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Les armes se taisent au Yémen, terre de réfugiés

Laura Silvia Battaglia
28 avril 2016
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S’il se maintient, le cessez-le-feu entré en vigueur le 10 avril au Yémen pourrait mettre fin à la guerre qui a ravagé le pays pendant plus d'un an. Et qui a transformé le pays en une terre de réfugiés.


Le cessez-le-feu qui est entré en vigueur le 10 avril dernier pourrait sonner, même si la route est encore longue, la fin d’une terrible guerre qui a dévasté le Yémen pendant un an et un mois. Les pourparlers au Koweït, qui ont impliqué le gouvernement officiel du président Abe Rabou Mansour Hadi et ses alliés du Conseil de Coopération du Golfe (Arabie Saoudite comprise) d’une part, et les rebelles Houthis avec leur principal allié ancien président du Yémen, Ali Abdullah Saleh, devraient passer à l’étape suivante. Cela comprendrait : des sanctions, que les Houthis rejettent, exigées par les Nations Unies à l’encontre de Saleh ; le désarmement de toutes les parties au conflit ; la gouvernance et la subdivision du pays, fédéré en six provinces ou, plus vraisemblablement, divisé en nord et sud Yémen.

Dans tous les cas de figure, la population peut momentanément pousser un soupir de soulagement, dans l’espoir que le cessez le feu sera bien réel et respecté par tous. Au-delà des 7 000 victimes et des 11 000 blessés, une attention particulière devra être portée à la situation des réfugiés, que ce soit à l’intérieur des frontières où à l’extérieur avec les émigrants et immigrants. Cela semble à peine croyable, mais selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), en 2015, alors que la guerre débutait, ce sont 92 000 migrants qui ont rejoint le Yémen par la mer.

Ce chiffre est l’un des plus élevés de la dernière décennie. Se cache derrière une raison bien concrète : le Yémen est le seul pays de la péninsule arabique à avoir signé la Convention des Nations Unies de 1951 sur les réfugiés et le protocole de 1967, approuvé par 139 autres nations, reconnaissant le statut de réfugié et garantissant, de fait, une aide et des droits sociaux aux réfugiés en demande de protection et d’asile.

Déjà en 2013, le président Hadi affirmait que se trouvaient dans le pays quelques deux millions de réfugiés, y compris des centaines de Syriens. Selon les données disponibles à l’Organisation Internationale pour les migrations (OIM) et le HCR, il s’agit certes d’une exagération, mais il ne fait aucun doute, par exemple, que le camp de réfugiés de Kharaz, au sud du Yémen (situé à 36 kilomètres d’Aden) héberge 17 000 Somaliens en fuite (ainsi que des réfugiés d’autres nationalités) dans un espace de 1 500 m² où les températures atteignent facilement les 50 degrés.

Les réfugiés somaliens qui parviennent à atteindre la capitale Sanaa s’installent habituellement dans des quartiers distincts où ils ont bon espoir de survivre sans avoir à mendier car employés à des emplois subalternes : les hommes nettoient des voitures pour deux dollars par service ; les femmes en femme de ménage arrivent à gagner 200 $ par mois. Certains portent aussi l’espoir de passer illégalement en Arabie Saoudite.

Cela explique pourquoi les migrants – pour la plupart Somaliens – n’ont pas quitté le Yémen en dépit de la guerre, le pays est même de plus en plus perçu comme une option possible. Le pire danger pour les réfugiés somaliens, jusqu’à présent, a été le recrutement forcé dans les rangs des combattants Houthi, lorsque les rebelles avaient besoin de renforcer leurs lignes avec d’autres hommes. Cependant, l’année dernière, le Yémen a également perdu nombre de ses ressortissants. Plus de 173 000 Yéménites auraient fui le pays et se seraient déplacés vers les pays voisins : 51 000 à Oman, 40 000 en Arabie Saoudite, 33 000 à Djibouti, 32 000 en Somalie, 11 000 en Éthiopie et 6 000 au Soudan. Les conditions des réfugiés yéménites en Somalie, à Djibouti et en Erythrée sont très difficiles. En particulier à Djibouti où 33. 000 d’entre eux sont logés dans un camp rudimentaire infesté par les hyènes et les chacals, sous un soleil de plomb.

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