Après la rencontre historique du patriarche de Moscou avec le pape François à Cuba, une autre page de l’Histoire de l’Orthodoxie et de l’œcuménisme est en train de s’écrire.
Un concile pan-orthodoxe se tiendra sur l’île grecque de Crète du 18 au 27 juin de cette année. Le titre officiel de cette assemblée est : “Saint et Grand Concile de l’Église orthodoxe”. La date et le lieu ont été décidés à l’assemblée des primats de toutes les Églises orthodoxes sœurs, tenue à Chambésy en Suisse, en février 2016. Une encyclique patriarcale et synodale du patriarcat de Constantinople, publiée le dimanche de l’Orthodoxie, en annonce officiellement la tenue. Il est symbolique que l’ouverture officielle sera marquée par une concélébration pan-orthodoxe de la Divine liturgie eucharistique, à la cathédrale Saint-Menas à Héraklion, le jour même de la Pentecôte, célébrée le 19 juin selon le calendrier orthodoxe.
1229 ans sans concile
L’encyclique note que cet événement sera la réalisation d’une décision prise il y a plus de 50 ans. En effet, peu de temps après l’annonce du Concile Vatican II par le pape Jean XXIII, en janvier 1959, le patriarche Athénagoras de Constantinople exprima le désir d’œuvrer pour un concile orthodoxe correspondant, dans le but principal d’approfondir l’unité entre les Églises orthodoxes et d’adopter une position commune dans les relations avec l’Église catholique. Une série de conférences préparatoires se sont réunies au cours des années suivantes. Ces réunions ont été très fructueuses pour l’unité orthodoxe, mais divers problèmes avaient toujours empêché la tenue du concile lui-même. Maintenant le moment semble venu pour l’Église orthodoxe de faire un premier pas officiel, décisif et historique, étant donné qu’elle n’a pas connu de concile de dimension pan-orthodoxe depuis le septième concile œcuménique en 787. Toutefois, les orthodoxes ne donneront pas à ce nouveau concile le qualificatif “œcuménique”, parce que l’Église d’Occident n’en fera pas partie.
Au cours de la préparation, une longue liste de sujets à traiter a été dressée, couvrant tous les domaines de la vie de l’Orthodoxie. Au fil des années on a dû cependant réduire progressivement leur nombre, afin de ne pas retarder indéfiniment le concile. Pour la réunion de juin 2016, six sujets ont été retenus : la mission de l’Orthodoxie dans le monde contemporain, la diaspora orthodoxe, l’autonomie et la manière de la proclamer, le sacrement du mariage et ses empêchements, la signification du jeûne et son application aujourd’hui, les relations de l’Église orthodoxe avec le reste du monde chrétien. D’autres sujets sont renvoyés à plus tard, faute de consentement, en particulier la proclamation de l’autocéphalie et la question d’un calendrier commun. Cette dernière question est importante d’abord pour l’unité orthodoxe, mais elle concerne aussi l’unification de la date de Pâques, un désir très vif de beaucoup, en particulier au Moyen-Orient. Certaines Églises orthodoxes ne sont pas prêtes à aborder cette question maintenant.
Pour l’Église orthodoxe, la première importance de ce concile, c’est de parler d’une seule voix, de donner un témoignage d’unité. C’est pourquoi, il a été jugé nécessaire d’obtenir auparavant l’accord des chefs des Églises locales sur les sujets à traiter. C’est un pas en avant humble, mais très significatif. L’encyclique de Constantinople reconnaît que le Saint Concile se concentrera en premier lieu sur la vie interne de l’Église orthodoxe, parce qu’elle “doit d’abord résoudre ses questions internes avant de s’adresser au monde”. L’unité orthodoxe est bien sûr d’un grand intérêt pour les catholiques, car les difficultés de relations entre Églises orthodoxes constituent un obstacle sérieux au dialogue théologique et au témoignage commun des catholiques et des orthodoxes dans le monde actuel. L’encyclique le confirme : “L’unité de l’Église doit servir d’exemple d’unité pour une humanité déchirée par les divisions et les conflits”.
Il y a donc lieu pour les catholiques de se réjouir de la convocation de ce Saint et Grand Concile et de le porter dans la prière personnelle et communautaire.