultime de toute vie humaine. Mais le Saint-Sépulcre est par-dessus tout le lieu physique où la chair de notre Sauveur n’a pas connu la corruption et où la mort a été vaincue. (…) Précisément parce qu’il s’agit du lieu de la Résurrection du Seigneur Jésus, et qu’il est la base de notre foi et de notre espérance chrétienne. »
Une fois de plus, Frère Patton a voulu faire observer que « le fait d’avoir pu réaliser les travaux de conservation, de restauration et de réhabilitation de l’édicule du Saint-Sépulcre grâce à la collaboration de nos trois communautés, a également une valeur ajoutée : c’est le signe d’une croissance importante des relations fraternelles entre nous et entre nos communautés, dans un esprit de confiance mutuelle et de coopération ».
« Alors loué soit notre Seigneur Jésus-Christ, mort et enterré pour nous, selon les Ecritures, ressuscité pour nous d’entre les morts le troisième jour, et qui autour de son Saint-Sépulcre nous a fait nous retrouver plus proches, plus prêts à coopérer, plus disponibles les uns envers les autres, comme de véritables frères », a ajouté le franciscain.
Le Patriarche arménien Manoughian a introduit un élément particulièrement intéressant, saisissant l’esprit œcuménique de l’événement. L’ecclesiastique a rappelé que l’Eglise copte, l’Eglise syriaque et l’Eglise éthiopienne bénéficiaient déjà de certains privilèges à l’intérieur et autour de la basilique du Saint-Sépulcre. Ce qui n’est pas le cas pour les communautés anglicane et luthérienne, également présentes à Jérusalem. Le Patriarche a demandé au Patriarche grec-orthodoxe et au Custode de Terre Sainte de considérer aussi pour ces cinq Eglises la possibilité de célébrer la divine liturgie dans l’édicule du Saint-Sépulcre une fois par an, juste après Pâques. Eventualité exclue jusqu’à présent par le régime du Statu Quo qui établit les droits des différentes communautés dans la basilique du Saint-Sépulcre, mais que le nouveau climat pourrait peut-être rendre possible.