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Etre ultra-orthoxode, jeune et chanteur : portrait de Meir

Eleonora Prandi
14 novembre 2016
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Malgré son jeune âge, Meir Green est devenu célèbre parmi les juifs ultra-orthodoxes d’Israël. Et ce grâce à sa voix et son talent artistique, un choix qui ne fait pas l'unanimité.


Il n’a que vingt ans mais il est déjà une star au sein de la communauté ultra-orthodoxe d’Israël. Un rapide retour en arrière permet de mesurer combien le parcours du jeune homme a été semé d’embuches.

Né à Jérusalem dans une famille ultra-orthodoxe, il fréquente plusieurs écoles rabbiniques (yeshivot) à travers le pays et dans le monde. Mais le jeune Meir se rend bien vite compte qu’il se sentira jamais à l’aise dans l’une d’entre elles et découvre que son vrai «chemin inclut non seulement les notes de musique de son livre de prières, mais aussi la musique de son cœur ».

«Depuis l’enfance je rêvais de faire de la musique», avoue Meir. « Mais, étant d’une famille ultra-orthodoxe, je n’ai pas eu beaucoup d’occasions d’exprimer ma passion ». Ainsi, à 17 ans, débute une période très sombre de crise spirituelle ; il s’éloigne des études et des yeshivot pour commencer sa remise en question. « De cette expérience, source d’une grande tristesse, est née la décision prendre une nouvelle route », d’arrêter l’étude des textes religieux pourtant premier objectif de tout homme issu de la communauté ultra-orthodoxe.

Ne souhaitant pas abandonner pour autant ses convictions, Meir accepte un poste d’éducateur dans une institution pour des jeunes s’étant éloignés de la pratique religieuse juive, des jeunes comme lui en quête d’un renouveau. Il leur enseigne l’importance des rites et la prière. « Chemin faisait – partage Meir – j’ai trouvé la paix intérieure. J’étais comme ces jeunes qui m’ont été confiés, abandonné à moi-même. Voilà pourquoi le lien que j’entretiens avec eux est si fort ». Ce fut au cours de cette remise en question que naquit son premier disque : The Next Happiness (de l’anglais Le Prochain Bonheur), un tube qui est devenu presque instantanément le nouveau slogan de sa communauté.

« Cette chanson raconte notre histoire – explique Meir -. L’histoire de tous les jeunes : un garçon se dispute avec sa mère, prend un sac et fuit de la maison. Il va vivre dans la rue, pour réaliser à quel point il s’est trompé. Mais découvre enfin à quel point le bonheur est proche, il se trouve au coin de la rue ».

Evoquant le renfermement des ultra-orthodoxes et les problèmes communautaires, Meir Green affirme que « les parents tout comme les éducateurs ne savent pas comment parler aux enfants, comment faire face à ce qu’ils considèrent comme la rébellion de l’adolescence. Dès lors, la musique, peut-être un langage approprié pour parler à ce groupe d’âge particulier, avec les mots et les émotions qu’ils comprennent ».

« Le trait commun des 300 à 400 jeunes que j’ai connus au fil des années est le suivant : ils sont issus de familles qui les mettent sous pression et ne leur donnent nullement l’espace dont ils ont besoin. De là naissent les problèmes », dit-il. Aujourd’hui encore Meir essaie de donner un coup de main aux jeunes en difficulté qui le contactent via les réseaux sociaux, en dépit de relations parfois compliquées avec certains d’entre eux. En témoigne le tube Broken Heart (Cœur Brisé) composé suite à une discussion au cours de laquelle un jeune garçon a levé la main sur lui.

Il y a encore quelques mois, le jeune Meir travaillait dans une yeshiva, et dans son temps libre se consacrait à sa musique. Mais la communauté ultra-orthodoxe à laquelle appartient le jeune n’a pas trouvé de bon ton que ce dernier participe à une compétition de chants télévisée de sorte que le garçon a dû abandonner son travail. Sans enfreindre la loi, les responsables de l’école rabbinique n’ont pas jugé opportune sa visibilité excessive. La décision n’a pas été facile pour Meir, mais là encore points de regrets. « Je ne peux pas cacher la façon dont je vois ce monde et encore moins mon talent musical. Parfois, le prix à payer est élevé, mais je sais que mon choix et un choix d’amour ».

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