Le Disneyland du maire de Jérusalem s’équipera d’un téléphérique survolant Jérusalem-Est, histoire de montrer « qui est le patron de la ville ».
(Jérusalem/n.h) – Le projet de téléphérique à Jérusalem a été évoqué pour la première fois en 2013 par Nir Barkat, le maire de Jérusalem. Selon lui, il permettra aux touristes un accès plus facile aux lieux saints. Par ailleurs, il ne s’en cache toutefois : la remontée mécanique servira aussi des visées clairement idéologiques.
Le téléphérique s’arrêtera dans un quartier palestinien, et pas n’importe lequel, Silwan (Siloé) pour, selon les mots de Barkat à ses confrères du parti du Likoud lors d’une visite guidée « mettre au clair qui est le propriétaire de la ville ». Silwan est depuis toujours un quartier difficile et ces dernières années il a été placé sous très haute surveillance du fait de l’installation d’implantations juives soutenues par des mouvements sionistes religieux d’extrême droite.
Selon les plans de la municipalité de Jérusalem, le téléphérique aura quatre arrêts : le complexe de la Première station au sud de Jérusalem ; le Centre Kedem à Silwan, dont le propriétaire est Elad, une organisation d’extrême droite ; l’Hôtel des Sept arches sur le Mont des Oliviers et Gethsémani, non loin de la basilique des Nations et du jardin du même nom. Mais Barkat dans une vidéo publiée sur sa page Facebook, a mentionné un cinquième arrêt: le Bassin de Siloé, au cœur de Silwan, à 500 mètres du Centre Kedem, qui œuvre à la promotion de la « cité de David ».
« Dans ce quartier arabe, pointant du doigt le quartier Palestinien de Silwan, des juifs ont acheté une trentaine de maisons, vivant en très bon voisinage avec les habitants arabes. […] Nous allons construire un arrêt dans la cité de David pour faire revivre l’expérience biblique aux touristes et pèlerins. »
« Je veux permettre aux juifs et aux non-juifs de revivre cette expérience. Ceux qui voudront se baigner dans le bassin de Siloé, pourront le faire, et ensuite pourront monter au Mont du Temple. Tous ceux qui suivront ce trajet sauront qui est le propriétaire de la cette ville », a-t-il martelé. « Le téléphérique servira donc non seulement un but économique pour les millions de touristes mais aura aussi un but idéologique », a-t-il résumé pour conclure sa présentation.
Barkat, accusé de vouloir faire de Jérusalem un Disneyland à thématique religieuse, essaie de mettre ce projet en marche depuis des années. Selon lui c’est la solution idéale pour une région riche en sites touristiques. Toutefois le projet, estimé à 30 millions d’euros, est très controversé car il opère presque entièrement à Jérusalem-Est, près du Dôme du Rocher et de plusieurs sanctuaires chrétiens. Il y a 18 mois la compagnie française Safege avait jeté l’éponge à cause de la pression exercée par l’Autorité Palestinienne sur le gouvernement français.