Le taux d'émigration des jeunes palestiniens demeure très élevé mais l'appel de la Terre l'est tout autant. Certains décident de rentrer au pays, comme le couturier Rami Kashou.
Parfois les décisions ne sont pas faciles à prendre, comme celle de rentrer au pays. Encore plus quand on prend le contrepied d’une jeunesse palestinienne qui rêve d’ailleurs. C’est pourtant ce qu’a fait Rami Kashou, troquant stars hollywoodiennes et têtes couronnées pour établir une boutique éphémère à Ramallah.
Fils d’une ancienne Miss Jordanie, Rami est né à Jérusalem et a grandi à Ramallah, mais la plupart de sa vie, il l’a passé aux États-Unis, où il est devenu un styliste. Cette boutique à Ramallah il en rêvait, « C’est très important pour moi parce que ça fait longtemps que je ne suis pas revenu », a-t-il partagé à l’AFP. Une occasion pour ses concitoyennes de revêtir les robes des stars d’Hollywood.
Dans la rue centrale Yasser Arafat, on retrouve ainsi répliques exactes de modèles dessinés et portés par Kim Kardashian, la reine Rania de Jordanie ou l’actrice Jessica Alba pour n’en citer que quelques-unes. Des modèles qu’une grande partie des fashionistas palestiniennes ne voient que dans les magazines sur papier glacé.
Le créateur, malgré sa longue absence, est une fierté locale. Né en 1976, en 1996, il décida de déménager à New-York pour y tenter sa chance ; après avoir travaillé dans une boutique à Los Angeles et plusieurs années de formation, il fut finaliste de l’émission de téléréalité « Project Runway » terminant à la seconde place. « Cela m’a fait une pub énorme, surtout en tant que Palestinien. Les Arabes ont entendu parler de moi et m’ont soutenu » partage l’artiste. Kashou, cependant, se sentait redevable envers sa patrie et c’est alors qu’il prit la décision de mettre en vente ses créations dans les territoires occupés.
« Je suis fière qu’on ait un créateur palestinien de cette stature. Et en plus, il revient en Palestine et nous organise cet évènement », se réjouit Souha Hussein, 32 ans, cliente de la boutique. Elle ajoute, « j’espère qu’elle n’est pas trop chère, comme ça je pourrai l’acheter ».
Pour une robe « simple », il faut compter plusieurs milliers d’euros, une somme impossible à rassembler pour la grande majorité de la population dans les Territoires palestiniens où le taux de chômage avoisine les 27%.
Dans la presse locale on débat sur le type de clientèle que Rami Kashou va pouvoir trouver mais surtout s’il offrira des possibilités de développement et d’emploi. Destinées à la haute bourgeoisie arabe qui habituellement raffole de prendre l’avion pour suivre les semaines de la mode un peu partout dans le monde et faire ses achats dans les temples du luxe, les créations de Rami Kashou trouveront-elles leur clientèle à Ramallah ?