La semaine dernière, l'organisation Human Rights Watch a publié un rapport sur les violations de la liberté d'expression en Palestine. Même les rappeurs se trouvent en difficulté.
La semaine dernière, l'organisation Human Rights Watch a publié un rapport sur les violations de la liberté d'expression au cours de ces dernières années en Palestine. Même les rappeurs se trouvent en difficulté.La semaine dernière, l'organisation Human Rights Watch a publié un rapport sur les violations de la liberté d'expression au cours de ces dernières années en Palestine. Même les rappeurs se trouvent en difficulté.
Le 19 novembre 2014, Majd Khawaja, 22 ans, était arrêté par des membres des forces de sécurité palestiniennes. L’accusation à son encontre : avoir peint le mot « Intifada » sur un mur ; Khawaja était libéré seulement après trois jours d’interrogatoire. Le 21 novembre, ce fut au tour de Mutaz Abu Lihi, 21 ans, interpellé par un groupe d’hommes du service des renseignements palestiniens et interrogé sur ses opinions politiques ; il fut également accusé d’avoir peint des graffitis critiquant le président Mahmoud Abbas (Abou Mazen). Khawaja et Abu Lihi vivent en Cisjordanie et font tous deux partie du groupe de rap « Min al-Alef Lal Ya » – traduit de « De A à Z ». Après plusieurs arrestations et mauvais traitements infligés par les forces de sécurité et deux procès encore en cours, Abu Lihi ne « rappe » plus, Khawaja chante encore mais choisit soigneusement ses mots.
Leurs histoires sont mentionnées dans un rapport publié, la semaine dernière, par Human Rights Watch. En effet, après avoir relevé un certain nombre de violations de la liberté d’expression, l’association a décidé de mener une enquête sur cinq cas spécifiques : ceux de Khawaja et Abu Lihi en Cisjordanie et trois autres dans la bande de Gaza. Dans le rapport on peut lire que l’Autorité palestinienne comme le Hamas « arrêtent et accusent des journalistes et des militants d’avoir commis des actes criminels alors que ces derniers expriment pacifiquement leur dissidence envers les autorités. »
Les critiques peuvent être exprimées à travers une chanson, un graffiti ou une publication sur les réseaux sociaux, la réaction des autorités est quant à elle souvent la même. Que ce soit à Gaza ou en Cisjordanie, certaines des personnes arrêtées ont raconté aux enquêteurs avoir été physiquement punis ou torturés et Sari Bashi, directrice de Human Rights Watch pour Israël et la Palestine, indique que bien qu’ « agissant de manière indépendante, les deux gouvernements palestiniens semblent avoir adopté des méthodes similaires pour menacer, harceler et maltraiter physiquement quiconque ose les critiquer ».
Les cinq cas documentés par Human Rights Watch coïncident avec les données recueillies par des groupes comme le Centre palestinien pour le développement et la liberté des médias (Mada). Selon Mada, en 2015, 192 violations de la liberté d’expression de journalistes ont été enregistrées ; sont comptabilisés parmi les violations : interrogatoires, arrestations et détentions. Une augmentation de 68% par rapport à l’année 2014.
Human Rights Watch souligne que cette escalade à l’encontre des journalistes et des militants est une violation des traités internationaux signés par la Palestine, mais aussi de la Loi fondamentale palestinienne (de fait la Constitution – ndlr) qui protège la liberté d’expression. Bashi souligne qu’à partir de 2011 l’Autorité palestinienne utilise « une ancienne loi datant de la période ottomane permettant aux autorités d’arrêter et de poursuivre quelqu’un pour avoir prétendument insulté un agent public, ou simplement pour diffamation ».
Parlant à l’Associated Press, le porte-parole de l’Autorité palestinienne, Jamal Dajani, a déclaré que les cas décrits dans le rapport de Human Rights Watch sont isolés et n’ont rien à voir avec la liberté de la presse. Le ministre de l’Intérieur, à Gaza, a cependant garanti un « engagement total » en faveur de la liberté d’expression, assurant que le Hamas ne pratique pas d’arrestations sur la base d’activités politiques ou journalistiques.
Sari Bashi déclare par ailleurs que l’Autorité palestinienne et le Hamas ont été disponibles dans les discussions concernant les cas documentés par Human Rights Watch. Elle conclut : « Nous sommes reconnaissants pour les rencontres que nous avons obtenues avec les autorités mais nous estimons qu’elles devraient mettre en pratique nos suggestions ».