En Ethiopie, le vicariat d’Harar a un nouvel évêque et il s’agit de Mgr Angelo Pagano, missionnaire capucin. Harar revêt une importance particulière pour l'histoire de la présence franciscaine dans le golfe Persique.
Le 29 mai à Dire Dawa, ville éthiopienne, sera ordonné évêque d’Harar Mgr Angelo Pagano, déjà missionnaire capucin au Cameroun et par la suite supérieur de la Vice-Province capucine d’Ethiopie.
Né le 15 janvier 1954 à Asmara (Erythrée), fils d’immigrés italiens, Angelo Pagano passa toute sa jeunesse dans la capitale érythréenne. C’est là-bas qu’il y rencontra les missionnaires capucins de la province de Lombardie en charge de l’une des paroisses de l’Asmara. A la mort de son père, il déménagea avec sa famille en Italie à San Donato Milanese.
A 25 ans, Angelo décida de débuter le postulat. Il effectua ensuite son noviciat à Lovere. Première profession en 1981, profession perpétuelle en 1985 et ordination en 1988. Peu après, à sa demande, il fut envoyé comme missionnaire au Cameroun. Dans ce pays d’Afrique noire (précisément dans les régions anglophones du Nord) il y est resté jusqu’à ces dernières semaines, à l’exception de six années passées en Ethiopie comme supérieur de la Province des capucins.
Sa nomination au vicariat apostolique d’Harar lui a été notifiée le 5 avril dernier à Rome par le Cardinal Fernando Filoni, Préfet de la Congrégation pour l’Evangélisation des Peuples. L’Ethiopie l’attend donc à nouveau à partir du 29 mai, jour où il sera consacré évêque par le cardinal d’Addis Ababa, Berhaneyesus Suraphiel, en présence d’une importante délégation de fidèles et d’évêques du Cameroun (parmi eux l’archevêque de Bamenda, Mgr Cornelius Fontem Esua et l’évêque de Kumbo, Mgr George Nkuo).
Le vicariat apostolique d’Harar est lié à l’histoire de l’évangélisation et plus particulièrement de la présence franciscaine dans ce pays. Après être restée fermée pendant plus de deux cents ans aux missions catholiques, l’Ethiopie accueillit, en 1939, capucins et lazaristes. La même année, le lazariste Justin de Jacobis fut nommé premier préfet apostolique en Abyssinie et chargé de superviser la fondation des missions catholiques dans le pays. En 1846, au travers du Pastoralis muneris du pape Grégoire XVI, le vicariat apostolique d’Abyssinie voyait le jour (aujourd’hui archidiocèse d’Addis-Abeba).
C’est en 1849 que fut quant à lui créé l’ancêtre du vicariat d’Harar : le vicariat apostolique des Gallas alors confié à l’évêque capucin Mgr Guillaume Massaia. Ce vicariat eut juridiction sur les missions catholiques en Arabie, de l’autre côté du golfe d’Aden. Le 4 mai 1888, la partie du territoire d’outre-mer fut détachée afin de créer le vicariat apostolique d’Aden (aujourd’hui vicariat apostolique d’Arabie du Sud, gouverné par un autre évêque capucin, Mgr Paul Hinder). Les 28 janvier 1913 et 28 avril 1914 d’autres parties de son territoire furent cédées pour l’édification respectives des préfectures apostoliques de Caffa (à présent vicariat apostolique de Nekemte) et Djibouti (aujourd’hui diocèse).
Le 25 mars 1937, une autre portion de son territoire fut concédée dans le cadre de la naissance de la préfecture apostolique de Neghelli (désormais vicariat apostolique d’Awasa) et, en cette occasion, le vicariat changea de nom, devenant le vicariat apostolique d’Harar. Le 6 mars 1980, une autre portion de territoire fut cédée au profit de la préfecture néo-apostolique de Meki (aujourd’hui vicariat apostolique).
« Les catholiques en Éthiopie ne parviennent pas au million de fidèles – a déclaré Mgr Angelo Pagan – ils sont entre sept cent et huit cent mille. A Harar, nous représentons 24 000 fidèles sur une population de 5 millions de personnes et animons 20 paroisses. Dans le vicariat on compte 27 prêtres, dont 9 capucins. Cinquante religieuses sont présentes dont les capucines de Mère Rubatto et les sœurs de Mère Teresa. L’Ethiopie est dans une phase de grande croissance économique bien qu’augmentent aussi la pauvreté et les besoins qui sont considérables ».
Dans ce pays, marqué par de graves déséquilibres sociaux et une émigration croissante (surtout à Djibouti, au Yémen et en Arabie Saoudite), mais aussi affecté par l’instabilité de la Somalie voisine, la mission de Mgr Pagano sera tout d’abord celle de l’écoute. En Ethiopie, l’Eglise orthodoxe éthiopienne avec son histoire et ses traditions millénaires rassemble environ 40 millions de membres. Le dialogue œcuménique et la collaboration avec ses frères orthodoxes sera certainement une autre étape essentielle.
Mais Harar est avant tout aujourd’hui une ville majoritairement musulmane. « Ce vicariat a été fondé au milieu du XIXe siècle par le capucin William Massaja, l’apôtre des Gallas. Je chercherai à me mettre à l’écoute avant tout de l’Islam local qui est majoritaire et de témoigner de l’Evangile dans la simplicité, comme saint François nous l’a enseigné. Établir des liens de sympathie et de collaboration entre les croyants sera essentiel afin d’enraciner et de rendre fructueuse la présence chrétienne dans ce pays ».