L'après-midi du 21 septembre, Mgr Pierbattista Pizzaballa a fait son entrée officielle dans la ville sainte comme administrateur apostolique du patriarcat latin. Extraits de son discours.
(G.S.) – Que porte dans son cœur le nouvel administrateur apostolique du patriarcat latin de Jérusalem ? Quels rêves nourrit-il pour cette Église si particulière et que le Pape a confié à ses soins le 24 juin dernier ? Quelles intuitions guideront son épiscopat ?
Quelques réponses se trouvent dans le discours que Mgr Pierbattista Pizzaballa a adressé, le 21 septembre, à son clergé et au peuple catholique réunis à Jérusalem pour la célébration des Vêpres en la co-cathédrale latine lors de son entrée officielle dans le diocèse.
« J’ai commencé ce service qui m’a été confié le jour où l’Eglise commémorait la naissance de Jean le Baptiste, et c’est inspiré par sa figure que j’ai pensé au début de mon ministère comme un « Préparer la voie… Ouvrir les chemins, les parvis, les libérer de tout ce qui nous empêche de Le rencontrer et de rencontrer l’autre ». Et j’ai ajouté : « Je voudrais que rejaillisse de Jérusalem … pour nous et pour toute l’Eglise, la possibilité de se rencontrer et de s’accueillir les uns les autres, en construisant des routes et des ponts et non des murs ».
« Je ne peux que réitérer à nouveau cette volonté. Accueillir, écouter, discerner et, ensemble, montrer le chemin de l’Eglise pour les années à venir. Je sais que ce ne sera pas facile. Je ne suis pas naïf. Après la joie de la transfiguration, il y a la descente de la montagne, dans la vie ordinaire et quotidienne, avec son lot de joies certes, mais aussi ses problèmes, ses souffrances et ses divisions. Et à Jérusalem, et plus généralement en Terre Sainte, les divisions ne manquent pas. Elles sont dures et blessantes dans notre vie quotidienne. Nous ne cessons de les déplorer : dans la vie politique et sociale, avec un conflit politique qui porte atteinte à la vie de tous, en offensant la dignité, en manquant au respect des droits fondamentaux des personnes ; nous les voyons aussi dans les relations inter-religieuses, entre nos Eglises mais aussi souvent au sein de nos Eglises respectives. Le diable, qui est l’origine des divisions, semble avoir élu domicile à Jérusalem.
Eh bien, c’est justement dans ce contexte si difficile qui ne nous permet pas de nous faire d’illusions, que nous sommes appelés à être Eglise, c’est-à-dire à être un témoignage d’unité. C’est ici, dans ce contexte déchiré et divisé, que la première annonce à faire est celle de l’unité, laquelle commence avec nous, chez nous.
Dans ce contexte, je remercie le Patriarche grec-orthodoxe de Jérusalem, pour sa participation, à travers un délégué, à ma consécration épiscopale, et je lui assure de mon désir de continuer par la suite à travailler pour la fraternité et l’harmonie mutuelle. Et de fait, nous ne pouvons pas nous permettre de donner des leçons de dialogue au monde entier, si entre nous ne règnent que divisions et méfiance !
Jérusalem nous rappelle Pâques. Au Saint-Sépulcre, c’est toujours Pâques. Pâques signifie passage : passage de la mort à la vie, des ténèbres à la lumière, de la méfiance à l’égard des disciples d’Emmaüs, à l’élan des apôtres à la Pentecôte. Nous devons et nous voulons devenir des experts de cette vie qui vient de la croix, qui ne se résigne pas à la mort, mais qui l’emporte sur la mort par l’amour.
Je désire ainsi rendre ce service en tant qu’évêque à la lumière de Pâques. Face aux nombreux signes de la mort en nous et autour de nous, je voudrais accompagner notre Eglise dans la relecture de sa propre histoire, comme le fit Jésus avec les disciples d’Emmaüs, afin de découvrir cette Présence qui ne nous a jamais abandonné et qui est la source de la vie éternelle. Et nous demander si nous y croyons vraiment. Si nous croyons vraiment que le Christ est source de force et de vie. »
Et pour conclure, un nouvel appel à l’unité des cœurs et des intentions : « Je souhaite que les différentes âmes qui forment notre Eglise, une mais multiforme, collaborent toujours plus et toujours mieux (…) Pour moi être Eglise signifie se sentir chacun membre d’un même corps, participant les uns des autres. Je souhaite que ce sentiment soit partagé par vous tous ».
Enfin : « Je veux être évêque de tous et pour tous. Je compte sur votre pleine coopération à tous. Je vous remercie de m’avoir accompagné par vos prières et votre participation. J’ai vécu des moments très beaux et très intenses qui m’ont réconforté et consolé. Vous avez été le réconfort de Dieu de ces derniers mois. Puisse Dieu nous soutenir le long de ce chemin au bout duquel nous le rencontrerons, nous ouvrir les yeux sur la souffrance de cette terre et de ses habitants, et nous rendre capables de consoler et de réconforter ».
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Retrouvez l’intégralité du discours de Mgr Pierbattista Pizzaballa sur le site du patriarcat latin de Jérusalem.