Les premiers blocs d'un mur en béton ont été érigés autour du plus grand camp de réfugiés palestiniens au Liban cette semaine, où vivent quelque 55.000 personnes.
(Jérusalem/n.h.) – Les autorités libanaises ont commencé la construction d’un mur de béton sur le côté ouest du camp de réfugiés d’Ain al-Hilweh à Saïda, au sud Liban, en coordination avec les factions palestiniennes dans le camps. Il fera deux kilomètres de long, quatre mètres de haut, aura quatre tours, et devrait être achevé dans les quinze prochains mois.
Lorsque les premiers blocs sont arrivés sur place, des photos de leur installation furent aussitôt partagées sur les réseaux sociaux. L’opération est menée sous la supervision d’officiers de l’armée libanaise et avec l’accord des dirigeants palestiniens à l’intérieur du camp, a confirmé le commandant des forces de sécurité conjointes palestiniennes, le Major général Subhi Abu Arab. « Ce mur, comme nous l’avons appris de l’État libanais, est le fruit d’une décision prise il y a 10 ans et reportée jusqu’à ce jour.»
Pour sa part, le Maj. Gen. Mounir Maqdah, le responsable des forces conjointes palestiniennes, a déclaré que « la construction a déjà commencé, et cela en dehors des limites du camp, loin des zones résidentielles ». «Les factions palestiniennes, a-t-il poursuivi, se sont réunies sous la direction de l’armée et de ses renseignements, et se sont mises d’accord sur les plans du projet.» Toutefois, a-t-il souligné, «si le gouvernement libanais avait traité il y a des années le dossier de la présence palestinienne au Liban, il n’aurait pas été nécessaire de construire un mur de séparation ou des tours de contrôle.»
Abu Arab a écarté l’idée que la mise en œuvre de cette décision nuirait aux relations de confiance avec l’Etat libanais. La volonté derrière la construction «comme nous l’avons entendu de l’État, du chef du renseignement dans le sud, et certains appareils de sécurité, est de protéger le camp et l’armée en même temps, a-t-il confié. Le mur n’encercle pas le camp, il est situé dans la région sud-ouest et sur une partie de la route côtière du sud.»
Les sources de sécurité ont confirmé les travaux ont commencé du côté de la route menant à la ville de Tyr, tout en niant leur intention de les mener sur l’ensemble des frontières du camp.
«Mur de la honte, qui vise à assiéger les Palestiniens et à les punir », c’est ainsi que certains militants ont décrit la décision espérant soulever une objection populaire contre le projet. Les voix se sont levées contre, mais aucun appel à manifester n’a encore été lancé.
Cependant, les diverses forces palestiniennes ont déclaré que les résidents du camp ne se sont pas opposé à la construction d’un mur, tant que le principal accès à ‘Ein el-Hilweh n’était pas barré, que l’étendue du mur restait limitée à une partie du camp, et qu’il ne portait pas atteinte à la vie quotidienne de la population.
Ce mur sert-il à protéger les convois des forces internationales ? Abu Arab a déclaré: « Pour protéger les convois ou pour empêcher les infiltrations à l’intérieur du camp, l’État a mille et une réponses à ce sujet. En tous les cas, toutes les forces à l’intérieur le camp ont accepté la construction, que ce soit les mouvements de combattants du Hamas, l’OLP ou les autres factions. »
Le commandant a également nié que le mur était construit à la demande « Hezbollah », soulignant que l’idée « n’a pas été soumise au Hezbollah, ni de près ni de loin ni aux forces internationales. Le gouvernement libanais nous a assuré qu’il était de notre intérêt que nous travaillons à ce mur et ses tours afin de préserver la sécurité du camp et celle l’État.»
Y-aurait-il un rapport avec l’exploration pétrolière et gazière dans la mer à l’avenir, pour assurer la sécurité des entreprises ? Le commandant a déclaré: « Le gaz a besoin de beaucoup de temps encore pour être extrait ».
« La construction a débuté il y a quelque temps et son objectif est d’empêcher que des terroristes ne s’infiltrent dans le camp de Ein el-Hilweh depuis les champs voisins», a indiqué lundi à l’AFP une source dans l’armée.
À leur tour, des sources de sécurité palestiniennes ont indiqué que la principale raison de la construction selon les services secrets de l’armée libanaise, serait l’intention de groupes extrémistes de mener des opérations terroristes sur la route du sud.
En septembre dernier, l’armée a arrêté le « prince de l’organisation Daesh à Ein al-Hilweh » Imad Yassin, dans une opération spéciale menée au sein du camp.
Des dizaines de personnes recherchées se sont livrées volontairement aux services de sécurité libanais au cours des derniers mois. C’est le fruit d’une coordination entre les factions palestiniennes et les services de renseignements libanais, suite à un accord signé fin juillet dernier promettant à ceux qui se livraient volontairement, un procès équitable et rapide.
Fouad Othman, un militant, s’est interrogé sur la pertinence de ce mur « puisqu’il existe des barrages de l’armée aux portes du camp qui contrôlent les entrées et sorties ». Selon lui, ce mur est insultant pour les réfugiés palestiniens, qui le comparent à celui construit par l’Etat hébreu en Cisjordanie occupée, devenu un symbole de l’occupation israélienne.