Actualité et archéologie du Moyen-Orient et du monde de la Bible

La mer Morte à la nage

Mélinée Le Priol
15 novembre 2016
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La mer morte se réduit comme peau de chagrin. Bientôt elle ne fera plus la joie des touristes. C’est pour attirer l’attention sur ce désastre programmé que 25 nageurs l’ont traversé à la nage.


(Jérusalem) – Le 15 novembre, 25 sportifs ont traversé la mer Morte à la nage depuis sa rive jordanienne jusqu’au kibboutz d’Ein Guedi, en Israël. C’était la première fois, selon l’association régionale Ecopeace organisatrice de l’événement. Venus d’Israël, de Grande-Bretagne, d’Afrique du Sud ou encore de Nouvelle-Zélande, ces nageurs amateurs tenaient à attirer l’attention sur la situation inquiétante de la mer Morte : son niveau a baissé de 25 mètres en trente ans et elle a perdu un tiers de sa surface.

Pour l’unique Palestinien de la traversée, c’était un « rêve » qui se réalisait. Ancien surveillant de plage sur la rive gauche de cette mer intérieure, le sexagénaire ne pensait pas avoir un jour avoir l’occasion de la traverser à la nage, franchissant ainsi une frontière invisible entre Israël-Palestine et la Jordanie. « Cela a été un processus bureaucratique laborieux, car il a fallu obtenir pour tout le monde l’autorisation de passer la frontière, raconte l’Israélienne Erin Falah d’Ecopeace. En tout, l’organisation logistique a pris un an et demi ! »

La traversée, elle, aura duré un peu moins de sept heures. Les nageurs, parmi lesquels se trouvaient sept femmes, devaient boire toutes les trente minutes pour éviter la déshydratation. Car ce n’est un secret pour personne, l’eau de la mer Morte est extrêmement salée (36% de salinité). Un bateau se trouvait toujours près des sportifs pour les approvisionner en eau douce. Par ailleurs, ils portaient un masque spécial pour éviter de recevoir de la moindre goutte d’eau dans les yeux ou la bouche. Mais pas de combinaison de plongée, car là encore ils auraient risqué la déshydratation… Pour supporter le sel, leur peau était enduite de vaseline.

L’association Ecopeace a fait de la défense de la mer Morte l’un de ses principaux chevaux de bataille. Ses membres le martèlent à l’envi : la baisse de son niveau (1,20 mètres chaque année) est la conséquence directe de l’intervention humaine. En cause notamment, le pompage excessif du Jourdain, qui alimente cette mer intérieure. Israël, la Jordanie et la Syrie multiplient en effet les barrages sur les affluents du fleuve biblique, et détournent aujourd’hui 95% de ses eaux.

L’initiateur de cet atypique événement, l’Israélien Oded Rahav, résume son idée en quelques mots : « S’il est possible de faire l’impossible, comme traverser la mer Morte à la nage, alors il est aussi possible de sauver la mer Morte. »

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